Entretien avec Elmostafa El Baïdouri, président de l'Association Provinciale des Affaires Culturelles d'El Jadida : « Le Festival International Malhounyat d’Azemmour est devenu un rendez-vous annuel incontournable pour les férus du Malhoune au niveau national »

Interview réalisée par : Abdelmajid Nejdi et Elmostafa Lekhiar

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fidèle à ses enjeux culturels et patrimoniaux, l'Association Provinciale des Affaires Culturelles d'El Jadida, présidée par Elmostafa Baydouri, a organisé la 8e édition du Festival International Malhounyat d’Azemmour, du 24 au 27mai 2018, et ce en partenariat avec la province d'El Jadida, la commune d’Azemmour et avec le soutien du Conseil provinciale et du Groupe OCP. Cette manifestation, qui a porté le nom du Dr Abbès Jirari, avait pour but essentiel de préserver la singularité d’Azemmour et de la faire renouer avec ses racines artistiquement très riches en musiques.  Elmostafa Baydouri, président de l'Association provinciale des affaires culturelles d'El Jadida, revient sur les temps forts et les ambitions de ce rendez-vous incontournable de l’art du Malhoune :

ELJADIDASAT : « Quels étaient les grands actes de la huitième édition du Festival International Malhounyat d’Azemmour ?

Elmostafa El Baïdouri : La 8e édition du Festival International Malhounyat d’Azemmour, qui s’est déroulée du 24 au 27 mai 2018, à la place Abraham Moul Niss à Azemmour, sous le thème «L'art du Malhoune marocain : entre les manifestations de la spécificité et de la singularité et les traits du rayonnement et de la dissémination», et qui a porté le nom du Dr Abbès Jirari, a été organisée par l'Association Provinciale des Affaires Culturelles d'El Jadida, en partenariat avec la Province d'El Jadida, la Commune d’Azemmour et avec le soutien du Conseil Provinciale et du Groupe OCP.

Tradition annuelle, le Festival International Malhounyat d’Azemmour, dans huitième édition, a connu une programmation aussi riche que diversifiée, comprenant une conférence thématique et des concerts de groupes de renom de différentes régions marocaines, algériennes, françaises et belges. Il a été marqué, également, par la participation d'un nombre potentiel de cheikhs et mounchidines, ainsi que par la présence de plusieurs personnalités du monde de l'art et de la culture, venues de différentes régions du Royaume. Il s'agissait d'une occasion propice pour présenter un répertoire varié du Malhoune dans son rapport interactif avec les formes de la musique ancestrale. Cet art qui s'est constitué à travers le temps par différents emprunts et articulations de cultures multiples.

À titre de reconnaissance, nous avons rendu un vif hommage au Docteur Abbès Jirari et à l'artiste Mohamed Soussi, une figure de proue qui assure la pérennité de l'art du Malhoun à travers l’ensemble de Sidi Thami Mdaghri de l'art du Malhoune.

En honorant le Docteur Abbès Jirari et l'artiste Mohamed Soussi, l'Association Provinciale des Affaires Culturelles d'El Jadida, que j'ai le privilège de présider, affirme, si besoin est, la fierté d'une identité culturelle vécue en tant que composante de la diversité. Évidemment, ce n'est guère fortuit que la 8e édition porte le nom du Dr Abbès Jirari. Car ce choix s’est fait en reconnaissance des précieux services et des efforts considérables que le Docteur Abbès Jirari a consentis pour assoir les bases de la recherche scientifique des études relatives à la poésie du Malhoune au Maroc, ainsi que l’appui qu’il a apporté à toutes les initiatives locales qui s’intéressent à ce riche patrimoine marocain et qui le célèbrent. Outre sa supervision directe du projet important que constitue la sortie de “l’Encyclopédie du Malhoune”, publiée par l’Académie du Royaume du Maroc.

ELJADIDASAT: Quels étaient les objectifs de cette manifestation patrimoniale?

Elmostafa El Baïdouri : L’objectif escompté est de mettre en valeur la musique marocaine traditionnelle et fidéliser un public local, national et étranger. À cet égard, le festival a drainé, durant les quatre jours du festival, plus de 21.000 personnes. De fait, ce festival rend un vibrant hommage aux poètes, chanteurs et musiciens zemmouris de renom, tels Ahmed Berkia, Ben Messaoud El Hejjam, Mekki Ouajjou, Jilali Labsir... Grâce à ces gens, l'art du Malhoune a pu être vulgarisé durant plusieurs siècles. En plus, Azemmour, fief du Malhoun, a besoin de retrouver son authenticité. Et c'est à travers les festivals de la musique universelle ou traditionnelle tel que «Malhounyat Azemmour» que l'on pourra perpétuer la tradition artistique savante et populaire de notre pays qui est une terre de tolérance et de cohésion.

En plus, cet événement culturel, qui a ambitionné de rapprocher un large public de l'art du Malhoune et d'identifier ses valeurs esthétiques, visait en particulier à préserver cet art sublime, rendre hommage à des figures emblématiques ayant contribué à la pérennité du Malhoune et assuré sa transmission aux jeunes générations. Ainsi, cette manifestation a contribué à la valorisation de l'aspect culturel qui constitue le noyau dur et le socle du développement durable de la région. À ce titre, nous tenons à remercier vivement tous ceux qui ont aidé et apporté leur soutien à l'organisation de cette nouvelle édition, en l'occurrence la Province d'El Jadida, la Commune d’Azemmour, le Conseil Provinciale et le Groupe OCP. Nous tenons à remercier vivement  Hadj Abdelilah Jennane, directeur du Festival International Malhounyat d’Azemmour, pour sa passion, son énergie, son engagement et son travail acharné pour  faire du Festival ce qu’il est aujourd’hui. Voilà pourquoi cette manifestation artistique, initiée en collaboration avec tous les partenaires concernés, s'inscrit dans la tradition de la ville d'Azemmour  qui a toujours milité pour la réhabilitation et la préservation d'un patrimoine ancestral authentiquement marocain.

ELJADIDASAT: Votre dernier mot

Elmostafa El Baïdouri : Le Festival International Malhounyat d’Azemmour est devenu un rendez-vous annuel incontournable pour les férus du Malhoune au niveau national. Il réunit chaque année les amoureux de cet art ancestral. Il permet aux  Zemmouris de renouer avec leur histoire, leur culture ancestrale et leur identité, de savourer les charmes de cet art qui fait la gloire de cette région et de découvrir la magie du verbe, les prouesses poétiques. Le festival international Malhounyat d’Azemmour est actuellement considéré parmi des évènements artistiques et culturels majeurs organisés dans la ville d'Azemmour dont le nom est lié à celui du saint patron Moulay Bouchaïb Erreddad. Cette coquette ville est le fief du Malhoune. Et, la poésie du Malhoune a constitué le miroir de la société marocaine, et les poètes ont ainsi pu résumer leurs expériences et en tirer la morale et les leçons grâce à leur grande sensibilité et leur entière interaction avec les questions concernant toutes les catégories sociales. La poésie Malhoune a contribué à adoucir les mœurs et à révéler la beauté en toute chose, une prodigieuse reproduction de la beauté qui aspire à orienter les êtres humains vers une coexistence harmonieuse et équilibrée avec leur environnement, et leur présenter l’ensemble des connaissances et compétences religieuses et temporelles pour les éloigner de la solitude, de l’incertitude, de la déviation et de la perdition. Afin de préserver cet héritage culturel authentique, pas seulement en tant que création, mais également comme un patrimoine artistique qui caractérise la société marocaine à travers des rituels et des coutumes festifs, l’Académie du Royaume du Maroc, sous la supervision d’un comité scientifique présidé par l’honorable Dr Abbès Jirari, a lancé une initiative importante pour l’enregistrement du Malhoune sur la liste du patrimoine culturel immatériel auprès de l’Unesco, en collaboration avec le ministère de la Culture, le 9 janvier 2018. ».