Un monde des plus impressionnants est venu assister à la grande soirée de la 12e édition du Festival international Andalussyat qui s’est  tenu au théâtre Mohamed Afifi d’El Jadida, le 3 Décembre 2015. L’affluence était telle que les allées étaient occupées par les mélomanes. Le  coup d’envoi de la soirée est donné l’ensemble Dar Al Gharnatia de Koléa (Algérie) qui a pu par sa magnifique prestation d’une belle nouba et des « iklabates » variés, ainsi qu’avec ses solistes dans des tours de chants inédits mettant en valeur les variantes mélodiques et rythmiques qui caractérisent le style algérien et qui ont soulèves des tonnes d’applaudissements.  Les artistes algériens ont impressionné par leur tour de chants exceptionnels. Chapeau bas pour l’ensemble Dar Al Gharnatia de Koléa qui a su donner naissance à une ambiance des plus entraînantes.

 

 

                                                                                 

 

Vêtus de leur traditionnelle tenue marocaine, les virtuoses de l’orchestre Chabab de Tétouan font leur apparition sur scène pour interpréter un échantillon de la musique andalouse sous la direction de du célèbre artiste Fahd Benkirane. Tour à tour, les artistes marocains ont offert des istikhbarates avec la  derbouka, violoncelle, aoûd , violon et autres instruments indispensables à cette tradition, tout en étant transporté par la poésie et les refrains chantés en chœur par l’assistance. Ce dernier a exécuté dans la pure tradition marocaine un extrait de la nouba maya, suivi d’une série d’autres mouvements. Le public n’a point été avare en youyous et applaudissements.

 

 

 

Durant près de plus de deux heures, les voix du Maghreb se sont confondues dans l’harmonie du langage universel de la musique, renforçant les liens entre les peuples Marocain et Algérien et montrant la voie pour un Maghreb fort et uni.

 

 

Cette rencontre a été marquée aussi par un hommage rendu au cinéaste prolifique et militant humaniste aux multiples facettes, Latif Lahlou, qui est né le 3 Avril 1939 à El Jadida ainsi qu’à l’uun des hommes du Théatre Jdidi, Si Mohammed Hajli. Un geste hautement apprécié par les amis de Latif Lahlou et Si Mohammed Hajli et le public présent.

Nous pouvons affirmer que l’édition de cette année a tenu toutes ses promesses. L’une de ces promesses est que l’Association des amateurs de la Musique Andalouse du Maroc (AAMAM)  progresse sur la même ligne avec laquelle elle a commencé ce festival.

Selon  Mouâad Jamaï, président d’honneur-fondateur d’Andalussyat et gouverneur de la province d’El Jadida, «  l’objectif de cette manifestation est de valoriser, de promouvoir la Musique Andalouse et de la pérenniser. Car cette musique est issue du peuple marocain qui a su préserver ainsi son patrimoine. Andalussyat constitue aussi un espace de dialogue entre les cultures…L’Association des Amateurs de la Musique Andalouse du Maroc (A.A.M.A.M), créée dès 1958, peut être fière du travail accompli. Car elle  peut se targuer d’avoir organisé onze éditions d’un festival qui a drainé plus de 200 000 mélomanes et d’avoir fondé le Musée de la Musique Andalouse de Fès ainsi que Dar Al Ala à Casablanca.  En plus, l’association a eu la nette conviction, dès sa création, de s’ouvrir à la fois sur la jeunesse et sur d’autres couleurs musicales proches du répertoire andalou telles que le flamenco, le fado et d’autres encore. Et ce, sans oublier l’important travail de vulgarisation destiné aux jeunes, par le biais notamment d’un portail Internet très documenté : la-musique-andalouse.com et la préservation de cet art séculaire à travers plus de 180 heures de précieux enregistrements. Mais, il faut avouer qu’il reste beaucoup de choses à accomplir, comme la mise en réseau des différentes associations nationales, l’adaptation de cette musique aux modes de vie et d’écoute actuels et la recherche des noubas perdues»

 

 

Les grands efforts de l’AAMAM

S’il y a, aujourd’hui, chez nous, un art qui a su se préserver des vicissitudes du temps et de la gabegie des hommes, c’est bel et bien la musique arabo-andalouse dont la pérennité du lustre étonne à bien des égards. Pan entier de notre identité artistique, porté au firmament, des décades durant, par des maîtres absolus du genre, tels que M’hamed  Essaouri, Mohammed Ezzahi Berrada, Mohamed Benabdeslam Al Brihi, Mohammed Lamtiri, Haj Abdelkrim Raïs, Moulay Ahmed Loukili, Mohamed Ben Larbi Temsamani, Abdessadek Chekkara, Houcine Belmekki Elhajjam, Haj Abdeslam Mouline, Ahmed Piro…

L’andalou, tel que désigné par ses femmes et ses hommes, est, aujourd’hui, au cœur de la politique culturelle engagée, depuis plus d’un demi-siècle, par l’Association des amateurs de la Musique Andalouse du Maroc (AAMAM), qui, de l’avis de nombreux acteurs de la scène, ne lésine ni sur les moyens ni sur les hommes pour revigorer la place qui lui est sienne, tant au Maroc qu’à l’étranger.

 

Ces talents en herbe qu’on voit défiler, avec l’art et la manière, à travers les festivals internationaux Andalussyat et autres programmes montés, notamment par l’AAMAM, dont le mérite est d’avoir remis de l’ordre dans une maison qui a été, un moment, sens dessus-dessous. Pas plus loin qu’il y a quelques années, la scène andalouse a été rythmée propulsant sous les feux de la rampe de nombreuses figures qui promettent un avenir encore plus radieux à cette musique qui les a vus grandir. Nous pensons, entre autres Abdelfattah Bennis, Marouane Hajji, Zineb Afilal…