On le sait, le roi Mohammed VI avait donné ses instructions aux ministres de l’Intérieur et des Finances pour tirer au clair l’affaire du projet immobilier Madinat Bades, dont plusieurs bénéficiaires avaient écrit au palais pour protester contre ce qu’ils estiment être une « arnaque ». Commissions, enquêtes et audits s’en étaient suivis. Aujourd’hui, c’est la Brigade nationale de la Police judiciaire qui entre en jeu.

En effet, selon plusieurs médias qui rapportent l’information, les enquêteurs de la BNPJ se sont déplacés à Nador pour recueillir les dépositions des principaux concernés, en l’occurrence les gens de la municipalité d’al Hoceima, les responsables d’al Omrane et de la Compagnie générale immobilière (CGI) et les acquéreurs qui ont dû expliquer la nature des problèmes techniques auxquels ils ont dû faire face une fois leur bien acheté et enregistré en leur nom.

Les policiers de la BNPJ vont essayer de comprendre comment un terrain acquis par le ministère de l’Habitat grâce à une procédure d’expropriation pour cause d’utilité publique, du temps de l’ancien ministre Taoufiq Hjira et pour un prix d’une centaine de dirhams au mètre carré, a pu être inscrit au nom du promoteur public al Omrane, lequel l’a revendu après viabilisation à la CGI à prix intéressant, environ 5.000 DH, avant que cette dernière n’achève les travaux – ou presque – et ne mette en vente les appartements à des prix avoisinant les 10.000 DH.

L’implication de la BNPJ dans cette affaire indique que des actes délictueux pourraient avoir été commis, et qu’en conséquence des poursuites judiciaires pourraient être déclenchées contre des responsables de tous ces organismes. En cause, la procédure de vente dite VEFA (vente en état de futur achèvement), une technique commerciale qui permet de vendre un bien immobilier à prix très avantageux car inachevé, les finitions étant alors à la charge de (ou des) acquéreur(s). La question est de savoir si le degré d’avancement des travaux correspond bien à ce qui a été déclaré aux acheteurs, généralement des MRE dans l’incapacité physique de vérifier de visu l’état  de ce qu’ils achètent.

Il s’agit de la seconde fois en deux ans que le roi Mohammed VI donne suite, immédiatement, aux doléances qui lui sont soumises par les MRE, la première ayant été en 2012 pour les problèmes rencontrés aux postes frontières par les Marocains de retour chez eux. Or, cette fois-ci, c’est aux promoteurs immobiliers que devra s’attaquer la justice, si les choses se déroulent bien car ces opérateurs, avec le temps qui va et l’impunité qui plane, se sont mis à prendre des libertés envers leurs clients, comme l’atteste plusieurs affaires similaires passées, comme celle des Jardins de la Moulouya à Saïdia. On pourrait également s’attendre à ce que cette action des MRE soit suivie par d’autres, initiées par des Marocains du monde ou du Maroc, tous plus ou moins bousculés par des promoteurs de plus en plus âpres au gain.