À l’ouverture de cette rencontre, l’assistance a observé une minute de silence et lu la Fatiha pour le repos de l’âme de feu Hadj Driss Lemseffer et feu Bouchta El Jamaï qui ont contribué à la sauvegarde de ce patrimoine universel, la musique andalouse.
Le coup d’envoi de la soirée est donné par les musiciens et chanteurs des trois associations de musique andalouse des pays du Maghreb (Orchestre Maghrébin de Musiques Andalouses). Il s’agit des Tunisiens de Chabab Monastir, des Marocains de Dar El Ala Casablanca, et enfin des Algériens de Dar El Gharnatia de Koléa. La scène était occupée par une troupe mixte composée de plus d’une quarantaine d’artistes vêtus de différentes tenues traditionnelles aux magnifiques couleurs.
Le répertoire a été magistralement exécuté par les membres des 3 associations, ne laissant pas les femmes et les hommes mélomanes indifférents. Le parterre était à chaque fois envahi par des fans qui dansaient. Applaudissements et youyous fusaient de l’assistance. Mahmoud Frieh (Chabab Monastir) ; Mohamed Chérif Saoudi (Dar El Gharnatia) et Brahim Chérif El Ouazane (Dar El Ala), un remarquable trio de maestros complices qui se régalaient et régalaient les présents en cette soirée sur la scène, tout en exécutant les partitions musicales afin d’harmoniser les chants et les airs musicaux d’une manière professionnelle.
Cet ensemble maghrébin a pu, par sa magnifique prestation d’une belle nouba et des « iklabates » variés, ainsi qu’avec ses solistes dans des tours de chants inédits mettant en valeur les variantes mélodiques et rythmiques qui caractérisent le style maghrébin, a impressionné par son tour de chants exceptionnels. Chapeau bas pour l’Orchestre Maghrébin de Musiques Andalouses qui a su donner naissance à une ambiance des plus entraînantes.
Durant près de plus de deux heures, les voix du Maghreb se sont confondues dans l’harmonie du langage universel de la musique, renforçant les liens entre les peuples Marocain, Tunisien et Algérien et montrant la voie pour un Maghreb fort et uni.
La diva Tétouanaise de la musique arabo-andalouse, Abir El Abed, n’est pas passée inaperçue, lors de cette soirée. Avec son charme et sa prestance, elle a démontré qu’elle était en train de révolutionner la chanson andalouse. En plus de sa voix exceptionnelle, elle a prouvé qu’elle marquait de son empreinte la musique andalouse, grâce à la force de son interprétation.
Youyous et claquements de mains ont fusé dans la salle, saluant la maestria remarquable de cette grande mounchida.
Cette rencontre a été marquée aussi par un hommage rendu par le Conseil Provincial d’El Jadida à Mouâad El Jamaï, président fondateur d’Andalussyat et fervent homme de culture simple et humain. Un geste hautement apprécié par les amis de Mouâad El Jamaï et le public présent.
Le samedi 10 décembre 2016, à partir de 16 h, une conférence scientifique, sur le thème « Fédérer le travail des associations de musique andalouse : intérêts et perspectives » a été organisée dans la salle de conférence d’un grand palace d’El Jadida. Cette conférence a été majestueusement animée par André Azoulay, Mouaâd Jamaï et Abdellah Cherif Ouazzani.
Et, lors de la soirée de clôture du festival, le légendaire Abdou Cherif, accompagné par l’orchestre Al Nagham Addahabiy, a été l’invité d’honneur pour un moment unique dédié à la musique andalouse. Le concert s’est très vite transformé en une grande fête durant laquelle le rossignol marocain a interprété plusieurs chansons avec toute la technique et la sensibilité qu’elles requièrent. L’orchestre marocain virtuose Al Nagham Addahabiy, sous la direction du grand maestro Aziz El Achhab, et qui a suivi le rossignol marocain, Abdou Cherif, n’a pas manqué le rendez-vous donné par celui-ci, pour offrir un beau spectacle.
Durant la deuxième partie de la soirée de clôture d’Andalussyat 2016, des artistes renommés se sont produits pour des concerts exceptionnels avec des grands maîtres tels que Mohames Ebriouel avec l’orchestre Abdelkrim Raïss, Abdelfettah Bennis et Aziz Alaoui Chentoufi.
Un autre fait important a marqué cette soirée de clôture du festival Andalussyat 2016, celui du fervent hommage rendu au rossignol marocain et chanteur virtuose, Abdou Cherif, en récompense de son apport artistique à la chanson marocaine et arabe.
À noter que le Festival Internationales des Musiques Andalouses « Andalussyat 2016 » a été également marquée par le vibrant hommage rendu au Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, André Azoulay qui a déployé tant d’efforts pour la sauvegarde de la musique andalouse ainsi que les musiques traditionnelles, en particulier gnaoua, musique dont les racines africaines sont évidentes. André Azoulay, fervent défenseur de la diversité culturelle et linguistique au Maroc, est bien connu pour sa contribution pour donner de réelles chances à une paix juste et durable au Moyen-Orient et pour les nombreuses initiatives d’approfondissement de la réconciliation entre juifs et musulmans.
Nous pouvons donc affirmer que l’édition de cette année a tenu toutes ses promesses. L’une de ces promesses est que l’Association des amateurs de la Musique Andalouse du Maroc (AAMAM) progresse sur la même ligne avec laquelle elle a commencé ce festival. L’édition 2016 a vibré, à Rabat et à Casablanca aux rythmes de l’esprit d’Afrique et a fait revivre cette union des cultures en perpétuant un esprit de tolérance et d’ouverture. Et c’est la première fois que la musique andalouse s’est ouverte sur l’un de ses affluents, la musique africaine.
Et ce selon la Vision et la politique vis-à-vis de l’Afrique mise en œuvre par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le glorifie.
Ainsi, le programme de cette 13e édition a été riche d’artistes de la scène africaine, de Ablay Cissoko, auteur-compositeur et musicien sénégalais, à Pidjob, auteur-compositeur-interprète camerounais établi en France.
Selon Mouâad Jamaï, président d’honneur-fondateur d’Andalussyat et gouverneur de la province d’El Jadida, « l’objectif de cette manifestation est de valoriser, de promouvoir la Musique Andalouse et de la pérenniser. Car cette musique est issue du peuple marocain qui a su préserver ainsi son patrimoine. Andalussyat constitue aussi cette année un espace de dialogue entre les cultures maghrébine et africaine dans le but de renforcer la multiculturalité du Maroc … ».
Préservation du patrimoine national
L’Association des Amateurs de la Musique Andalouse du Maroc (A.A.M.A.M), créée dès 1958, peut être fière du travail accompli. Car elle peut se targuer d’avoir organisé treize éditions d’un festival qui a drainé plus de 300 000 mélomanes et d’avoir fondé le Musée de la Musique Andalouse de Fès ainsi que Dar Al Ala à Casablanca. En plus, l’association a eu la nette conviction, dès sa création, de s’ouvrir à la fois sur la jeunesse et sur d’autres couleurs musicales proches du répertoire andalou telles que le flamenco, le fado, la musique africaine et d’autres encore. Et ce, sans oublier l’important travail de vulgarisation destiné aux jeunes, par le biais notamment d’un portail Internet très documenté : la-musique-andalouse.com et la préservation de cet art séculaire à travers plus de 180 heures de précieux enregistrements. Mais, il faut avouer qu’il reste beaucoup de choses à accomplir comme l’inscription de la musique andalouse, notre musique Al Alla, comme patrimoine mondial de l’humanité, la mise en réseau des différentes associations nationales, l’adaptation de cette musique aux modes de vie et d’écoute actuels et la recherche des noubas perdues.
Les grands efforts de l’AAMAM
S’il y a, aujourd’hui, chez nous, un art qui a su se préserver des vicissitudes du temps et de la gabegie des hommes, c’est bel et bien la musique arabo-andalouse dont la pérennité du lustre étonne à bien des égards. Pan entier de notre identité artistique, porté au firmament, des décades durant, par des maîtres absolus du genre, tels que M’hamed Essaouri, Mohammed Ezzahi Berrada, Mohamed Benabdeslam Al Brihi, Mohammed Lamtiri, Haj Abdelkrim Raïs, Moulay Ahmed Loukili, Mohamed Ben Larbi Temsamani, Abdessadek Chekkara, Houcine Belmekki Elhajjam, Haj Abdeslam Mouline, Ahmed Piro…
L’andalou, tel que désigné par ses femmes et ses hommes, est, aujourd’hui, au cœur de la politique culturelle engagée, depuis plus d’un demi-siècle, par l’Association des amateurs de la Musique Andalouse du Maroc (AAMAM), qui, de l’avis de nombreux acteurs de la scène, ne lésine ni sur les moyens ni sur les hommes pour revigorer la place qui lui est sienne, tant au Maroc qu’à l’étranger.
Ces talents en herbe qu’on voit défiler, avec l’art et la manière, à travers les festivals internationaux Andalussyat et autres programmes montés, notamment par l’AAMAM, dont le mérite est d’avoir remis de l’ordre dans une maison qui a été, un moment, sens dessus-dessous. Pas plus loin qu’il y a quelques années, la scène andalouse a été rythmée propulsant sous les feux de la rampe de nombreuses figures qui promettent un avenir encore plus radieux à cette musique qui les a vus grandir. Nous pensons, entre autres Abdelfattah Bennis, Marouane Hajji, Zineb Afilal, Abir El Abed, Fatima Zahra Qortobi…