La machine est en train de s’enliser de plus en plus dans les méandres d’une bureaucratie qui se complique chaque jour un peu plus et bloque toutes les issues devant l’administré. Au lieu de s’améliorer et de s’ouvrir devant le public, toutes les issues se ferment et le simple citoyen se trouve devant une montagne infranchissable de démarches les unes plus insensées que les autres. On croyait que les choses allaient changer de mieux en mieux. Mais elles vont de pis en pis. Pourtant comment mobiliser les citoyens et les inciter à respecter la loi au moment où certains responsables au plus haut niveau et même les élus sont cloîtrés dans leurs tours d’ivoire et peuvent-ils avoir l’autorité morale auprès tant de leurs collaborateurs que de la population Jdidie ?
L’Article 156 de la Constitution marocaine du 1 juillet 2011 stipule : «Les services publics sont à l’écoute de leurs usagers et assurent le suivi de leurs observations, propositions et doléances…». Par conséquent, toute administration publique doit exercer la mission et la multiple fonction d’écoute, réception, traitement et réponse aux réclamations et doléances des citoyens. Ainsi, tout responsable, quel que soit son rang, doit entreprendre des efforts pour améliorer ses relations avec les usagers et mieux répondre à leurs attentes. Et outre le respect du droit, qui s’impose à l’administration ou à son responsable, une attention plus grande à l’égard des citoyens, de leurs aspirations et de leurs doléances, une disponibilité plus grande peuvent assurer un cadre de vie de qualité. Et ce en se rapprochant davantage des citoyens, de la société civile, des bonnes volontés pour les écouter, mieux connaître les avis et suggestions des habitants et d’en tenir compte. Quel que soit le service qu’on veut obtenir, il faut s’attendre toujours à une petite ou grande surprise toujours désagréable, cela va de soi.
Rares sont les moments où tout va comme sur des roulettes. On dirait que la poisse nous poursuit partout. Mais la vérité c’est le comportement des responsables et les dispositions ou réglementations en vigueur qui constituent autant de freins et de blocages.
On nous a dit et répété à longueur d’année qu’il va y avoir des facilitations et des simplifications des procédures. Mais ce que les citoyens Jdidis vivent au quotidien est on ne plus révoltant et humiliant. On fait marcher les citoyens pour un oui ou pour un non. Pour un simple papier, il faut fournir deux ou trois autres documents. En d’autres termes, si vous voulez obtenir une autorisation (construction d’un logement- raccordement eau et électricité- un commerce), il faut courir plusieurs administrations pour faire sortir une autre longue liste d’autres documents.
Quant aux délais, là il faut s’armer de patience. Il est facile de passer des mois pour ne pas dire des années à faire des navettes entre tel ou tel agent ou service pour arriver, après des souffrances et des brimades, au terme des démarches.
Sur ce point, on peut affirmer, sans risque de se tromper, que le citoyen jdidi peut être classé parmi les plus tenaces et les plus patients dans ce domaine. Et, certains agents sont parmi les plus ingénieux et les plus habiles à mettre les bâtons dans les roues.
Cette situation, malheureusement, laisse la porte grande ouverte devant les abus de tous genres ainsi que les excès et les frictions entre les différents acteurs. Qu’on ne s’étonne pas, alors, de voir se développer la corruption et le favoritisme.
Les gens excédés par les nombreux blocages «improvisés», volontairement ou non, sont prêts à tout et, parfois, mettent la main à la poche pour débloquer une affaire ou accélérer l’issue d’un dossier.
Certains agents sont rompus à ce genre de manège et mise en scène. Vous avez beau être dans vos droits, on vous accule à emprunter des voies prohibées et illicites. Car les voies réglementaires ou normales ne mènent plus à bon port. Il faut savoir user d’astuces ou de pistons ou d’expédients efficaces pour prétendre réaliser vos objectifs.
Les moins patients lâchent prise et s’en remettent à la providence ou à la chance. C’est ainsi que de nombreux citoyens sont lésés et laissés pour compte tout simplement parce qu’on leur refuse leurs droits et qu’on se joue de leurs intérêts.
Or, depuis ces derniers mois, on aurait pu commencer à «nettoyer» ce secteur et à rendre plus effective la simplification des démarches administratives et la facilitation de l’accès à l’information. Car, dès que l’on pénètre dans les dédales de l’administration, il est difficile de s’en sortir aux moindres frais.
Tout le monde en sait quelque chose pour avoir vécu une très mauvaise expérience ou subi des pressions directes ou indirectes en essayant d’obtenir plus vite un document.
Ces pratiques ne sont pas secrètes. Elles sont tellement répandues qu’on se demande si les choses vont être prises en main ou non.
À quand, donc, une véritable réforme administrative ? On en entend parler depuis des lustres, mais on ne voit rien venir. Pendant ce temps, on paye… les pots cassés.
L’absence d’information, l’incompréhension de certains employés, l’absence de qualité des prestations ainsi que d’innombrables autres facteurs sont autant d’obstacles devant le citoyen jdidi.
Ce qui est demandé, aujourd’hui, aux responsables et aux élus (de la Commune Urbaine d’El Jadida et du Conseil Provincial) c’est de réagir, au plus vite pour remettre un peu d’ordre et rétablir les vraies valeurs du travail administratif. Il faut redonner plus de crédibilité à notre administration et redonner de l’espoir aux citoyens en restaurant la confiance et l’honnêteté. Car dans la jungle actuelle, les agents indélicats sont totalement libres de s’adonner à leur sport quotidien et favori: celui de faire aller et venir les honnêtes gens jusqu’à épuisement.
Que de citoyens ont renoncé à monter une affaire ou un commerce à cause de ces lenteurs et ces pratiques ! Que de fois n’a-t-on vu et entendu des citoyens abandonner des démarches administratives pour cause de bureaucratie et surtout du fait d’avoir trop trimballé dans les couloirs d’une administration sans pour autant rencontrer le premier responsable. De la mairie, au cadastre, en passant par la province ?!
Il est temps de libérer ces services publics de l’emprise d’une catégorie de gens qui ne cherche que ses intérêts et ses privilèges. Le paysage doit s’éclaircir devant l’administré.