La seconde édition du salon régional de l’artisanat et de la Kharqua Saïssiya, qui s’est tenu 15, 16 et 17 avril 2016, à  la commune rurale de Zaouiet Sebt Saïss, a drainé la grande foule où des familles se sont déplacées pour se réhabiliter avec le patrimoine régional à savoir la kharka (étoffe) et la djellaba Saïssiya. Cela a aussi engendré un  engouement et suscité de l’intérêt chez les Sayssis, surtout avec l’animation artistique et la fantasia (Tbourida).

En effet, plus de 40 exposants de plusieurs régions et plusieurs représentants des chambres d’artisanat et d’associations activant dans le domaine de développement de l’artisanat, en plus d’artisans handicapés, ont pris part à cette manifestation.

Ce salon se veut un espace dédié à la valorisation et la commercialisation des produits locaux et à la mise en valeur des spécificités et de l’originalité de la kharka (étoffe) et la djellaba Saïssiya comme produits artisanaux locaux, et vise à promouvoir le secteur du tissage Saïssi et son rôle dans le développement régional, une opportunité pour nouer des relations amicales, fraternelles et d’affaires entre les exposants et artisans de la province et ceux venus d’autres régions.

Selon Mouâd El Jamaï, gouverneur de la province d’El Jadida cet «évènement se veut aussi une opportunité pour contribuer à la promotion du produit artisanal local et régional et réunir les gens du métier afin de connaître leurs attentes et essayer de trouver des solutions aux problèmes du secteur et a constitué une occasion pour connaître les besoins du marché et l’échange d’expériences entre les professionnels du secteur». Quant à Farouk El Madani, président de la Chambre d’Artisanat de Casablanca-Settat, il a insisté sur la nécessité de préserver ces habits traditionnels, Djellaba Saïssiya, faisant partie du patrimoine et qui ont tendance à disparaître devant les nouvelles modes vestimentaires. Il a aussi souligné que cette rencontre a pour objectifs de mettre en valeur la Kharka Saïssiya afin de la préserver.

Le visiteur était convié à travers les différents stands à apprécier toute une variété  de produits de poterie, de bois, de vannerie, de verrerie, de cuivre, de maroquinerie, de tissage, de broderie et de tapisserie, ainsi que des bijoux traditionnels, des habits traditionnels et des produits de l’agroalimentaire du terroir comme le miel, berkoukech et le couscous.

 

Les trois journées se sont avérées insuffisantes pour les visiteurs, surtout venus des grandes villes, de visiter les stands. C’est ainsi que plusieurs d’entre eux nous ont indiqué qu’ils n’ont pas pu découvrir Zaouiet Sebt Saïss comme région profonde et diversifiée, faute de temps. Mais nombreux sont ceux qui ont considéré cette manifestation comme une occasion d’encourager la Kharqua et Saïssiya comme un héritage et non un métier et un évènement de se remémorer un passé partagée par nos mères, grand mères et aussi nos pères.

Ainsi, le stand de la Kharqua et djellaba Saïssiya a été le plus en vue, à cause de sa notoriété et pour sa création artistique où une vieille mâlma Saïssiya (femme artisane de Saïss), avec un beau sourire sincère, se donnait à cœur joie pour expliquer les différentes étapes de tissage et les laines utilisées.

Les origines de l’étoffe «Kharqua Saïssiya», dont l’appellation se confond avec celle de la Zaouiet Saïss qui est un centre spirituel, remontent très loin dans le temps. Au début, l’étoffe était tissée exclusivement à partir de la laine. Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle que la soie pure a été introduite dans le tissage de cette étoffe sous la direction du Saint Moulay Abdallah Ben Hssaïn El Mghari. La qualité du tissage a été de ce fait développée pour concurrencer les tissus importés et commercialisés à l’époque par des commerçants portugais. L’originalité de la «Kharqua Saïssiya» émane de la manière avec laquelle est préparée la laine utilisée dans le tissage et de son mixage avec les fils de soie. Ce qui donne lieu à un travail artistique et un tissu ravissant d’une extrême finesse. Pour les femmes saïssies, le tissage est un héritage légué de mère à fille.

C’est aussi un savoir-faire et un secret que les femmes de cette région ont conservé durant des siècles. Et c’est là où réside le secret de la sélection de la peau lainée, du lavage de la laine brute, du délainage, peignage, filage, lavage des écheveaux, blanchiment, renvidage et dévidage du fil et de l’ourdissage. À noter que le tissage de l’étoffe est exécuté sur un métier à tisser en bois et que deux tisseuses s’entraident pour la fabrication de la kharka durant 15 jours à raison de 8 heures de travail par jour.

Soulignons à la fin que la cérémonie d’ouverture de cette édition s’est déroulée en présence notamment de Mouâd El Jamaï, gouverneur de la province d’El Jadida, de Farouk El Madani, président de la Chambre d’Artisanat de Casablanca-Settat des autorités judiciaires et locales, des chefs de services extérieurs, des élus et plusieurs représentants des chambres d’artisanat et d’associations activant dans le domaine de développement de l’artisanat.