Par : Haj Abdelmajid Nejdi

Sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu L’assiste,

l’Association Provinciale des Affaires Culturelle d’El Jadida ‘ APAC ‘ organise sous l’égide de la Province d’el Jadida, avec le soutien du Groupe OCP et en coopération avec l’Acédémiue du Royaume, le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, la région région Casablanca-Settat, le Conseil Provincial d’El Jadida et la commune d’Azemmour, la 12ème édition du Festival Inteernational Malhounyat, du 5 au 7 Septembre 2024 à Azemmour.

Concept de la 12ème édition : Célébration de l’inscription du Malhoun sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité

L’Art du Malhoun a toujours fait partie de la vie culturelle des Marocains et constitué un véritable répertoire qui reflète les différents aspects de la vie sociale. C’est un art qui exprime les joies et les souffrances et traduit les états d’âme à partir d’expériences vécues. Le Malhoun a créé un vaste espace d’expression qui a fait la part belle au dialogue, à la confrontation intellectuelle, à la rhétorique, au plaidoyer, au spectacle, à l’imploration de Dieu, à l’imagination, voire à la vision prospective.

Outre son caractère créatif, l’art du Malhoun est, à n’en pas douter, une mémoire historique et une culture sociétale qui reflète « la personnalité marocaine et exprime le sentiment religieux et national des Marocains ainsi que leur passion et leurs émotions », comme le rappelle la lettre royale adressée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Secrétaire permanent de l’Académie du Royaume du Maroc à l’occasion de la publication du recueil du poète Thami Mdaghri le 18 mars 2010.

Afin de préserver ce patrimoine culturel authentique, L’Académie du Royaume du Maroc et le Ministère de la jeunesse, de la culture et de la communication ainsi que les instances compétentes ont déposé une demande auprès de l’UNESCO pour inscrire le Malhoun sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, convaincus qu’il est nécessaire de sauvegarder cet héritage patrimonial, et par là même préserver l’identité culturelle marocaine plurielle dans le cadre des constantes de la nation et de son unité. Cette démarche fut concrétisée le 6 décembre 2023 lors de la dix-huitième session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, tenue du 4 au 9 décembre à Kasane dans la République du Botswana.

C’est dans ce contexte que le 12ème Festival international de l’art du Malhoun d’Azemmour (Malhouniyate) célèbre cette importante reconnaissance internationale. A travers ses soirées, le Festival nous emmènera dans un voyage à travers l’histoire du Malhoun, de ses origines jusqu’à son âge d’or caractérisée par le nombre et la qualité de ses maîtres. Cette 12ème édition raconte les secrets des hauts lieux du Malhoun au Maroc à travers son corpus de poèmes (q’sida, que l’on appelle aussi klam ou s’jia) et de chants ou griha.

Dans son volet académique, le Festival Malhouniyate débattra d’un thème d’actualité à travers la question centrale suivante: Que faire après la reconnaissance du Malhoun en tant que patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco ?

En posant cette question, on vise trois objectifs: la documentation, la visibilité et le rayonnement. Pour ce faire, on s’intéressera à trois axes principaux :

Premier axe :

L’enseignement de la poésie du Malhoun dans les universités marocaines. Cela permettra d’étudier ce patrimoine marocain de manière académique pour en explorer les profondeurs. Les textes du Malhoun et leurs auteurs retrouveront ainsi la place qu’ils méritent dans le paysage poétique marocain.

Deuxième axe :

La réactivation des pôles qui ont abrité les poètes, les chanteurs et les passionnés du Malhoun. Ceci est important d’autant que ces pôles constituent le berceau des règles de déclamation, d’apprentissage et de transmission intergénérationnelle de ce grand art. C’est pour cette raison qu’il faut initier et soutenir, avec rigueur et en toute transparence, les festivals et les rencontres qui servent le Malhoun, et ce via des partenariats entre le Ministère de la jeunesse, de la culture et de la communication, les instances élues et les associations de la société civile compétentes en la matière. Le but ultime de cette démarche est de valoriser cet art authentique et de le considérer comme une composante identitaire de notre société.

Troisième axe :

La documentation poétique et lyrique à travers la publication des différents recueils du Malhoun. C’est là une façon d’appuyer le grand travail effectué par l’Académie du Royaume du Maroc, qui est un exemple à suivre pour encourager les autres acteurs qui œuvrent dans ce domaine. C’est aussi de cette manière que l’on pourra préserver la poésie du Malhoun et éviter qu’elle ne s’éteigne ou qu’elle ne soit dénaturée. Continuer à publier les recueils de cette poésie est nécessaire pour compléter autant que possible le corpus de ce patrimoine poétique marocain inestimable.

A cet égard, la publication de la série intitulé Anthologie du Malhoun est intéressante dans la mesure où elle dévoile toute la richesse de cet art et met en relief son immense créativité poétique, prosodique et musicale. Le Malhoun est également riche par sa dimension festive et représentative, avec tout ce qui l’accompagne en termes d’instruments musicaux, de costumes, de techniques, de performances formelles ou improvisées aussi bien en intérieur qu’en plein air. Mais cet aspect festif n’exclut pas l’existence de règles bien définis en matière de déclamation, de composition poétique (chajia) et de chant (griha) pour les adeptes qui souhaitent être initiés.

C’est donc de cette façon que le festival Malhouniyate entend appréhender l’après-reconnaissance de l’UNESCO. Mais cela ne peut se réaliser qu’en fédérant les efforts de toutes les instances concernées et qu’en mettant en place une stratégie nationale pour la sauvegarde et la préservation du patrimoine du Malhoun. Et c’est justement l’objectif que se fixe l’Association provinciale des affaires culturelles à El Jadida.