Les marchands ambulants à El Jadida ont squatté depuis plusieurs années, avec la bénédiction d’une certaine mafia bien sûr, les différents quartiers de la ville empêchant parfois les touristes de découvrir la beauté des sites historiques.

Le mot d’ordre est donné. Fini l’occupation du domaine public à El Jadida. Depuis une semaine, les autorités locales mènent une opération coup de poing contre les marchands ambulants des avenues Hassan II et Mohammed V, des boulevards Mohammed V, Zerktouni et Pasteur, ainsi que ceux des places Bouchrite, Allal Kasmi et El Hansali. Squattant, depuis plus de cinq ans, les principales artères de la ville, ces marchands jouaient au chat et à la souris avec les autorités. À tel point qu’ils se croiraient en leur plein droit. Mais, après que M. Mouâad El Jamaï, gouverneur de la province d’El Jadida ait nommé M. Kamal Akbar en tant que premier khalifa d’El Jadida, les services de la municipalité se sont mobilisés pour assainir la ville. Il y va de l’image de l’autorité. En effet, les vendeurs à la sauvette ont longtemps imposé leur diktat.

Conscient de la complexité et de la sensibilité du sujet, M. Mouâad El Jamaï, gouverneur de la province d’El Jadida avait mis en place depuis plus de cinq mois un groupe de travail comprenant tous les acteurs de la gestion urbaine pour élaborer une feuille de route et une stratégie de communication, sur la base d’un objectif essentiel : susciter le départ volontaire et sans heurts des occupants de l’espace public, afin d’éviter autant que faire se peut les dégagements forcés. En conséquence, ce groupe a adopté une démarche progressive qui repose sur les principes suivants : privilégier la sensibilisation et la communication pour une libération spontanée des espaces (descente sur le terrain pour une communication de proximité, laisser aux personnes physiques et morales concernées, le temps de s’organiser pour se conformer à la décision, pas d’intervention des autorités locales avant le début de 2017. Et ce afin de préserver la sécurité des piétons, de libérer impérativement tous les trottoirs et terre-pleins et d’amener les occupants à libérer les trottoirs de leur propre gré avant la date limite.

Ayant pris toutes les initiatives pédagogiques sans se baser uniquement sur l’approche sécuritaire et qui n’ont pas été acceptées par les marchands illicites, M. Mouâad El Jamaï, gouverneur de la province d’El Jadida, a donné ses instructions  de libérer les artères des colons, même par la force s’il le faut. Ainsi, par sa décision, le gouverneur a soutenu les agents d’autorité et montré que l’occupation abusive des trottoirs ne sera plus tolérée.

En une semaine, le constat est éloquent. Les piétons des avenues, des boulevards  et des grandes places du centre-ville ont retrouvé le sourire. Ils ne sont plus contraints de marcher sur la chaussée à côté des voitures.

Il est des endroits où, en plus d’une circulation très dense, s’ajoute l’anarchie qui règne sur les lieux, sans oublier les cris ennuyants de certains jeunes. Avec leurs marchandises de fortune, ces marchands sont aussi des subsahariens.

Avant cette opération coup de poing contre les ferrachas et les marchands ambulants, il y avait des endroits où, en plus d’une circulation très dense, s’ajoutait l’anarchie qui régnait sur les lieux, sans oublier les cris ennuyants de certains jeunes et les pickpockets. Avec leurs marchandises de fortune, ces étaient aussi des subsahariens.

Saturés par les commerces, les panneaux publicitaires, les charretiers et débordés par la circulation, plusieurs coins du centre-ville n’offraient plus qu’un espace réduit aux citoyens.

Pour les commerçants de Bouchrite, Zerktouni, Allal Kasmi El Kattabi, El Hansali, Mohammed V et Kissaria Tazi, «la campagne lancée contre l’occupation de l’espace public doit toucher tous les quartiers de la ville et  devra s’inscrire dans la durée». Sinon, elle n’aura, à terme, aucun résultat concret. Puisque les «chassés» finissent par revenir. Surtout les week-ends et profitant de l’absence des autorités. Outre le fait que ces vendeurs occupent les trottoirs, ils vendent les mêmes produits que ceux proposés par les commerçants formels.

Visiblement, le message est donc passé. En effet, les autorités locales ne sont  pas à lâcher prise, elle veille instamment à libérer définitivement les espaces publics des squatteurs. « Hier, ils sont venus, mais j’ai pu fuir avant qu’ils ne ramassent mes affaires. Aujourd’hui encore, je sais qu’ils viendront, mais j’ai déjà pris mes dispositions », nous informe un marchand ambulant avant l’arrivée des forces auxiliaires.

À l’image de ce monsieur, la plupart des occupants ont pleinement conscience qu’ils occupent de façon illégale la place El Hansali, mais ils continuent à pratiquer le jeu du chat et de la souris. « La mission s’inscrit dans le cadre de notre feuille de route, qui est de désengorger la voie publique pour que les gens puissent circuler convenablement. Les avenues, les boulevards, les places, les trottoirs, les allées et même la chaussée sont occupés illégalement et cela constitue un véritable problème de sécurité publique », a expliqué l’un des membres de l’autorité locale.

Les occupants savent bien qu’ils ne doivent pas s’installer aux abords des voies. C’est peut-être la raison pour laquelle, bien qu’ils n’approuvent pas cette opération, ils n’ont posé aucune résistance aux agents des autorités locales et à ceux des forces auxiliaires. « Au préalable, des agents ont échangé avec les occupants de ces voies. Des campagnes de sensibilisation accrues, à l’endroit des occupants illégaux ont été menées, afin que ces derniers comprennent mieux le sens de cette décision. Mais les gens sont durs d’oreilles, quand on passe par la manière douce, ça ne passe pas » a indiqué un autre membre de l’autorité locale.

Les commerçants illicites quant à eux, font la sourde oreille. Au risque de perdre leurs articles, beaucoup soutiennent qu’ils seront encore au même endroit. L’autorité locale pour sa part, ne compte pas jeter l’éponge. Des opérations de ce genre seront multipliées dans toute la ville.

Et, selon le programme établi par les autorités provinciales, dans le cadre de l’INDH, on créera incessamment  des espaces réservés aux ferrachas et aux marchands ambulants pour ne pas nuire à l’activité formelle. En tout cas, cette fois-ci semble être la bonne. Les autorités se disent intransigeantes. Fini les foules grouillantes qui se rassemblent autour de charrettes pour faire leurs emplettes. Conscientes que la traque sera difficile, le les autorités provinciales et locales veulent, coûte que coûte, maintenir les artères propres, libres et vivables.