Halte au massacre des arbres d’alignement

Écrit par : Elmostafa Lekhiar et Hadj Abdelmajid Nejdi

Les Azemmouris sont choqués devant cet acte barbare par lequel on s’acharne rageusement sur les arbres de toutes espèces qui ont mis des années et des années à grandir et qu’on s’amuse maintenant au vu et au su d’une « Azemmour » indignée à massacrer sauvagement à coup de tronçonneuse.

Les supermans de la municipalité, devenus subitement des terminators, ont décidés d’élaguer les arbres de l’avenue Mohammed V des deux côtés de l’avenue.

Cet espace arboré a été totalement défiguré. Alors que la demande concernant l’élaguage, le débroussement et l’enlèvement du bois mort qui menace de tomber. 

La légèreté, avec laquelle cette intervention a été réalisée, est très dommageable pour cet espace.

Aujourd’hui le patrimoine végétal de a ville d’Azemmour s’est transformé en cimetière d’arbres, agonisants sans vie, dénudés et érigés tels des poteaux.

Au fil du temps, de nombreux arbres de la ville finissent sous un simple feu de bois pour devenir des cendres, dont malheureusement, ils ne renaîtront jamais.

L’abattage de ces arbres en alignement a été rendue possible par une décision incongrue, sous prétexte de mise en œuvre du projet de requalification du centre-ville. Et ce, à cause des failles dans la loi sur la biodiversité. Car ce plan d’urbanisme fait l’impasse sur l’écologie.

Ainsi, à l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique, de la prise de conscience de l’intérêt des arbres dans l’atténuation de ces effets (ombrage, absorption du CO2…), de la végétalisation des villes, la municipalité d’Azemmour a pris la décision d’abattre ces arbres en alignement. Une décision incompréhensible pour la majorité de la population.

Pour abattre ces arbres, on stipule que bien que cet alignement soit historique et avec un impact paysager important, il est préférable de le remplacer dans le cadre du réaménagement de la ville. Or, on a ignoré qu’à une époque où l’on sait que la meilleure méthode pour lutter contre la pollution, les inondations, les bouleversements climatiques est de planter, il y a de quoi se poser beaucoup de questions. Alors pourquoi vouloir les couper et prendre une décision incompréhensible qui va à l’encontre de la loi qui protège les alignements d’arbres? Le président du conseil municipal semble pouvoir y déroger.

De toute évidence, cette loi ne protège pas réellement les alignements d’arbres car elle comporte des dérogations permettant de la contourner. Azemmour n’est pas un cas isolé, disent les arboristes sur le terrain : Allez voir Casablanca, El Jadida, Safi…

L’arbre n’est pas un simple élément décoratif

Boulevards plantés, création de parcs et de squares, les XVIIIe et XIXe siècles, timidement, accueillent l’arbre dans les villes. Ils expriment la nature qui manque tant aux citadins. La prolifération des automobiles et l’aggravation des nuisances industrielles, un siècle plus tard, activent la sensibilité écologique qui trouve dans l’urbanisme végétal un moyen d’en contrer leurs méfaits. L’arbre n’est pas qu’un faiseur d’ombre, il invite à la rêverie et porte fièrement le récit de nombreuses légendes et croyances, n’en faisons pas un simple élément décoratif au même titre qu’un kiosque ou une borne interactive ou un puits à carbone…

 

Tout arbre comprend des racines, un tronc et une ramure. L’on constate trois systèmes d’enracinement (pivotant, oblique, traçant), selon les qualités du sol, le rapport entre la taille des racines et celle de l’arbre, sa capacité à contenir et réguler l’eau. La ramure ou « houppier », ou encore « couronne », recherche la lumière du soleil (héliotropisme positif) pour croître, aussi ne doit-il pas subir l’ombre des voisins. Les poussières urbaines sont nocives, les courants d’air nuisibles, les intempéries (neige, froid, vent...) néfastes, tout arbre recherche le calme propice à sa sérénité, qu’il transmet aux humains. Platanes, marronniers, acacias, arbousiers, tilleuls, sophoras, frênes, peupliers, paulownias, érables, chênes, charmes, ormes, figuiers, pins, palmiers, magnolias, sycomores, lilas, virgiliers, frênes, bouleaux, tulipiers, sumacs de Virginie, alisiers, cerisiers du Japon, saules pleureurs, cyprès d’Italie, et quelques autres, nous enchantent dans les parcs et le long des rues et des boulevards, qu’ils en soient remerciés, infiniment. Alors, halte au massacre des arbres d’alignement et protégeons notre patrimoine végétal !