Plusieurs articles ont paru dans la presse locale et nationale dénonçant ces comportements irresponsables et ce mépris pour la ville privée de son théâtre. Mais la politique de langue de bois pratiquée par les responsables démontre qu’ils ne reconnaissent pas à la culture ses vertus et ne songent jamais à un grand projet culturel et artistique fédérateur, à partir du patrimoine local tout en plaçant le citoyen au cœur du processus.
Ainsi, le développement de la ville et de la vie culturelle et artistique ne figurent guère parmi les préoccupations des responsables. Cependant, ils doivent prendre conscience des enjeux de l’encadrement de la culture sans la verrouiller et la politiser, et sans oublier que l’art et la culture sont notre crédo pour renforcer un Maroc solidaire et moderne. Des preuves ?
Allez voir ces désœuvrés qui boivent ostensiblement leur litre de rouge, ces connards qui pissent sans se soucier où et devant qui en plein-centre de la ville. Ces insoucieux de leurs actes font leurs besoins tout autour du théâtre Mohammed Saïd Afifi. Quant aux issus de secours de ce temple du savoir et du partage, qui sont squatté par les ivrognes, ils se sont transformés en un coin asphyxiant par les odeurs des urines. Ce théâtre a une âme et cette âme a un nom : « culture et art » ! Cette institution culturelle de la capitale des Doukkala souffre depuis des années des dysfonctionnements de la politique locale. À tel point que les hommes de la culture et de l’art se disent délaissés par les décideurs de la ville, tous niveaux confondus.
Car il paraît que ces décideurs n’ont pas fait de la culture, du patrimoine et de l’art une de leurs priorités. On ne peut pas dire que ce désintérêt vient du public, au contraire. Cela vient vraiment de décideurs, d’hommes politiques qui ne sont visiblement pas éclairés par le patrimoine, les arts et la culture.
Mais ce théâtre, qui a une force humaniste qui galvanise tous ceux qui y passent, se bat et se battra jusqu’au bout pour qu’enfin souffle sur cette ville qu’est El Jadida, un nouvel élan. Les braises sont là, il faut seulement les attiser.
De toute façon, les gérants de la ville et même de la province sont cloîtrés dans leur tour d’ivoire, indifférents au sort réservé de la ville ou de la province et sont dans l’incapacité d’envisager une quelconque alternative. Cela ne veut pas dire que les Jdidis en particulier et les Doukkalis en général n’accordent pas une place essentielle au patrimoine, à l’art et à la culture.
Dans ce contexte, tous les intervenants du monde culturel et artistique à El Jadida restent optimistes quant à la participation active du public, lequel s’intéresse au patrimoine, à la culture et l’art. Bon nombre d’artistes nous ont expliqué : « Nous ne condamnons pas le public. Les gens s’intéressent à la culture en général et particulièrement au théâtre et à la musique. Quand vous allez aux différentes manifestations, vous êtes étonnés de voir du monde. Cela vous permet de jauger l’attachement des Doukkalis et des Jdidis au patrimoine, à la culture et à l’art contrairement, à ce que les mauvaises langues racontent ».
Et, en dépit des louables efforts consentis jusqu’à ce jour par la direction de la culture et de l’association provinciale des affaires culturelles en faveur de leur secteur, malgré leur moyen très limité, rien n’indique une réelle prise en compte par les pouvoirs publics, les décideurs de la ville ou de la province qui ne définissent pas d’objectifs en matière de culture et ne donnent pas non plus les moyens qu’il faut pour que les hommes de la culture et de l’art puissent travailler pour promouvoir la dynamique patrimoniale, artistique et culturelle du territoire Doukkali. Au contraire, les autorités et les élus se contentent simplement de couper les rubans symboliques lors de certains évènements. Mais quelles sont les orientations proprement Doukkalies ou Jdidies ? Quelles sont les priorités pour la culture et le patrimoine Doukkalis ?
Les productions artistiques et culturelles contribuent à l’éducation populaire ; raison pour laquelle les gérants de la ville et de la province doivent financer la culture et l’art. Aujourd’hui, on se plaint à tout-va de la dépravation juvénile et de « tcharmil et tchamkir », mais qu’est-ce qui peut changer cette mentalité, sinon les productions artistiques et culturelles. C’est ce que les jeunes consomment pour leur esprit qui peut améliorer leur comportement. Et tant qu’on n’aura pas compris cela, on ne donnera rien au patrimoine, à la culture et à l’art.
Voilà pourquoi le secteur de la culture et de l’art à El Jadida et au Doukkala peine à faire son chemin. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Au regard des réalités sur le terrain, il y a fort à parier que ce secteur est abandonné. Il semble que le patrimoine, la culture et l’art sont souvent le parent pauvre alors qu’ils permettent de rassembler les gens et favorisent le vivre ensemble Et ce même si certains intervenants dans le monde culturel et artistique consentent beaucoup d’efforts louables pour oxygéner tant soit peu ce que l’on considère comme l’âme du peuple du fait qu’elle donne une orientation à la vie individuelle et collective. Car malgré le manque de moyens contre lequel ils sont butés, ces intervenants ne manquent pas d’idées pour la promotion du patrimoine, de la culture et l’art dans les Doukkala.
Messieurs les décideurs et gérants de la province et de la ville d’El Jadida, la culture est devenue une forte composante du projet urbain. Après avoir été identifiée, d’abord dans les années 1960-70, comme un moyen de démocratisation favorisant le lien social, ainsi qu’une ouverture et une éducation pour tous, elle est associée, depuis les années 80, à la qualité de la vie urbaine et au développement économique d’un territoire. De ce fait, la ville d’El Jadida et même la province doivent proposer une politique d’action culturelle et artistique riche sur l’ensemble de leur territoire. Elles doivent porter leur attention sur les aspects de création artistique et culturelle. Elles doivent aussi prendre soin également de traiter les questions d’accès à la culture et l’art. C’est pourquoi elles doivent à tout prix élaborer une stratégie de redéveloppement de leur intervention sur le plan culturel et artistique. Il s’agit d’adopter une ligne directrice pour la politique culturelle et artistique qui soit en cohérence avec la richesse patrimoniale, artistique et culturelle des Doukkala et un positionnement stratégique pertinent, lisible et efficace, au sein d’un environnement urbain qui doit être fortement impliqué culturellement et artistiquement.