La quasi-totalité des habitants insiste sur l’indifférence de beaucoup de fonctionnaires. Tous ont à l’esprit d’innombrables exemples de conduite criminelle, d’abus de pouvoir et de corruption dans leurs rapports avec les institutions publiques, déplorant de ne pas pouvoir faire grand-chose pour demander justice. En décrivant leurs rapports avec les institutions, les gens soulignent également la honte et l’indignité qu’ils ressentent d’être traités avec arrogance, impolitesse et mépris. Tous, ils se plaignent de ces fonctionnaires ou de ces employés qui sont impolis et même grossiers avec les gens.

Dans ce contexte, nous avons été contacté par un citoyen jdidi qui nous a raconté ce fait choquant : « Qui ne s’est jamais retrouvé dans une file d’attente abominablement lente? Qui n’a jamais été choqué par le comportement d’un employé après une longue file d’attente ? Cette question m’est venue alors que j’étais une certaine nuit aux urgences. Aaaaah, les urgences… Ce fabuleux endroit où vous vous empressez d’aller avec votre petit-fils ayant 40° de fièvre, des douleurs partout et surtout pour avoir une ordonnance pour acheter ce qui mettra fins à ses souffrances. Je croyais que dans ce lieu tout se passerait bien. Loin sans faut, je n’étais pas encore sorti de l’auberge. Mais j’ai trouvé pire… j’ai vécu l’humiliation suprême ! Car j’ai fait objet de propos  arrogants de la part d’un médecin qui était de garde ce jour. Comment expliquer ? Je suis dans la file d’attente. J’attends mon tour et soudain surgit de nulle part un monsieur très connu (car je ne le vois jamais arriver) : voilà, un être exceptionnel car il n’est pas comme les autres ! Il parla au médecin. Ce dernier rigola avec lui, et le pria d’enlever sa veste pour le consulter. C’était donc mon tour. J’ai dit à ce médecin que le monsieur devait attendre son tour au lieu de surgir de nulle part. Il ne dit rien. Je lui ai dit que mon petit a 40° de fièvre. Du coup, le médecin fit sortir ses griffes d’arrogance et d’insolence contre moi, en me posant la question : « pourquoi venir ici si tu veux faire de telle remarque? Tu ne vas pas m’apprendre mon métier. Moi, je souffre ici. C’est trop pour moi. D’ailleurs, les urgences ne sont ouvertes en réalité que pour secourir les gens qui sont gravement blessés. Pourquoi venir ici ? Il ya des cliniques partout, des pédiatres et j’en passe !». Vraiment, j’étais surpris. Alors sans dire un mot, je suis sorti tout en disant : « Allahoumma inna hada mounkare !». Heureusement, en me dirigeant vers ma voiture, j’ai rencontré un collègue du travail qui m’a conduit chez un pédiatre. C’est un monsieur qui est à n’importe quelle heure au service du publique avec une grande délicatesse et politesse. Il fait preuve du même dévouement envers tous les malades, quelles que soit leur condition sociale, leur nationalité, leur religion, leur idéologie, leur sexe, leur race, leur réputation et les sentiments qu’ils lui inspirent.

Si nous avons relaté ce fait, ça ne veut pas dire que nous n’avons pas vu de tel comportement dans ces urgences. Au contraire, nous y avons assisté à des scènes plus atroces. Certains infirmiers (ères) donnent l’impression aux malheureux citoyens qu’ils sont au sein d’une simple «mokatâa » administrative, allergique à toutes les évolutions, sourde à toutes les critiques. Cette image et cette conception étroite de la mission des urgences de nuit a contribué à forger dans les esprits des citoyens l’idée d’une institution surannée, enfermée sur elle-même, hostile à toutes les mutations sociales et sociétales. Pis encore, des médecins vous obligent « bla hachma » à leur donner au moins 100 DH pour avoir un certificat médical

Nous nous demandons si cette réalité amère va émouvoir les responsables ou éveiller leur sens du patriotisme quant au respect de la dignité des citoyens et la préservation de l’image des urgences de nuit.

L’amour du travail bien fait

Le fonctionnement régulier des services publics de nos administrations, institutions ou établissements est souvent terni par certains comportements peu orthodoxes de quelques agents qui y travaillent. Ceci est largement aux antipodes du sérieux et de la détermination de la majorité des travailleurs qui œuvrent bien souvent avec l’amour du travail bien fait.

Nous pensons que, à tous les niveaux,  les fonctionnaires et les employés arrogants doivent changer de comportement. Ils devront prendre au sérieux  leur travail et arrêter de traiter les gens comme des esclaves. Que les responsables de tous les secteurs publics sachent que de tels agissements sont bien monnaies courantes dans nos services publiques et qu’une information de l’opinion publique de ces comportements inhumains est une des voies pour que d’autres citoyens “pauvres” ne soient guère victimes des attitudes de ce genre.