Pas loin de 300.000 spectateurs ont été au rendez-vous. Un public en majorité  jeune et dont certains  avaient même trouvé le courage et les ressources nécessaires pour être sur place, dès 17 heures et se réserver les «  premières loges ».

Et quand Cheb Bilal monta enfin sur scène aux alentours de minuit (auparavant le public vivait au rythme de la musique de Don Big) c’était parti pour  une nuit de fête et de danse. Des paroles  envoûtantes  et une voix, chaude et suave ont fait de ce concert,  un  moment durant lequel, ne comptait plus que la musique et la danse.

 Car le succés derrière le Rai de BIlal, ce n’était pas uniquement le chant, mais c’était aussi des paroles  qui étaient  tantôt  violentes, voire révolutionnaire, tantôt sensuelles et affectives, et qui se mêlaient à la musique dans une même et unique passion.

Des paroles qui  faisaient vibrer le public, en lui faisant vivre  une explosion d’émotions et un moment de parfaite osmose entre Bilal et   son (jeune) public. Si bien, qu’ au fil des chansons , on a vu des âmes  entrer en transe… comme transportées vers les hauteurs.

300.000 spectateurs, chantant  et  dansant, dans l’une des meilleures  et plus intenses représentations du Rai.

C’est à une telle soirée  que le public jdidi était convié. Il avait  rendez-vous avec  un artiste doté d’un immense talent et ayant un pouvoir réel  sur son public, le tenant en haleine du début à la fin du concert.

Chant, musique et danse s’entremêlèrent pour offrir au public de cette soirée un spectacle de haut niveau : Joie et douleur  n’en faisaient plus qu’une… Une intériorité telle, que l’emprise devenait immédiate !

 L’instant était indescriptible, pour ne pas dire magique  et le public  envoûté, charmé, conquis… que l’on aurait dit qu’une même vague d’émotion venait de déferler sur lui, le faisant profiter d’un Rai authentique, vivant et émouvant… à la limite du sacré !

La voix et les paroles de Cheb Bilal,  ne  pouvaient nous  laisser  insensibles : son style , sa voix, sa « présence » sur scène… n’ont pas leur égal, pour exprimer douleur et plaisir et approfondir l’envoûtement des spectateurs dépassés par la beauté  de la musique et la profondeur du sens des paroles.

C’était trop de belles choses en une seule soirée. Trop pour un public presque novice et dont l’imagination galopait à une vitesse folle…Trop d’interpénétration entre réel et  virtuel.   

Pas loin de 02 h du matin, Cheb Bilal quitta enfin la scène. Mais longtemps après, fans ou pas, petits et grands, continuèrent à fredonner les Talismans de ce Gourou, pardon, les chansons de Cheb Bilal… Tant l’envoûtement semblait absolu  !

Cheb Bilal  venait d’obtenir une nouvelle fois,  la reconnaissance d’un public  totalement conquis par le talent de ce grand  artiste et qui a fait de ce spectacle non  seulement   un Art du Chant, de la Musique et de la Danse, mais avant et après tout… une sacrée aventure humaine.

Mais bien avant que toute cette aventure ne commence, , Cheb Bilal a bien voulu répondre à quelques unes de nos questions, dont voici l’essentiel :

« Bien sûr que les textes de mes chansons, je les écris moi-même. Je les ressens tellement qu’il m’arrive des fois de vouloir les crier… sans musique. C’est le moyen de communication dont je dispose  pour m’adresser à mon public et lui  exprimer  mes différents états d’âme : passion, émotion, révolte,défi… mais qu’on m’identifie aujourd’hui de « porte-parole »  des « ch’makrias » et de tous ces jeines roulant aux psychotropes, cela m’honore guère.

Vous savez, je suis un garçon non instruit. Issu des couches sociales défavorisées et qui comprend, en quelque sorte, ce que ressent  cette catégorie de jeunesse, à savoir leurs frustrations, leurs refoulements et leurs aspirations. 

Ma particularité est que j’ai peut-être trouvé les mots justes ; les mots qui les aident parfois à extérioriser leur mal de vivre et leurs moments de cafard.

S’il est vrai que, grâce à la chanson,  j’arrive à bien gagner ma vie,  je n’ai jamais oublié mes racines, pour autant, ni renié mes origines. Ma famille fait partie de cette catégorie sociale que l’on qualifie de modeste.

Mais suis-je pour autant meilleur que cette catégorie de jeunes, parce que je  suis devenu célèbre et que matériellement je ne suis pas dans le besoin ?

Je  continuerai à écrire pour les défavorisés et les laissés pour compte, mais jamais de textes à l’intention des politiciens et des nantis. Je préfère laisser cette « besogne » à d’autres.

Aussi, je tiens à rappeler que  de nos jours, « tout le monde » est plus au moins confronté à ce  fléau qu’est le piratage. Il  constitue un véritable handicap contre la création artistique. Pire encore, il y a le piratage opéré par certains  ” chanteurs,” qui s’accaparent vos chansons et ce, sans aucun préavis, ni la moindre autorisation. A tel point qu’aujourd’hui,  des “chanteurs” se sont faits connaître, alors que dans toutes les chansons qu’ils interprètent, pas une seule n’est la leur  ».

Bilal, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, est né le 23 juillet 1966 en Algérie. Bilal Mouffok, alias Cheb Bilal, a été élevé à Oran où il a suivi des cours de musique au Conservatoire. Dans les années 80, Bilal forme le groupe El Ahouar et remporte  en 1987 le premier prix d’un concours de chant. C’est au moment où il devient une superstar dans son pays natal qu’il rejoint la plus méditerranéenne des villes française, Marseille.

De soirée en soirée, il finit par se faire remarquer par la communauté algérienne. Il commença alors à remplir des petites salles et progresser jusqu’à faire l’ouverture du concert de Cheb Hasni.

Au fil des titres et des albums, Bilal inscrivit  son nom dans les annales du Rai et devint alors un des artistes les plus populaires du Maghreb.

Et c’est cette star que nous avons été voir, sur scène, le samedi 10 août à l’hippodrome Lalla Malika, pour vivre l’émotion pré-cité.