En effet, nos ancêtres racontent que, Aïcha Kandisha était la fille d’un cheikh de tribu dans la région d’Azemmour. Cette jeune femme était d’une beauté rare, sans égale…Elle aurait la peau d’une blancheur incroyable ,les yeux en amandes, la bouche couleur de sang, et les cheveux noirs soyeux ,tombant jusqu’aux hanches .Mais ce qui la distinguait encore plus des autres femmes, c’est d’avoir lutté et résisté auprès des hommes de sa tribu, menés par son père, ses frères et son mari, contre l’occupant portugais au 16ème siècle. Son arme à elle était d’attirer les soldats envoutés par sa beauté. Les portugais la punirent en éliminant toute sa famille y compris son mari. Alors, tous les hommes de sa tribu ont eu peur et ne voulaient plus la suivre dans sa lutte contre les occupants.
Dès lors, elle errait toute seul dans les forêts et tuait tout les soldats qui croisaient son chemin ou elle tuait les chevaux des portugais pendant la nuit dans les écuries. Et ce, en représailles de l’assassinat de l’un de ses proches. De peur que sa bravoure et son héroïsme n’incitent les gens à la lutte, les portugais, par le biais de certains traîtres, ont fait répandre une rumeur comme une trainée de poudre en prétextant qu’Aïcha était une djinniya qui réapparaissait les nuits aux hommes qui osaient s’aventurer dans les lieux isolés, que seuls ses pieds laissaient deviner qui est elle était, qu’elle avait des sabots de chameau en guise de pieds, que le malheureux qui la croisait, ne devait surtout pas succomber ni à sa beauté irrésistible ni à son corps à peine vêtu, qu’elle appelait d’une voix cristalline et envoutante le prénom de sa victime , que celui qui lui cédait, ne revenait plus jamais parmi les siens, que beaucoup de jeunes hommes avaient ainsi disparu en suivant cette femme fatale, que rares, furent les rescapés, qui malgré leur retour, ne sortirent pas indemnes de cette mésaventure et qu’ils restaient ensorcelés ou fous à tout jamais.De ce fait, Aïcha kandisha l’héroïne militante devint l’esprit maléfique (une djinniya).
Et, depuis ce jour-là et jusqu’à nos jours, Aïcha Kandisha symbolise la possession à travers l’image de la djinniya qui ne lâche jamais prise. On la rencontre de nuit, jamais le jour. Elle ne s’intéresse qu’aux célibataires et qu’elle vient vers eux dans leur rêve sous l’image de la femme idéale pour eux. Son fantôme revient surtout la nuit, près des lacs, des fleuves, des mers, afin de séduire les jeunes hommes en âge d’être mariés.
Son attrait est si puissant qu’aucun homme ne peut lui résister, sauf celui qui la reconnait et exhibe un couteau ou tout objet métallique. Elle décrit aussi un esprit maléfique habitant le corps de certaines femmes, ou ayant une apparence féminine. En plus, elle prend une apparence de chèvre avec de longues mamelles et de jolies jambes de femme pour séduire les hommes et les rendre fous ou une apparence de jolie femme avec des jambes de bouc ou d’âne.
Ainsi, au siècle dernier, chaque famille avançait qu’un membre ou un ancêtre qui aurait croisé cette illustre jeune femme aux pieds de chèvre.
Cependant, Aïcha Kandisha jouit d’une grande vénération particulièrement dans les confréries des Hmadcha et des Gnawa.
Aujourd’hui, ce que les jeunes générations retiennent de cette légende, c’est qu’une jeune rebelle prénommée Aïcha s’est battue pour l’indépendance et la liberté de son peuple, en usant des armes qu’elle possédait. Aïcha est surtout une révolutionnaire, symbole de courage et d’intelligence, qui a tenté de libérer son pays du joug portugais.
Ceci dit, Aïcha Kandisha reste et restera l’une des plus extraordinaire légende populaire. Il ne faut pas oublier que les contes mythiques reflètent en majeure partie le patrimoine culturel et historique du Maroc.
Signalons à la fin qu’en 2008 le scénariste, réalisateur et producteur de film franco-marocain, Jérôme Cohen-Olivar a signé « Kandisha », un film fantastique inspiré de la légende marocaine Aïcha Kandisha, un film entre la fiction et la créativité.
Voila la bande d’annonce de Kandisha :
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=RJalKuRs0H4