Selon Laurent Vidal, auteur du livre « Mazagão, la ville qui traversa l’Atlantique : du Maroc à l’Amazonie ». Il s’avère qu’étant harcelés par les attaques des autochtones, les portugais se plaignent sans arrêt à la Couronne. Une situation qui va devenir intenable avec le siège de 1769, car les 2000 Portugais réfugiés derrière la forteresse, affamés, assoiffés, ne peuvent plus tenir face aux 120 000 soldats arabes et berbères qui se sont installés au pied des remparts.
C’est à ce moment là que la décision de déplacer les occupants portugais de la ville de Mazagão, (Actuelle El Jadida) ainsi que les richesses qu’ils y ont accumulées, est prise par Joseph Ier Emmanuel dit Joseph le Réformateur. Comme, de l’autre côté de l’Atlantique, le Portugal a commencé la colonisation de l’Amazonie, la destination de ses protégés est toute trouvée. La Nova Mazagão, sur le fleuve Amazone, est appelée à devenir la nouvelle perle de l’Empire. L’auteur raconte que ce déplacement des populations correspond à une véritable odyssée. Avec l’embarquement des familles, les Portugais emportent notamment les objets de culte et les livres de l’administration.
Aussi peut-on lire dans l’ouvrage de José Manuel Azevedo e Silva « Mazagão. Uma cidade luso-marroquina deportada para a Amazónia » que le 11 mars 1769, les 2092 habitants qui constituent la présence portugaise dans la région sont embarqués pour un périple qui va durer près de deux ans. Pragmatique, l’administration centrale brûle tout ce qui peut l’être et jette les canons à la mer. Le déménagement se fait en deux phases avec une escale de six mois à Lisbonne. À Belem, c’est une nouvelle escale de plusieurs années qui attend des voyageurs particulièrement fatigués. Ils fondent alors Nova Mazagão, sur l’embouchure du grand fleuve. Aujourd’hui encore, chaque année, au Brésil, les “descendants” des Mazaganistes célèbrent, lors de la Sao Tiago (Saint Jacques), les luttes de leurs ancêtres chrétiens contre les Maures.
Ainsi donc, le documentaire en question peut répondre à nombre de questionnements dont font appel, les générations d’aujourd’hui qui continuent à commémorer chaque année cet événement.
En résumé, le film en question dont les séquences ont déjà commencé à Mazagão Velho traite de la vie d’un homme et d’une femme nés en Mazagão, dont leur origine et leur vie restent profondément entrelacées avec l’immigration et son héritage. Il s’agit du professeur d’histoire Josiane Brito, 29 ans, et du fermier Jozue Videira, 48 ans, qui ont été choisis par le réalisateur pour représenter les porteurs de l’histoire du Mazagão Velho, Dans ce documentaire.
Selon le cinéaste, l’un des buts du voyage effectué par Josiane et Jozue à Mazagan où ils ont séjourné, pleins d’émotions, durant quatre jours, était pour eux d’écouter l’autre version de l’histoire, celle qui appartient aux Arabes musulmans. Qu’est-il vraiment arrivé autrefois, pour que les Portugais aient fui le Maroc après avoir perdu le contrôle de la région, s’interroge le cinéaste ?
À noter, que ce film est prévu pour être terminé avant la fin d’Octobre et sera projeté, dans les chaînes de télévision publiques au Brésil.