On réclame la lumière dans la ville

Écrit par : Elmostafa Lekhiar et Hadj Abdelmajid Nejdi

Si l’envie vous prenait, un jour de faire une petite promenade à EL JADIDA à la tombée de la nuit, munissez-vous d’une lampe de poche et si possible d’un solide gourdin. Pour quelle raison ? C’est bien simple dès que le soleil se couche, la ville revête une allure de décor à la «  Hitchcock ». Les ruelles, les avenues et le centre-ville semblent évoquer  quelques coupe-gorges où il serait dangereux de s’aventurer.

Point de lumière. Parfois, un lampadaire à ampoule anémique accentue, comme à dessein,  l’obscurité des recoins et des portes cochères, de sorte que les malheureux habitants sont  réduits à passer leur soirée ou à se rendre à un spectacle en bande de 3 ou 4 personnes.

Ainsi, la vision globale relative à la gestion de l’éclairage public est absente dans les stratégies de la commune, ce qui cause un manque de planification, de maintenance et de gestion de ce secteur énergivore. D’autant plus que la collectivité territoriale ne dispose pas d’une structure service chargée de l’éclairage public.

Pourtant, elle est appelée à placer le service de l’éclairage public au cœur d’un système de gouvernance et de gestion des affaires publiques. Puisque le premier rôle de l’éclairage public est de participer à la sécurité publique durant la nuit et d’assister les usagers dans leurs actions nocturnes.

Dans son aspect juridique et de tutelle, l’éclairage public est un service qui ressort des compétences des collectivités locales.

Selon la loi n°78-00 portant charte communale dans son Article 39, relatif aux Services publics locaux et équipements collectifs et la loi n° 17-08 modifiant et complétant la loi n°78-00 portant charte communale, telle que modifiée et complétée : «Le conseil communal décide de la création et de la gestion des services publics communaux, notamment dans les secteurs suivants : – approvisionnement et distribution d’eau potable ; – distribution d’énergie électrique ; – assainissement liquide ; – collecte, transport, mise en décharge publique et traitement des ordures ménagères et des déchets assimilés ; – éclairage public ; (…) Il décide des modes de gestion des services publics communaux, par voie de régie directe, de régie autonome, de concession ou de toute autre forme de gestion déléguée des services publics, conformément à la législation et la réglementation en vigueur. (…) ».

C’est vrai qu’on a entrepris l’initiative dernièrement de procéder à la remise en marche de l’éclairage public adéquat, à l’exemple de l’avenue Ibn Khaldoune et autres, au grand bonheur des habitants. Est-ce l’ébauche de la réhabilitation de l’éclairage public des grands artères ,dont nombreux quartiers populaires  vivent carrément dans le noir depuis des années, ou bien l’opération n’est que conjoncturelle, entrant simplement dans le cadre du dispositif de sécurité entrepris durant la période estivale par les autorités? Car des quartiers entiers de la ville, notamment les cités périphériques, ou celles qui ne donnent pas sur de grandes rues et autres artères, accusent depuis belle lurette un défaut flagrant d’éclairage public, voire vivent carrément dans le noir la nuit venue.

Une situation contraignant leurs habitants à se cloîtrer très tôt chez eux par crainte de l’insécurité, et les risques d’être attaqués par les meutes de chiens errants. Malheureusement, le défaut de l’éclairage public n’est pas propre aux cités périphériques, mais touchent aussi d’autres grands centres urbains, à l’exemple de l’avenue Mohammed VI, les places El Hansali et Mohammed V qui vivent le calvaire de l’obscurité à cause de la dégradation de poteaux électriques et des lampes non conformes à l’éclairage public adéquat.

Le défaut d’hygiène s’accentue dans la ville

Dans certains quartiers, l’éclairage n’est autre que celui des enseignes lumineuses de certains locaux commerciaux. Cet état de fait contraint les citoyens à déserter tôt la ville pour rentrer chez eux, contrairement à jadis où les gens veillaient jusqu’à une heure très tardive goûtant des crèmes ou en sirotant des thés sur les terrasses dans une ambiance bon enfant. Laquelle ambiance exige l’hygiène et la propreté du cadre de vie, qui malheureusement font aussi défaut dans plusieurs coins de la ville, présentant plutôt un aspect répugnant à cause de nombreux déchets qui jonchent les chaussées et des sachets de poubelles non ramassés ...

Le défaut d’hygiène s’accentue dans la ville en cette période estivale à cause du squat des rues et ruelles par les pseudo commerçants occasionnels, activant toute la journée pour laisser place après minuit  à une chaussée complètement jonchée de toutes sortes d’ordures et déchets dégageant des odeurs nauséabondes attirant toutes sortes d’insectes ,et animaux errants (chiens, chats ) à la recherche de nourriture. Les pseudo- commerçants activant dans les places Allal El Kasmi et El Hansali ne manquent pas quotidiennement de perturber la quiétude des riverains en déclenchant des rixes où sont utilisées toutes sortes d’armes blanches semant même l’insécurité et l’inquiétude des citoyens.

Situation désagréable au possible. La plupart des rues et avenues sont dans les ténèbres. Les habitants réclament de la lumière.