Les acquis se détériorent et s’effritent

 

Plusieurs atouts ont construit le développement d’El Jadida dans l’équilibre et ont  marqué l’originalité de la capitale des Doukkala. Malheureusement, elle a perdu son charme. Plus rien à El Jadida ne réconforte vu que le déclin, le délabrement semblent être sa destinée. Ainsi, les acquis se détériorent et s’effritent au fil du temps car on a complètement oublié que le développement de Mazagan repose sur trois pivots qui sont intimement liés: l’environnement, l’économie et le tourisme. Et pourtant, on ne cesse de répéter: «On va tout réhabiliter, tout redresser. On a un dossier bien ficelé concernant un magnifique plan de développement. .. ». Mais rien n’est fait à part du « maquillage sur la morve » et le laisser-aller est fort criard.

Par conséquent, El Jadida vit actuellement dans la déchéance totale à cause de la léthargie et l’inertie. Prenons par exemple l’immeuble Cohen, véritable chef-d’œuvre architectural. Ses aspects extérieurs et intérieurs étaient harmonieux telle une symphonie. Mais comme la préservation n’est pas monnaie courante chez les responsables de la ville, cet édifice, à la riche histoire, se trouve actuellement dans un état déplorable et pitoyable. Il n’y  a qu’à jeter un coup d’œil pour s’en rendre compte. Quand aux autres monuments historiques tels que le marché européen, le château rouge, la cité portugaise, l’ex-municipalité (actuel 2è arrondissement urbain), l’hôtel Marhaba, ils sont laissés à l’abandon au lieu de les améliorer de jour en jour et de gagner en qualité. Ainsi par exemple, l’hôtel Marhaba, considéré comme patrimoine architectural ressemblant à un paquebot de croisière et qui était le lieu privilégié de repos pour feu S.M. Mohammed V quand il passait quelques jours à El Jadida, a été le théâtre de pillages constants et ses murs et façades  sont  actuellement dans un état de délabrement avancé. Et ce, depuis qu’il a été fermé en juin 1996. Pis encore, on a démoli ses escaliers qui donnaient sur la plage (sous forme de passerelle) et on a muré les cabines ! Quelles belles initiatives !!!

 

Dégradation sur tous les plans

 

Côté environnement, la mer connaît une dégradation environnementale, écologique et socio-économique désolante à cause du déversement en mer des eaux usées et des déchets des usines de la zone industrielle sans aucun traitement.

En plus, la saleté s’étend dans tout le centre de la ville, aux abords de la gare routière, dans les grandes artères et places, dans tous les coins un peu discrets, aux abords des poubelles, aux carrefours… Pis encore, même les parcs et les espaces verts croulent sous les immondices, au quotidien les habitants doivent vivre avec elles.  La municipalité et la société du nettoyage ne semblent pas avoir pris conscience du phénomène. Par endroits, on se demande en effet si les services des éboueurs et du nettoyage existent, ou s’ils sont en grève illimitée…

Côté infrastructures touristiques, la capacité d’accueil d’El Jadida est presque quasi nulle surtout après la fermeture catastrophique de l’hôtel Marhaba et l’hôtel Doukkala, même si plus de quatre hôtels ont été ouverts dernièrement. Pourtant, El Jadida a tout pour devenir l’un des fleurons touristiques du royaume. Comment peut-on imaginer que ni les gestionnaires de la ville ni les investisseurs ne s’intéressent à cette région et n’encouragent guère les professionnels du tourisme à programmer El Jadida dans les circuits touristiques ?  Pourquoi ne propose-t-on pas aux visiteurs de la station Mazagan de découvrir l’arrière-pays des Doukkala? Pis encore, la circulation à El Jadida est un enfer à cause de la dégradation scandaleuse des routes et de l’occupation illégale des trottoirs et même de la chaussée.

 

Côté animation, la ville est abandonnée à un sommeil léthargique toute l’année sauf pendant quelques jours en été. Tandis que les Ferrachas imposent leur diktat avec la bénédiction de l’autorité et l’espace public est squatté par les cafés et les magasins, les soudeurs, les matelassiers…Ainsi, les habitants Jdidis se sentent suffoqués et sont contraints à faire le va-et-vient le long du boulevard ou siroter un café dans une ambiance morose.

 

El Jadida dispose de tous les atouts

 

Pis encore, les décideurs de la ville n’ont jamais songé sérieusement à exploiter intelligemment la Cité Portugaise et les monuments historiques des Doukkala dans le but de relancer le domaine touristique dans la région sur des bases solides. Et ce, pour le grand bonheur  de la Nation et des Doukkala, qui regorge d’une panoplie inestimable de monuments historiques uniques en leur genre. Pourquoi? Tout simplement, on n’a jamais pensé vraiment que le touriste souhaite  bien visiter des sites et des monuments historiques où il aimerait bien passer des moments inoubliables  et non se contenter des plages sublimes et qu’il aime découvrir les traces d’une histoire riche et variée. Evidemment, El Jadida dispose de tous les atouts qui peuvent l’enchanter et l’intéresser. Malheureusement, la cité portugaise n’est pas dotée d’infrastructures touristiques à la portée de tout le monde. Ce qui prouve qu’à El Jadida, on n’a pas encore saisi que la cité portugaise, Azemmour, le site de Tit (Moulay Abdellah Amghar) et même la Casbah de Boulâaouane pourront  être, grâce à la station touristique Mazagan,  des maillons essentiels pour concrétiser la vision 2020.  Voilà les vrais maux du secteur touristique à El Jadida.