Cette exposition de photographies qui est proposée à partir d’avril 2014 dans les différentes villes du Maroc où ont œuvré les photographes : Marrakech, Meknès, Fès, Rabat, Casablanca et à El Jadida notamment du 21 mai au 14 juin .
Issues d’un fonds photographique actuellement conservé par le Centre d’Etudes Arabes et le Centre Jacques Berque de Rabat, les images en grande partie inédites qui composent cette exposition nous permettent de voir ou de revoir les splendeurs du patrimoine et des paysages du Maroc dans les années 1950.
Portait d’un pays admiré par des photographes
Réalisées pour la plupart par Jean Belin (photographe installé à Rabat entre 1944 et 1961), par les photographes des anciens studios Souissi de Rabat ou encore par Bernard Rouget installé à Casablanca, ces photographies originales d’époque dressent en noir et blanc un portrait sensible et délicat d’un pays visiblement admiré par des photographes qui se sont attachés à en saisir la beauté et l’harmonie.
Commandées par les services de l’Ambassade de France, qui désirait alors documenter son action sur le territoire marocain, ce choix d’images autour de la thématique du patrimoine naturel et monumental met en évidence les qualités des paysages du Maroc et le rôle de balise joué par les monuments dans leur structuration. Il nous montre aussi combien la photographie a pu en imprégner les représentations mentales.
Devenues les véritables archives visuelles du monde, les photographies, au travers du fantasme documentaire, la question de leur propre statut. Documents pour l’histoire, objets évidents du devoir de mémoire, garanties prises contre l’oubli pour reprendre la trilogie chère à Paul Ricœur, les photographies apparaissent encore dans l’énonciation du « ça a été pour pouvoir être » de Roland Barthes, comme une source fascinante, une preuve, un miroir du temps qui porte en lui ses propres contradictions.
Car cette notion de document semblant être consubstantielle à la photographie, doit être tenue à distance. Que nous montre en effet une photographie si ce n’est le regard du photographe, déterminé de surcroît par ses propres représentations mentales et culturelles, et qui s’exprime par le choix du cadrage, par le choix du point de vue, et par les multiples variations opérées au tirage des épreuves. Et à bien regarder les images de ces photographes qui sillonnèrent le Maroc dans les années 50, c’est la mise en scène de regards fascinés par la beauté des sites qui nous est proposé de voir.
Reprenant souvent les points de vues de la peinture classique dans la représentation des paysages naturels ou urbains, ces artistes recherchaient peut être au travers de leur contemplation ce que Rainer Maria Rilke écrivait dans ses notes sur le paysage : « Il fallait qu’il fut loin et très différent de nous afin de pouvoir devenir une parabole libératrice pour notre destin » Bernard Millet.