L’ancienne décharge de la ville d’El Jadida était une décharge à ciel ouvert située à 2 km du centre-ville, au milieu de zones résidentielles. D’une superficie de 60 hectares, elle a été constituée de 3 carrières anciennement exploitées. Opérationnelle entre 1983 et 2006, elle recevait environ 140 tonnes/jours de déchets urbains (JICA, 1997) sous une forme mixte (domestiques, industriels et hospitaliers), et sans traitement préalable. Ce dépotoir a été officiellement fermé le jeudi 16 Novembre 2006. Et les autorités provinciales ont à maintes reprises annoncé qu’elles ont engagé un processus intégré et cohérent apportant des solutions techniques et réglementaires pour réhabiliter cet ancien site.

Ce projet de réhabilitation de l’ancienne décharge a été approuvé par le Conseil Municipal à l’unanimité le 20/06/2006 et le 27/08/2006. Le nouveau plan d’aménagement de la ville prévoit  aussi la création d’un espace vert et d’une ceinture verte. En outre, les travaux de réhabilitation, de l’aménagement et de la valorisation de l’ancienne décharge devraient être entamés par le groupement adjudicataire, S.O.S NDD-Eau-Globe.

Et, juste après l’ouverture de l’actuelle décharge publique d’El Jadida, on a alloué une enveloppe budgétaire de 4 400 185,00 DH/TTC pour la réhabilitation de cette ancienne décharge publique pour une durée de 4 mois. Mais le montant s’est volatilisé et El Jadida a continué de souffrir le martyr. Ainsi, la vie et la santé des habitants de la capitale des Doukkala et surtout ceux des lotissements avoisinants ainsi que la nappe phréatique ont été menacés de plus en plus. Pis encore, des usines de la région jetaient, surtout la nuit, leurs déchets dangereux.

Ainsi, des camions, à pleins de gravats et autres déblais déversaient, en toute impunité, dans l’ancienne décharge publique.

 

En plus, l’impact du méthane, qui est  un gaz aussi nuisible que le CO2, libéré par cette décharge, a été beaucoup trop sous-estimé  par les responsables même si les hydrates de méthane constituent un danger potentiel pour les Jdidis, aussi bien sur le plan climatologique, environnemental  que géologique.

Et comme ce dépotoir constituait une sérieuse menace pour la santé publique, l’environnement, mais également pour le secteur de l’hydraulique, les habitants d’El Jadida attendaient impatiemment de la conversion de l’ancienne décharge en parc modèle.

 

Mais ce projet n’a fait que sommeiller en moisissant dans les tiroirs de la municipalité et de la Compagnie générale immobilière (C.G.I). Or, les promesses sont demeurées sans lendemain. Et c’est vraiment dommage, d’autant plus que le litige financier a été résolu et l’apurement financier a été effectué, seule l’exécution est, sans cesse, renvoyée aux calendes grecques.

Pour l’heure, les riverains du terrain et les citoyens d’El Jadida n’ont qu’une seule et unique question : « À quand, monsieur le Président du Conseil Municipal, le démarrage de l’aménagement de ce projet écologique ? ».

L’ancienne décharge municipale d’El Jadida et son impact environnemental

Une étude d’impact sur l’environnement de l’ancienne décharge municipale de la ville d’El Jadida, en particulier sur la nappe phréatique qui circule à faible profondeur (10 à 20 m avec un minimum de 0,9 m) sous un sol perméable, a été réalisée en 2007 par un groupe d’imminents chercheurs de la Faculté des Sciences de l’Université Chouaïb Doukkali (Amina Chofqi, Abdelkader Younsi, El Kbir Lhadi, Jacky Mania, Jacques Mudry et Alain Veron). Leur travail a mentionné que l’analyse des lixiviats générés par cette décharge a montré qu’il s’agit d’un percolat à forte charge polluante minérale, organique et métallique (chlorures : 5 680 mg/l, sulfates : 1 823 mg/l, DCO : 1 005 mg/l, chrome : 156 μg/l et cadmium : 34 μg/l).

D’après l’étude de ces chercheurs, cette décharge génère un lixiviat non drainé et à forte charge polluante, qui s’infiltre à travers le sous-sol et contamine la nappe phréatique circulant à faible profondeur et qui remonte au fond des carrières.  Elle démontre aussi que cette décharge présente des risques potentiels de dégradation de l’environnement par la production des biogaz et surtout des lixiviats qui véhiculent une importante charge polluante. Ces lixiviats, en s’infiltrant dans le sous-sol, entraînent une forte dégradation des eaux souterraines.

Selon ces chercheurs, par lixiviat (appelé aussi percolat), on désigne l’eau qui a percolé à travers les déchets en se chargeant bactériologiquement et surtout chimiquement de substances minérales et organiques (Ozanne, 1990). Ces eaux peuvent contaminer les nappes phréatiques, les eaux superficielles et les sols si elles ne sont pas récupérées et traitées avant leur rejet dans le milieu naturel.

Aussi, et au terme de cette étude, les chercheurs ont pu conclure qu’après 20 ans d’exploitation, la décharge de la ville d’El Jadida traverse l’étape d’activité biologique correspondant à la phase méthanique de dégradation anaérobie : méthanogenèse (DBO5/DCO : 0,056) et que les lixiviats produits par la décharge de la ville entrent dans la catégorie des lixiviats vieux stabilisés à forte charge polluante non ou faiblement biodégradable. Ces percolats sont d’une importante charge métallique avec des teneurs très élevées en métaux.

Et comme le site de la décharge d’El Jadida est un site perméable (perméabilité de fissure) et qui est formé essentiellement par des calcaires et des marno-calcaires d’âge cénomanien, les lixiviats générés s’infiltrent, à cause de l’absence d’un système de drainage, à travers le sous-sol pour atteindre la nappe phréatique sous-jacente circulant à très faible profondeur (10 à 20 m) avec un minimum de 0,9 m et qui affleure au fond des carrières au sein de la décharge. Le sens de l’écoulement de la nappe se fait de la décharge vers l’océan, ce qui entraîne la propagation du flux de pollution vers les puits se trouvant en aval.