Après un recueil de poésie, Etreintes creuses, et un autre de nouvelles, Il faut assassiner la peinture, parus respectivement aux éditions Aïni Bennaï en 2001etaux éditions l’Harmattan en 2004. Youssef Wahboun vient d’innover une fois encore, en ajoutantà son registre littéraire, ce troisièmeroman:Trois jours et Le Néant.
C’est l’histoire d’un conseiller ministériel dévergondé, désigné tout au long du roman par un “tu” ambigu. Un homme résidant presque à l’intérieur du palais royal, ce qui le faisait passer pour riche, alors qu’en réalité, il n’était pas plus avancé que la majorité de ceux qui l’enviaient.
Piégé entre un présent implacable et des souvenirs qui l’empêchent de vivre, il est en constante recherche d’un homme qu’’il surnomme le Néant.
Quête chimérique ? Obsession ? Toujours est-il, que cette fixation est telle, que l’amour indéfectible qu’éprouve une femme pour lui, n’arrive pas à le consoler, ne serait-ce qu’un tant soit peu, de cette “souffrance coupable” qui le poursuit partout où il va.
Un cercle vicieux, devenu piège, son piège et son enfer. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais force est de constater que chacune de ses tentatives de fuite est non seulement couronné d’échec, mais semble plutôt le rapprocher et à chaque fois, un peu plus de l’abîme.
Dans Trois jours et le Néant, paru aux éditions Marsam, le lecteur est presque happé, aspiré dès les premières pages. Il y trouve aussi bien ce parfum des palais et de leurs légendaires mille et une nuits, que ce côté, mi comique, mi dramatique à la Samuel Becket et son, En attendant Godot. A cela, s’y ajoute une focalisation interne du protagoniste, qui permet au lecteur de ressentir, au fur et à mesure des mésaventures vécues par son héros, les angoisses de ce dernier, son spleen et son mal de vivre .
L’auteur maintient avec brio l’attente et toute l’attention du lecteur en éveil. Grâce à unlyrisme déjanté et un humour subtil dont il use à volonté et plus particulièrement lors des situations émouvantes, il parvient à jouer avec son lecteur, l’attirant vers des terrains qui lui sont plutôt familiers, pour mieux se déjouer de lui, l’instant d’après. Ce en otage malgré lui et reste scotché à l’histoire jusqu’aux dernières lignes, comme un hypnotisé à qui on a fait perdre, toute notion du temps.
Ce roman met en exergue, la formule d’Henri Michaux: “Naître est un péché, vivre est une expiation. Ecrire est un tissu d’excuses“.
Youssef Wahboun a soutenu deux thèses universitaires, à mi-chemin entre l’histoire de l’art et l’esthétique comparée. Deux disciplines qu’il enseigne à l’Université Mohammed V-Agdal de Rabat. Il est aussi artiste peintre et collaborateur au magazine d’art contemporain Diptyk. Auteur de plusieurs réflexions sur la littérature et la peinture en Occident et au Maghreb, il donne régulièrement, au Maroc et à l’étranger, des conférences sur la correspondance des arts et sur l’art contemporain au Maroc.