L’IMMEUBLE MEIR COHEN : PREMIÈRE POSTE AU MAROC

Les citoyens s’inquiète du sort de l’immeuble Meir Cohen, qui se trouve dans un état de délabrement très avancé.

Construit en 1914, il fut l’un des plus beaux immeubles de la ville, ouvragé de stucs et de fausses colonnes, de chapiteaux, de corniches, des feuilles d’acanthe, de balcons en demi-niches.

Aujourd’hui, ce bâtiment, en plein centre-ville, est abandonné. Les persiennes sont ruinées et à travers les anciennes fenêtres, de longue branches naissent de la pierre et trouvent le jour. Des balustrades ont fini par tomber.

L’immeuble a été cédé dernièrement à un promoteur immobilier qui veut le démolir pour ériger à la place un immeuble à vocation commerciale.Les citoyens et associations s’étonnent du silence des responsables (élus et autorités).

Le patrimoine la ville risque de se perdre dans les méandres de la convoitise et de la bêtise humaine. Le plus malheureux, c’est que les élus n’ont réellement pas intériorisé l’importance du patrimoine et sa valeur identitaire et même commerciale. En réalité, le patrimoine n’est pas réellement au centre de leurs préoccupations.Dans d’autres pays, le patrimoine est traité avec beaucoup d’égard devenant une source de richesse.

Ce qui est sûr, c’est que la municipalité a détruit des immeubles, des riads et des maisons de grandes valeurs historiques à la faveur de transformation selon les goûts des promoteurs immobiliers. Nous  craignons que si la municipalité ne stoppe pas des autorisations de démolition, dans les années à venir, on va perdre tout notre patrimoine. L’immeuble Cohen est un chef-d’œuvre en matière d’architecture. C’est dommage qu’un tel bâtiment public, si lié à l’histoire postale du Maroc, ne soit pas classé et transformé en musée national postal.

PETITE HISTOIRE DE L’IMMEUBLE COHEN 

L’immeuble Cohen a été construit en 1914 par Meir Cohen, un grand commerçant et propriétaire immobilier. Il était également représentant  des maisons de commerce européennes, et fut nommé consul des États-Unis d’Amérique, poste qu’il occupa jusqu’au 1890.

Le 19 octobre 1913, le protectorat français, créa un office autonome des P.T.T  en fusionnant la poste chérifienne et  les télégraphes. Ainsi, le premier bureau des P.T.T de Mazagan (El Jadida) fut d’abord installé dans l’immeuble Cohen avant d’intégrer l’édifice des P.T.T, bâti en 1924, qui est encore en fonction, place Mohammed V, constituant le cœur de la ville.

EXPLOSION DES CAFÉS ET KISSARIATS  

Arrêtons de déposséder la ville de son originalité et de ses plus beaux sites historiques, pour les livrer à la spéculation de quelque puissants promoteurs immobiliers. Les cafés et Kissariats se succèdent les uns aux autres, et ce n’est pas réjouissant. Cette bombe urbaine a donné naissance à des immeubles d’une laideur absolue. Et notre véritable inquiétude et de savoir si les instances de la province ont pris connaissance de l’ampleur du désastre urbain et s’ils sont sur le point de le circonscrire. Nous n’en avons malheureusement pas l’impression.

EL JADIDA, CITÉ-DORTOIR

Nous assistons aujourd’hui à une ruralisation de notre ville, à une reproduction à l’infini de logements ; types ne répondant à aucune norme de qualité et qui sont transformés au fil du temps en ghettos.

Il ne suffit pas de faire de la ville une cité-dortoir et que les gens se déplacent de leur travail à leur domicile, mais de créer de l’animation, de mettre la ville en fête, d’organiser des activités culturelles et sportives, de créer des occasions de rencontres entre les habitants, de prévoir des rues piétonnes, des espaces verts, des centres culturels pour renforcer ce sens de l’amitié et de la solidarité entre les citoyens des quartiers.