L’homme en question n’est autre  que Baker Lemseffer, ce personnage Jdidi de grande culture qui a choisi de faire de l’humilité et la discrétion ses règles d’or sans pour autant se départir de ses engagements et de ses principes de marocain et fier de l’être.

C’est donc à l’occasion de la tenue de la 2ème édition du Festival théâtral  International la citerne d’El Jadida Qui aura lieu prochainement et suite à sa sollicitation par les Jdidis Hadj Abdelmajid Nejdi, Elmostafa Lekhiar et Ahmed Chahid ainsi que l’Association théâtrale et culturelle “Masque bleu” que cette sommité  aura à être honoré par sa ville natale, El Jadida/Mazagan, qui lui doit bien ce regard des plus symboliques. Un regard qui reste beaucoup plus qu’une louable initiative dont on fait souvent preuve pour saluer les mérites des hommes d’exception.

L’éloge qui sied à cette haute personnalité qu’est Baker Lemseffer est à la fois un élan de cœur envers un Jdidi qui a représenté dignement sa ville et son pays  dans le concert des nations, un insigne de respect pour un homme de grande culture et un diplomate-né, une prosternation de reconnaissance envers un nationaliste qui s’est imprégné dès son jeune âge des valeurs du courage et du militantisme que ce soit auprès de son père que dans les rangs du mouvement National et qui a reçu sa première instruction dans la maison de Si Abderrahmane Lemseffer, fief du nationalisme dans les Doukkala.

Contrairement aux forts en thèmes, qui courbent l’échine quand il faut croiser le fer, lui, il avait le courage de ses opinions et osait défier les vendeurs de chimères, au prix de sa vie et de toutes sortes d’épreuves, et ce, pour l’image de marque de son pays. Non pas par des discours insipides auxquels personne ne croit, mais par son courage et sa clairvoyance.

Malgré la répression coloniale, Baker Lemseffer poursuivra par la suite son parcours de lutte pour l’indépendance du Maroc et le recouvrement de sa souveraineté nationale.

Après l’indépendance, Baker prendra part à l’édification des institutions de l’Etat Marocain à travers les missions et les responsabilités qu’il avait à assumer, dont celle de responsable de programmation, production et réalisation de la télévision marocaine à ses débuts, d’attaché au cabinet du ministère de la communication du tourisme et des beaux-arts, de directeur-adjoint au Théâtre Mohammed V de Rabat, de directeur du tourisme marocain dans plusieurs pays dont notamment l’Espagne, le Danemark, le Japon, les USA et les Emirats Arabes Unis,  de directeur du bureau de Chicago au centre culturel du Maroc. Il est de même l’instigateur du jumelage entre Chicago et Casablanca…

Somme toute, Baker Lemseffer a donné le meilleur de lui-même pour que soit fondé un état moderne et a représenté le Maroc de la manière la plus appropriée dans le concert des nations.

Il représente aussi ce penseur unique en son genre ayant participé à la prise de conscience du peuple contre le colonialisme, que ce soit en sa qualité d’étudiant, d’homme de théâtre, de professionnel des médias,  de connaisseur politique ou de diplomate chevronné.

Et, rare sont ceux qui savent que Baker Lemseffer est l’un des premiers fondateurs du Théâtre Jdidi. En 1946, l’Association théâtrale d’El Jadida a pu produire sur la scène du théâtre sa pièce intitulée « La suppression d’El Amine », mise en scène par Driss Lemseffer. Baker, très jeune, était l’un des comédiens qui ont brillé lors de la représentation de cette pièce qui a été présentée, le 14 Mars 1946, devant S.M. Le Roi Feu Mohammed V et tous les membres de la Glorieuse Famille Royale au palais royal à Casablanca.