Le jury du prestigieux Prix Goncourt, dont fait partie l’écrivain marocain Taher Ben Jelloun, a dévoilé, jeudi dernier, sa première sélection de 15 romans en lice pour son édition 2014. «Les tribulations du dernier Sijilmassi» de l’écrivain et économiste marocain d’expression française, Fouad Laroui, paru, le 21 août dernier, en France aux Editions Julliard, figure dans la liste des présélectionnés. Laquelle sera élaguée par les jurés, les 7 et 28 octobre prochain, lors de leurs deuxième et troisième sélections, avant de décerner cette distinction glorieuse, le 5 novembre 2014.

Dans «Les tribulations du dernier Sijilmassi», Fouad Laroui raconte l’histoire d’un ingénieur marocain qui du jour au lendemain décide de rompre avec son mode de vie occidentalisé.

Une tentative de retour aux sources semée d’embûches et à l’issue plus qu’incertaine… Dans son style inimitable, Fouad Laroui entraîne le lecteur à la suite de son héros dans une aventure échevelée et picaresque où se dessine en arrière-plan une des grandes interrogations de notre temps : qui saura détruire le mur que des forces obscures sont en train d’ériger entre l’Orient et l’Occident ?

Pour le plus convoité des prix littéraires en France, Fouad Laroui est en compétition avec Adrien Bosc, auteur de « Constellation » (Stock), Kamel Daoud Meursault, auteur de « Contre-enquête » (Actes Sud), Lydie Salvayre avec « Pas pleurer » (Seuil), Joy Sorman et « La peau de l’ours » (Gallimard), Grégoire Delacourt, auteur de « On ne voyait que le bonheur » (JC Lattès), Pauline Dreyfus avec « Ce sont des choses qui arrivent » (Grasset), Gilles Martin-Chauffier avec « La femme qui dit non » (Grasset), Mathias Menegoz, auteur de « Karpathia » (P.O.L), Eric Reinhardt avec « L’amour et les forêts » (Gallimard), Clara Dupont-Monod, auteure de « Le roi disait que j’étais diable » (Grasset), Benoît Duteurtre avec « L’ordinateur du paradis » (Gallimard), David Foenkinos avec « Charlotte » (Gallimard), Emmanuel Ruben, auteur de « La ligne des glaces » (Rivages), et enfin Eric Vuillard auteur de « Tristesse de la terre » (Actes Sud).

Par ailleurs, la première sélection du prix Goncourt compte un absent de taille. En effet, en dépit d’une critique élogieuse de la presse française, nulle trace du nouvel ouvrage d’Emmanuel Carrère, «Le Royaume», parmi les quinze titres retenus.

Invité sur France Inter, l’auteur de ce roman, l’un des évènements de la rentrée littéraire, avec plus de 100.000 exemplaires vendus en une semaine, a reconnu vivre «une drôle d’histoire avec le plus prestigieux prix littéraire français ».

«En 1988, j’en ai eu un (“Hors d’atteinte”) qui était finaliste du Prix Goncourt. Environ vingt-cinq ans plus tard, c’était un livre qui s’appelait “Limonov” (paru en 2011) qui avait été viré en seconde sélection du prix Goncourt et celui-là, il n’est même pas dans la première. (…) Donc, visiblement, mes actions n’ont pas cessé de dégringoler au fil des années auprès de l’Académie Goncourt, je ne sais pas bien pourquoi, mais c’est un fait. (…) Je crois tout simplement que ça traduit le goût (…) de l’Académie Goncourt qui n’aime pas beaucoup ce que j’écris, ce qui, après tout, est son droit le plus strict», a-t-il indiqué.

Il est à rappeler que le dernier Prix Goncourt de la nouvelle a été attribué à Fouad Laroui pour “L’étrange affaire du pantalon de Dassoukine”. Un recueil publié aux Editions Julliard et qui se distingue par un humour mordant et une parfaite maîtrise de la langue.

Ancien élève du lycée Lyautey, ce «nouvelliste qui écrit des romans», comme il se définit lui-même, a fait de brillantes études d’ingénieur à l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées à Paris, avant de revenir au Maroc pour diriger l’usine de phosphate de Khouribga. Mais il quitte rapidement son poste d’ingénieur pour se consacrer à la recherche et à l’enseignement à Paris, Bruxelles, Cambridge et York. Il vit aujourd’hui et enseigne à Amsterdam.

Rappelons que ce natif d’Oujda est l’auteur de plusieurs romans et recueils, dont «Les dents du topographe», «Une année chez les Français» et «Méfiez-vous des parachutistes».

Fouad Laroui est le troisième écrivain marocain à recevoir ce Prix prestigieux. Après Tahar Ben Jelloun, pour son roman «La Nuit sacrée» (1987) et Abdellatif Laâbi, pour l’ensemble de son œuvre poétique (2009).

Le romancier et essayiste marocain s’est vu également décerner, en juillet dernier, la Grande médaille de la Francophonie. Un Prix annuel créé par l’Académie française, destiné à couronner « l’œuvre d’une personne physique francophone qui, dans son pays ou à l’échelle internationale, aura contribué de façon éminente au maintien et à l’illustration de la langue française».

M. Laroui avait déclaré, à l’issue de cette distinction, être très touché par cette récompense qui «honore tous les Marocains». «Elle met en relief la diversité linguistique et artistique d’un pays ouvert à toutes les cultures et à toutes les influences», a-t-il dit. Et de conclure : «Nous devons protéger cette diversité et en être fiers».