Noureddine Benouakkas n’est autre que le vice champion d’Arabs got talent. A l’époque il avait magnifiquement peint, le portrait d’Abdelhalim Hafed et en à peine, une dizaine de minutes. Et lors de la VI édition du salon du cheval, ses toiles, ont offert aux visiteurs toute la panoplie de la Tbourida et du cavalier marocains. 

On y voyait ces regards fiers, ce port altier, cette poussière et cette fumée sous un soleil couchant ; des fusils damasquinés, des poires à poudre, des poignards, des burnous, des baudriers, des bottes de cuir…

Une exposition d’une beauté indicible, faisant ressortir toute l’étendue d’un volet de notre culture.

Des toiles où les équipements liés à la pratique équestres étaient  d’une beauté et d’une finesse dignes de cette légende qui leur est allouée et des ambiances surchauffées qu’ils parvenaient à nous faire imaginer.

Spectaculaires et belles, les cavalcades  sont aussi à l’image de l’amour particulier que les marocains éprouvent à l’égard de la plus noble des conquêtes de l’Homme : le cheval.

Est-ce là une reconstitution inconsciente des charges héroïques menées par nos ancêtres jadis contre tous les envahisseurs ?

Quoi qu’il en soit, le visiteur se trouve admiratif devant le talent de cet artiste et baignant dans une atmosphère particulière. Il  devine aisément  ces  senteurs âcres de la poudre, ce son des sabots lancés au galop, ces youyous des femmes, ces instructions lancées par le Allem (sorte de leader de chaque Sorba) à l’intention des autres cavaliers et puis les sons émanant de cette Aita  jouée comme  en arrière plan   ….

Tous les ingrédients nécessaires sont là, pour pousser le spectateur à se reconstituer des airs de fêtes d’antan,  à replonger dans cette  culture qui est la sienne et qui fait sa fierté.

Une exposition tout à l’honneur des chevaux, des cavaliers et d’une tradition culturelle ancestrale unique au monde.

Les couleurs choisies sont chaudes : l’ocre, le rougeâtre, le jaune, le bleu-verdâtre. Ils expriment la gaieté et reflètent le Maroc.

 « Le cheval pour moi reste lié à l’action, à cette  poussière soulevée par les galops des sorbas. A  ces couchers du soleil, aux jeux de l’ombre et de  la lumière qui en résulte et qui donne libre cours au rêve et à la subjectivité de l’artiste.

Ce sont là autant d’images et  de schèmes  ancrés dans mon inconscient d’enfant mazaganais, habitué aux Moussems et à la Tbaourida. »

Un grand bravo à ce peintre doukkali, qui avec Habbouli, Dibaji, El Azhar, Zoubir, Bouânani, Abdelouadoud…sont entrain de redorer le blason d’une culture régionale, naguère, des plus luisants. 

 

 

 

 

 

Après un recueil de poésie, Etreintes creuses, et un autre de nouvelles, Il faut assassiner la peinture, parus respectivement aux éditions Aïni Bennaï en 2001etaux éditions lHarmattan en 2004. Youssef Wahboun vient dinnover une fois encore, en ajoutantà son registre littéraire, ce troisièmeroman:Trois jours et Le Néant.

C’est lhistoire d’un conseiller ministériel dévergondé, désigné tout au long du roman par un "tu" ambigu. Un homme résidant presque à l’intérieur du palais royal, ce qui le faisait  passer pour riche, alors qu’en réalité, il n’était pas plus avancé que la majorité de ceux qui l’enviaient.

 Piégé entre un présent implacable et des souvenirs qui lempêchent de vivre, il est en constante recherche dun homme qu’il surnomme le Néant.

 Quête chimérique ? Obsession ? Toujours est-il, que cette fixation est telle, que  l’amour indéfectible qu’éprouve une femme pour lui, n’arrive pas à le consoler, ne serait-ce qu’un tant soit peu, de cette "souffrance coupable" qui le poursuit partout où il va.

Un cercle vicieux, devenu piège, son piège et son enfer. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais force est de constater que  chacune de ses tentatives de fuite est non seulement couronné d’échec, mais semble plutôt  le rapprocher et à chaque fois, un peu plus de  labîme.

Dans Trois jours et le Néant,  paru aux éditions Marsam,  le lecteur est presque happé, aspiré dès les premières pages. Il y trouve aussi bien ce parfum des palais  et de leurs légendaires mille et une nuits, que ce côté, mi comique, mi dramatique à la Samuel Becket et son, En attendant Godot. A cela, s’y ajoute une focalisation interne du protagoniste, qui permet  au lecteur de ressentir, au fur et à mesure des mésaventures vécues par son héros, les angoisses de ce dernier, son spleen et son mal de vivre .

 Lauteur  maintient avec brio lattente et toute l’attention du lecteur en éveil. Grâce à unlyrisme déjanté et un humour subtil dont il  use à volonté et plus particulièrement lors des situations émouvantes, il parvient à jouer avec son lecteur, l’attirant vers des terrains qui lui sont plutôt familiers, pour mieux se déjouer de lui, l’instant d’après. Ce en otage malgré lui et reste scotché à l’histoire jusquaux dernières lignes, comme un hypnotisé à qui on a fait perdre, toute notion du temps.

Ce roman met en exergue, la formule dHenri Michaux:  "Naître est un péché, vivre est une expiation. Ecrire est un tissu dexcuses".

Youssef Wahboun a soutenu deux thèses universitaires, à mi-chemin entre lhistoire de lart et lesthétique comparée. Deux disciplines quil enseigne à lUniversité Mohammed V-Agdal de Rabat. Il est aussi artiste peintre et collaborateur au magazine dart contemporain Diptyk. Auteur de plusieurs réflexions sur la littérature et la peinture en Occident et au Maghreb, il donne régulièrement, au Maroc et à létranger, des conférences sur la correspondance des arts et sur lart contemporain au Maroc.

 

 

Un prix littéraire prestigieux vient d’être attribué en Suisse à Maria Zaki et Jacques Herman pour leur recueil de poèmes entrecroisés « Et un ciel dans un pétale de rose », recueil publié en avril 2013 chez l’Harmattan à Paris. C’est le Prix des Ecrivains Valaisans 2013. Ils ont reçu ce prix le 28 Septembre 2013 à 16 heures dans la Salle Supersaxo à Sion, de la main de Jacques Tornay, Président de la Société des Ecrivains Valaisans et poète suisse de grande renommée.

« Et un ciel dans un pétale de rose » est un très beau recueil où il y a tout ce qui rend une poésie sublime : le choix des mots, l’image, la substance et la musique. Un livre où les deux poètes se sont livrés à un exercice original, inédit et innovateur en entrecroisant leurs poèmes sans les signer laissant ainsi la voix de la poésie prendre le dessus sur leur propre voix et montrant que la poésie dépasse les frontières, les sexes et les cultures. Ils invitent le lecteur à « Un voyage au cœur des mots entre deux poètes contemporains. Deux regards sur le monde, féminin, masculin, africain, européen. »

Nous pouvons donc affirmer que le caractère universel de la poésie se confirme belle et bien dans ce livre et que les voyageurs (les lecteurs), dont je fais partie d’ailleurs, ont été charmés et absolument satisfaits du voyage.

Nous pouvons enfin dire que l’année 2013 est une année porte-bonheur pour notre poétesse Jdidie, Maria Zaki, puisqu’elle a été honorée deux fois : d’abord le Prix Naji Naaman de créativité au Liban, puis ce second prix littéraire en Suisse.

 

 

Manifestation de grande envergure, le Salon du Cheval d’El Jadida enrichit sa tenue en y ajoutant un nouvel arc à cet évènement. Il faut dire qu’en plus de son caractère sportif, il est à la fois un lieu de rencontre culturelle et artistique.

C’est un rendez-vous d’éleveurs de chevaux, de cavaliers, d’artisans ayant trait au cheval, d’opérateurs dans le domaine équestre, mais aussi une occasion de rencontrer des peintres, des photographes et des sculpteurs qui exposent le meilleur de leurs réalisations.

Nous avons noté qu’outre les peintres les plus représentatifs, qui s’investissent dans la thématique du cheval, d’autres artistes ont créé  spécialement pour l’occasion des œuvres en rapport avec le sujet.

Six éditions passées  et un Salon qui compte déjà parmi les plus importantes manifestations du calendrier national.

La preuve de cette estime et de cette notoriété dans le milieu de l’art, en est la présence de pas  moins de trente artistes venus y exposer leurs œuvres, du 02 au 06 octobre : Hassan El Glaoui, M’Hamed Boussaboune, Hiba et Ghita Khamlichi, Larbi Belcadi, Bachir Ben Allal, Said Housbane,Aita Benyakhlef,Aimé Kakon, Abdelhamid Kalmoune, Rajae Atlassi, Meryem Chraibi, Abdelkrim Al Azhar, Mustapha rhommani, Noureddine Ben Ouakkas, Mustapha Meskine, Abdelbassit Bendahmane, Nowman Zinbi, Abdellatif Zine … 

Ils ont ajouté au Salon, cette ode tonifiante de bien-être et de rêve enveloppant l’atmosphère de douceur. Le visiteur  est comme  happé par toute cette beauté, cette diversité des œuvres exposées, offerte aux regards d’un public cosmopolite.

Toiles, photos, sculptures…offraient aux visiteurs toute la panoplie de la Tbourida et du cavalier marocains.

Parmi les artistes-peintres exposants, nous avons choisi de vous parler d’Abdellah Dibaji, né en 1952 à Azemmour, mais vit et travaille à El-Jadida.

Abdellah Dibaji est un artiste qui peint par à-coups, une gestualité qui se déploie sur la toile. Un peu impressionniste, un peu fauviste, il « travaille apparemment sur l’espace vide d’une ville : murs, portes et fenêtres. Derrière cette représentation géométrique et abstraite, le peintre interroge la couleur avec une tonalité ni froide ni chaude, mais mesurée et rythmée. Rythme progressif, avançant par touches émotives presque cachées, mais subtiles. »

Abdellah Dibaji parcourt la ville marocaine en général et celle qui l’a vu grandir en particulier, en prospectant son imaginaire citadin. Il nous en transmet ses rumeurs, ses mouvements, ses lumières, multipliant les plans en autant de séquences spectaculaires. Portes, fenêtres, rues et surtout cette foule humaine omniprésente évoquent ses préoccupations, nous laissant entrevoir l’autre face de la réalité, une réalité que nous occulte le quotidien. Une palette de couleurs fortes et denses, des touches tantôt vives, tantôt adoucies, toujours délicates, soutenues par un graphisme conséquent, font de chaque toile une œuvre forte, dénuée de tout pittoresque.

Un grand bravo donc à  ces exposants et un grand merci aux organisateurs, car à travers cette manifestation, non seulement ils enrichissent ce salon, mais surtout contribuent également au  développement et à l’épanouissement de l’art, dans le pays en général et  dans la capitale des doukkala en particulier.

 

Si le salon du cheval, organisé cette année du 02 au 06 octobre à El Jadida,  met en exergue, et à chaque édition, l'ancrage de la culture équine au Maroc, il ne manque pas sur un autre registre, de souligner le danger qui la menace et qui se profile clairement à l'horizon au fur et à mesure de l'écoulement du temps, favorisé en cela par la mécanisation et la raréfaction de ses usagers dans notre société.

Par ailleurs, le cheval reste toujours présent dans le travail agricole, spécialement pour les petites et les moyennes exploitations agricoles et également un moyen de locomotion indispensable dans les régions reculées et montagneuses. C'est une composante essentielle du patrimoine culturel et identitaire marocain, ainsi qu'un levier à fort potentiel en matière de développement socio-économique.

Mais aujourd'hui, le cheval voit sa population décliner et pour pallier à cela, un certain nombre d'actions et de mesures chiffrées et ciblées ont été programmées d'ici l'an 2020. Car au Maroc, le cheval jouit depuis des temps immémoriaux d'une place privilégiée dans l'imaginaire collectif.

 

Composante essentielle de l'identité culturelle et religieuse marocaine, il continue à être considéré comme un motif de fierté et d'affirmation identitaire.

Cet attachement des marocains au cheval est palpable au quotidien. Plus qu'un simple moyen de locomotion et d'apparat, le cheval continue à être un acteur majeur des fêtes populaires, ainsi que des cérémonies religieuses et politiques. Cérémonie d'allégeance (Bey‘a), moussems, mariages… le cheval est en effet omniprésent dans la vie des marocains.

Paradoxalement, un constat s'impose : la population équine est en net déclin au Maroc et si cette tendance perdure dans le court et moyen termes, le cheptel équin marocain, évalué aujourd'hui à quelques 160.000 chevaux, devrait se réduire de 15.000 têtes d'ici l'an 2020.

Face à une mécanisation galopante qui menace à moyen terme les usages traditionnels notamment dans le transport et l'agriculture (Ces usages traditionnels concernent, aujourd'hui, la majorité de la population chevaline nationale), il importe de promouvoir à grande échelle des usages modernes du cheval afin d'éviter sa disparition progressive du paysage marocain.

La voie de la reconversion du cheval de son rôle traditionnel vers des usages modernes passe par la démocratisation de l'accès au cheval à travers la création et le renforcement d'activités à fort potentiel de croissance telles que : les sports et les loisirs équestres, le tourisme équestre, les arts équestres…

En multipliant les débouchés et en créant de la richesse, ces nouveaux usages auront un impact direct sur la sauvegarde du cheval en général et de la race barbe en particulier, en tant qu'élément majeur de notre patrimoine culturel.

Cet encouragement s'inscrit dans un objectif ambitieux visant le développement du potentiel patrimonial (tbourida), récréatif (sports, loisirs et arts équestres) et financier (tourisme…) de la filière équine.