La ville d’El Jadida dispose d’un patrimoine environnemental réparti entre parcs et jardins publics. Toutefois,  les écrins de verdure, qui furent jadis la fierté de la ville, sont actuellement dans un état lamentable. Allez voir du côté  du parc Abdelkrim El Khattabi, ex parc Gallieni ou Marchane, du parc Hassan II, ex-jardin Spiney, où il y avait un zoo et qui était vraiment un jardin botanique. Faites un tour du côté du parc Mohammed V, ex parc Paul Doumer, qui a vécu trois grands événements dans l’histoire du Maroc : visite du Maréchal Lyautey qui affirma en 1913 : «Mazagan» doit être la Deauville du Maroc – visite de feu S.M. Mohammed V en 1960 pour donner plus d’importance à ce parc – visite de feu S.M. Hassan II pour célébrer la Fête de la Jeunesse de 1994. Ces trois parcs qui, à leurs débuts, étaient des fleurons et de véritables poumons de la ville, ne sont aujourd’hui que des endroits abandonnés où s’entassent les ordures. Car les parcs et les jardins publics d’El Jadida ne bénéficient plus aujourd’hui, comme dans le passé, d’une vraie attention particulière des services concernés qui assistent calmement à la dégradation de ce patrimoine. Ces joyaux ont vu leur superficie plantée reculer devant l’avancée vertigineuse de l’asphalte et de l’altération. C’est en quelque sorte un assassinat prémédité. Quant aux autres espaces verts, ils souffrent le martyr à cause de la détérioration et du manque d’entretien. Presque l’ensemble des espaces verts qui existent en ville sont complètement délaissés.

Ainsi, à toutes les vacances, la même rengaine revient de plus belle : « Où emmener les enfants se distraire ? ».  La première idée qui vient à l’esprit des parents : les parcs, surtout avec l’arrivée du beau temps. Hélas ! Les trois parcs, dont dispose la ville, ne sont plus très accueillants.  Car ils sont devenus vétustes, les aires de jeux et les bancs sont délabrés. Bancs dont le bois rongé et métal rouillé, balançoires usées, fleurs arrachées ordures nauséabondes…

La réalité, dans laquelle se trouvent ces espaces verts, est navrante. Et les habitants n’ont d’autres choix que se rendre dans ces lieux de récréation pour respirer un bol d’air frais et pratiquer pourquoi pas une activité sportive ou de loisir. C’est pourquoi ils se plaignent de l’état de dégradation de ces espaces. Deux mamans avec leurs enfants ne cachent pas leur irritation : «  Ya hasra lorsque le parc était un vrai parc ! Nous habitons un appartement. Nous sommes obligées d’emmener nos enfants dans le parc voisin, plus adéquat pour la promenade et le jeu. Malheureusement, les espaces de jeux mis à la disposition des enfants sont vandalisés et le peu qui reste et qui est non praticable, peut représenter un réel danger pour les enfants. ». Le principal responsable, d’après ces deux mamans, est la municipalité qui fait montre de laxisme, sans compter qu’il ya un laisser-aller côté hygiène et sécurité.

Pour se justifier, les élus avancent que la commune est empêtrée dans le surendettement et au bord de la faillite à cause de la gestion louche de la précédente équipe municipale qui a fait crouler la ville sous le poids accablant des emprunts toxiques. Mais la vérité que personne ne peut nier c’est que les pouvoirs publics, qui parrainent ces espaces, n’ont pas pu développer une approche d’ensemble pour la gestion de ces lieux de façon à redonner à la ville sa splendeur d’antan. Jusqu’à quand ces espaces vont-ils continuer à ressembler à des terrains non entretenus ou des décharges publiques plutôt qu’à des espaces de balades et de détente ? Pas de fleurs, pas de plantes décoratives, seules le gazon et les herbes sauvages poussent si elles ne sont pas elles aussi suffoquées par les ordures. Avez-vous vu, messieurs les élus, ces ordures qui jonchent le jardin Eddeggaga et qui ont écornés la beauté de certains endroits des parcs Mohammed V et Hassan II ainsi que les fontaines du parc

El Khattabi.

Personne n’assure ni l’entretien de ces espaces ni leur gardiennage. Pis encore,  le service concerné ne fait plus aucun effort pour désherber, nettoyer ou remplacer les plants morts par l’implantation de nouvelles plantes, quant à l’arrosage il ne se fait que rarement ce qui a contraint la prolifération de mauvaises herbes. Tout cela sous prétexte que la municipalité est sous l’emprise de l’endettement et gère ses biens à zéro dirham à cause de la mauvaise gestion de l’ancien conseil municipal. Mais cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas agir. Savez-vous, messieurs les élus, que dans les années 60,70 et 80 trois agents de la municipalité s’occupaient de l’entretien de tous les espaces verts avec de simples outils ? Grâce à ces trois jardiniers, les parcs d’El Jadida étaient vraiment des lieux magiques et paradisiaques. Savez-vous, messieurs les élus, que dans les années 60,70 et 80 trois agents de la municipalité s’occupaient du gardiennage de tous les espaces verts avec beaucoup de rigueur et d’abnégation ? Beaucoup d’agents municipaux n’accomplissent pas leur mission vu qu’ils sont affectés en catimini chez X ou Y…

Donc ce n’est pas en attendant Godot qu’on va justifier son inertie. Car la bonne gestion veut dire mieux faire avec peu de moyens lorsqu’on traverse une période de crise.

D’autre part, on sait que les arbres contribuent à notre qualité de vie et sont bénéfiques à notre santé physique et mentale. Mais à El Jadida, on contribue à la calvitie de la ville. Les exemples sont légion. Près de la Kissaria Ben Nahon, en plein cœur de la place El Hansali, le patron d’un magasin a eu l’audace de ” tuer ” 4 arbres afin d’étaler ses marchandises sur le trottoir. Ce qui a donné l’envie à ceux d’en face de “  tuer “  à leur tour 4 autres. Dans d’autres coins de la ville, on met en terre des plants chétifs pour les abandonner aussitôt. Pis encore, après chaque soirée organisée au parc Mohammed, pendant les Nuits du Ramadan ou la saison estivale, les lieux, saccagés par des incultes, se retrouvent dans un état apocalyptique et désastreux à cause des actes de vandalisme. L’exemple le plus frappant de ces assassinats prémédités est celui de ce dragonnier qui est un arbre mythique extrêmement rare au Maroc. Cet arbre, qui trônait majestueusement au milieu du parc Mohammed V, a été assassiné à  jamais. Nous sommes tous responsables et surtout ces ONG jdidies qui sont apparemment moins sensibles que les élus.

En plus de ce constat, les parcs et les jardins de la ville sont devenus les refuges favoris des délinquants, des ivrognes et des fumeurs de joints qui s’adonnent publiquement à de tels actes d’incivisme et qui saccagent même les lampadaires. La lutte contre ce phénomène demande-t-elle aussi un gros budget ? Alors, à quand l’opération de réhabilitation de ces espaces verts ? C’est un pari imposé aux structures concernées, puisque l’objectif cherché est d’améliorer le cadre de vie du citoyen qui tend à se détériorer chaque année, qui passe avec une toile de fond, caractérisée par le laxisme des pouvoirs publics et l’incivisme de certains visiteurs. Des questions cependant demeurent : les services concernés sauront t-ils imposer la rigueur qu’il faut pour préserver ces espaces verts longtemps relégués à un autre rang ? La tâche est immense et elle ne peut pas se réaliser sans la mise en place d’un programme d’approche entre le citoyen et les pouvoirs publics pour la protection de l’environnement.

Ces lieux de promenade, d’évasion et de loisirs nécessitent une véritable remise à neuf de la part des élus. Une rénovation et un embellissement s’imposent pour que ces espaces verts reprennent vie et redeviennent les poumons verts de la ville d’El Jadida. Un plan urgent de réaménagement est à prévoir dans les brefs délais afin que ces parcs publics puissent contribuer à l’épanouissement des habitants de la ville d’El Jadida, notamment, ceux des classes défavorisées qui ne peuvent pas se permettre de payer le prix pour se rendre dans un parc privé.

En somme, il faut que tout le monde s’implique dans la politique et la stratégie de la promotion du couvert végétal et de la réhabilitation des espaces verts. Si on continue à abîmer nos espaces verts, un jour nous regretterons notre acte tout en lisant le poème de Samivel : «Les inconscients ne respectent pas la nature. Ils croient se grandir en la polluant. Et ne savent même pas qu’elle se venge…»

Manque criard d’espaces verts

El Jadida a plus que jamais besoin de poumons pour respirer surtout avec l’asphyxie causée par la zone industrielle, Jorf Lasfar et l’avancée terrible du béton. Les trois importants parcs ont été réalisés à un moment où la ville d’El Jadida ne comptait que quelques milliers d’habitants. Mais depuis, la donne a changé et la ville compte de nos jours plus de 180.000 âmes et l’espace urbain s’est élargi sans que les concepteurs du schéma directeur de la ville ne prennent en considération la réservation d’espaces pour la réalisation de parcs ou jardins au quartier Saâda I, II et III, Koudiate Ben Driss, El Amal et Salam à l’instar de ceux datant de l’époque coloniale. Tous les lotissements créés depuis les années 80 ne disposent même pas d’une petite parcelle d’espace vert.