Sur fond de divisions au sein de la sphère partisane

Lancement des concertations autour des futures échéances électorales

Les élections régionales et communales devront avoir lieu dans une année (en juin 2015). À cette fin, le Chef du gouvernement a entamé, hier, les premières concertations avec les formations politiques représentées au Parlement, honorant ainsi une promesse qu’il avait faite, il y a quelques jours (le 27 mai), devant les députés de la première Chambre dans le cadre de la séance mensuelle consacrée à la politique générale. Selon le secrétaire général de l’Union constitutionnelle, Mohamed Abied, ces premières consultations portent sur la question de la régionalisation, ainsi que le précise l’invitation adressée par le Chef du gouvernement (via le ministère de l’Intérieur !) aux formations politiques. En fait, les discussions se sont fait jour bien avant. Peu de temps en effet après la déclaration du ministre de l’Intérieur (10 juin), toujours devant les parlementaires, au sujet de ces élections, toute la classe politique ne parlait que de cela.

Une question est sur toutes les lèvres : les consultations vont-elles être menées par le Chef du gouvernement ou par le département de l’Intérieur ? À présent, les choses commencent à se décanter, puisque la réunion qui était programmée hier avec les partis politiques devait avoir lieu sous la houlette du Chef du gouvernement. Le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), ministre de l’Habitat et de la politique de la ville, Nabil Benabdellah, y voit une véritable victoire pour la démocratie. «Aujourd’hui, pour la première fois, des concertations de haut niveau vont avoir lieu avec le Chef du gouvernement. Ce qui est, en soi, un fait politique symbolique et fondateur. C’est une véritable avancée». Le SG du PPS tient à préciser cependant que le ministre de l’Intérieur prendra par la suite les choses en main, car : «Il n’existe pas un pays démocratique où les élections ne sont pas organisées par le département de l’Intérieur. Sauf dans les républiques bananières où l’on a besoin de créer des commissions nationales fourre-tout», ironise-t-il, en réaction à ceux qui appellent à ce que le ministère de l’Intérieur soit dessaisi de ce dossier. Et d’ajouter : «quelle position voulez-vous qu’un homme sain d’esprit et rationnel adopte à l’égard de concertations qui sont menées par un gouvernement avec les partis politiques pour l’organisation des élections. Il n’y a pas meilleure approche démocratique. Toute autre position critique serait une réaction non fondée», estime-t-il.

Dans ce cadre, il a rappelé les concertations menées en 1997, du temps de Driss Basri (ancien ministre de l’Intérieur), «des concertations qui ne rimaient à rien et qui prenaient quelques jours». Puis, du temps d’Abderahmane Youssoufi, affirme-t-il, il y a eu des concertations pendant quelques semaines. Et en 2007, les concertations ont eu lieu également en quelques semaines, avec l’adoption de textes «au pas de course parce qu’on était pris par le temps. En 2011, nous avons fait la même chose. C’est pourquoi je dis que les réactions d’aujourd’hui relèvent de la simple surenchère politique. Je ne comprends pas ces procès d’intention faits avant même le départ des concertations», critique Nabil Benabdellah. Il ajoute : «est-ce qu’on veut nous faire croire que du temps du gouvernement Abderrahmane Youssoufi, on organisait des élections transparentes. Elles étaient organisées par le ministère de l’Intérieur. Du temps d’Abbas El Fassi, c’était également le ministère de l’Intérieur qui organisait les élections», affirme M. Benabdellah, dont le parti est membre de la majorité.

Pour sa part, Abdelhamid Jmahri, membre du bureau politique de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), estime que «ce qui importe, c’est le degré de sérieux dans ces consultations et la préparation des prochaines élections». Des questions importantes, souligne-t-il, doivent être tranchées, telles que la refonte des listes électorales, le découpage électoral des régions, le mode de scrutin… De son côté, Karim Ghellab, député istiqlalien (ancien président de la Chambre des représentants), a écrit, hier, un long article sur l’organe de presse arabophone du parti de l’Istiqlal où il interpelle le gouvernement. Il s’est interrogé sur le fait de savoir si le gouvernement disposait d’une vision claire pour mettre en application les dispositions constitutionnelles relatives à la régionalisation et à la décentralisation en général. En tout cas, le débat concernant la régionalisation et le dispositif juridique et électoral devant l’accompagner promet d’être bien animé entre le gouvernement et les forces politiques en place, qui ne partagent pas forcément la même vision des choses.