El Jadida : Du 30 Mai au 1er  Juin 2014 à la commune rurale

Lekouassem Grande réussite de la deuxième édition du Festival de la Fauconnerie

Le Festival de la Fauconnerie est un symbole de la renaissance d’une tradition ancestrale locale et un hymne au patrimoine universel

                                                                                 

Sous l’égide de la province d’El Jadida, l’Association Provinciale des Affaires Culturelles et l’Association des Fauconniers Lekouassem d’Ouled Frej, en collaboration avec la Direction Régionale de la Culture, ont organisé du 30 Mai au 1er  Juin 2014, la deuxième édition du Festival de  la Fauconnerie dans la Commune rurale de Zaouiat Lekouassem, là où s’implante l’un des dernies bastions de la Fauconnerie du Pays.                                                                                       

Cette manifestation culturelle exceptionnelle, qui s’inscrit sous le thème «La fauconnerie : Tradition ancestrale et patrimoine universel » et qui coïncide avec le troisième anniversaire du classement de la Fauconnerie sur la liste représentative de l’UNESCO en tant que Patrimoine Humain Vivant, s’est articulé autour de deux principaux objectifs. D’une part, elle a tendu à rendre hommage aux anciens fauconniers Lekouassem qui ont su comment conserver les traces d’un héritage séculaire, d’autre part, elle a matérialisé le couronnement des efforts conjugués dont ont fait preuve tous ces soldats de l’ombre qui ont pris le flambeau afin d’amener à bon port cette tradition séculaire qu’on estimait à jamais perdue.

Et en célébrant la renaissance de la fauconnerie dans la Province d’El Jadida, par le biais de ce deuxième festival, les organisateurs, aspiraient à remettre aussi au devant de la scène les autres aspects de ce patrimoine, dont notamment le savoir-faire en matière d’ instruments de chasse, l’habillement traditionnel, la musique, le chant, la dance, l’art culinaire sans pour autant oublier l’incontournable cheval qui faisait autrefois partie intégrante de la chasse au vol.

Ainsi, en veillant à l’organisation de ce deuxième Festival de la Fauconnerie, les initiateurs de cet événement, dont notamment le chercheur en patrimoine populaire Doukkali, Driss Lamrabet, le représentant de la Direction Régionale de la Culture de Doukkala- Abda, Abderrahmane Aress et Mohammed El Ghazouani, président de l’Association des Fauconniers Lekouassems ne se limitaient pas à la production du spectacle, ils se sont bel et bien impliqués dans la réécriture d’une ancienne et belle histoire. L’histoire d’un patrimoine que les nouvelles générations doivent comprendre et s’en enorgueillir, l’histoire d’un fabuleux épisode de notre civilisation que la tribu des Chorfas Lekouassem a pu nous en préserver l’essentiel au détriment de tous les aléas du temps et des risques de l’oubli.

Bien que toujours présente dans l’esprit de l’Association des Fauconniers Lekouassem d’Ouled Frej, en tant que grand rendez-vous incontournable, l’idée d’organiser un festival de la Fauconnerie pouvant impulser une nouvelle dynamique à cette tradition ancestrale, est le fruit de la vision éclairée du Gouverneur de la Province d’El Jadida, monsieur Mouâad El Jamaï.

Saisissant l’importance capitale que revêt ce patrimoine singulier tant pour le développement humain de la zone rurale concernée que pour la promotion touristique de la Région, le gouverneur de la province d’El Jadida n’a pas manqué de passer de l’idée à l’acte en s’impliquant fortement afin de donner corps à cette manifestation exceptionnelle qui harmonise l’Histoire, le patrimoine, la culture et les traditions.

Dans ce contexte, le chercheur en patrimoine populaire Doukkali, Driss Lamrabet a déclaré que « la fauconnerie constitue une part majeure du patrimoine culturel des Chorfas Lekouassems. Elle est profondément enracinée dans la tribu des Lekouassems et transmise de génération en génération. Le 2ème festival de la fauconnerie est une manière  d’honorer les valeurs de loyauté, de courage et de persévérance. Il est aussi un évènement capital, pour Lekouassems en particulier et pour le Maroc en général ». Quant à Mohammed El Ghazouani, président de l’Association des Fauconniers Lekouassems, il a souligné que «  la fauconnerie dans les Doukkala est le socle d’un patrimoine culturel plus large, qui inclut des costumes traditionnels, une alimentation, des chants, de la musique, de la poésie et des danses, autant de coutumes entretenues par les Chorfas Lekouassems. Ce festival vise à préserver la tradition millénaire de la fauconnerie traditionnelle au Maroc, et à sensibiliser les jeunes à cet héritage.

En plus, un grand nombre de nos frères fauconniers venus des Émirats Arabes Unis, de l’Arabie Saoudite, du Koweït, du Qatar ont participé à cet événement car nous avons voulu que le festival de cette année représente une occasion de promouvoir le dialogue et d’élaborer une compréhension mutuelle des cultures des fauconniers arabes grâce à un amour partagé pour la fauconnerie. Et nous allons bientôt conclure, en tant qu’association des Fauconniers Lekouassems d’Ouled Frej,  un partenariat de coopération avec l’Association Qatarie Al Gannasse et le Club Émirati des Fauconniers. ».

D’autre part, cette deuxième a été rehaussée par la présence de l’ambassadeur du Qatar à Rabat, l’ambassadeur du Danemark à Rabat, le directeur du patrimoine culturel marocain et les représentants des Émirats arabes unis, de l’Arabie Saoudite, du Qatar et du Koweït.

À l’issue de cette grande manifestation culturelle, le directeur du patrimoine culturel marocain,  Abdellah Alaoui a annoncé que  ce festival est désormais une tribune de sensibilisation, de valorisation,  de conscientisation et un puissant instrument de promotion culturelle. Il est devenu une véritable occasion de retrouvailles des Doukkalis, un moussem aux merveilles culturelles. En même temps, ce festival joue un rôle social et il se révèle être un trait d’union entre les hommes, il peut booste l’économie et le tourisme dans la région, pour ne pas dire du pays tout entier. C’est pourquoi, dès la prochaine édition de ce festival, il ne sera plus un rendez-vous régional, mais plutôt une grande rencontre nationale. ».

Dernier bastion de la fauconnerie au Maroc 

Inscrite sur la liste représentative de l’Unesco en tant que Patrimoine Humain vivant, la fauconnerie est une des plus anciennes relations entre l’homme et l’oiseau datant de plus de 4000 ans. L’aventure commune, les peintures rupestres et préhistoriques, les vases grecs et les cartouches égyptiens en attestent, remonte au début des âges. Cependant, la pratique de la fauconnerie trouve son origine parmi les cultures perse, pharaonique, romaine et arabe. Le faucon est devenu petit à petit un oiseau noble et sacré. Ainsi, dans le Moyen Âge, la Fauconnerie  a été réglementée et considérée comme noble. Les infractions à l’égard des faucons étaient sévèrement punies, la peine peut aller jusqu´à être condamné à mort.  Chez les  Arabes, le faucon avait bénéficié d’une grande attention.

Le faucon a joué aussi un rôle primordial dans les relations et les accords diplomatiques entre les pays car il représentait le cadeau le plus précieux et était destiné à créer un climat de détente ou servait à renforcer les liens diplomatiques entre les pays.

Au Maroc, la fauconnerie a survécu grâce surtout au dévouement des fauconniers Lekouassems d’Ouled Frej. Et chez Lekouassems, la pratique de l’art de la fauconnerie est une baraka, une bénédiction,  un don divin dont jouissait leur aïeul Abou Al Hassan Ali Ben Abou Kassem (Abou Soujda), dont le sanctuaire se trouve à Marrakech. Mais il faut mentionner que cette tradition s’est maintenue ou développée au Maroc grâce surtout à l’intérêt particulier que lui ont porté les souverains du Royaume et surtout les Alaouites.

Durant la première moitié du siècle dernier, Lekouassems,  gardiens de la tradition commencèrent à se grouper en association, à l’instar de ” l’Association des fauconniers Lekouassems d’Ouled Frej “, déjà très actif à la fin du XXème. Cette structure associative assure la survie de la fauconnerie en sortant les adeptes de leur isolement, en formant des jeunes passionnés et en créant, au fil du temps, des règles de conduite et d’éthique pour la pratique de la fauconnerie, tout en œuvrant pour la protection des rapaces alors persécutés.