Notre manifestation cinématographique se veut un espace de création en même temps qu’un laboratoire de rénovation initié par les jeunes réalisateurs d’ici et d’ailleurs.
Cette nouvelle édition contribue à l’instauration de « l’altruisme », en s’appuyant sur la citation éclairée d’Arthur Rimbaud évoquée dans une lettre à Paul Demeny : « je est un autre ». il s’agit d’un appel qui professe une conception originale de la création artistique : A l’instar d’un poète, le réalisateur ne maîtrise pas ce qui s’exprime en lui, pas plus que le musicien, l’œuvre s’engendre en profondeur… Rimbaud poursuit : « J’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute… ».
« Je est un autre » : il n’y a pas en réalité de pôle d’identité stable. Ainsi, le cinéma nous pousse à repenser nos relations aux autres d’ici et d’ailleurs. Je dans l’espace poétique du faire nous fait penser au je dans l’espace cinématographique du faire. En effet, par son étymologie, le mot de poésie nous vient du verbe grec poiein, qui veut dire faire. A l’image d’un cinéaste, le poète est celui qui fait. Il fait acte. Il est un faiseur. Un faiseur de mot et d’action. Un faiseur avec les mots et les actions.
Pour Gille Deleuze « Je » est un acte qui opère une synthèse non pas du temps lui-même, mais de ce qui est dans le temps et des parties du temps. Une synthèse des contenus et des parties du temps et ce qui opère cette synthèse, c’est le « je » de la conscience.