L’hygiène alimentaire est de plus en plus négligée à El Jadida. Ce problème est surtout remarquable dans les gargotes, les petits cafés et chez les vendeurs d’aliments à la sauvette. Dans cette situation de risques sanitaires généralisés, les autorités semblent ne pas donner de l’importance à ce problème et usent du même laxiste pour mettre fin à cette anarchie. Une telle décision nécessite beaucoup de rigueur, vu que les commerçants exerçant dans l’informel reviennent et étalent leurs marchandises au su et au vu de tout le monde. Du même coup, les petits cafés et les gargotes pullulent dans les rues d’El Jadida. Ces lieux, qui font le bonheur des milliers de gens qui y mangent, ne sont pas toujours respectueux des règles de l’hygiène. D’où l’intoxication alimentaire de plusieurs personnes. Au cours de notre enquête, nous nous sommes rendus dans une gargote en plein centre-ville. Le gargotier, un jeune homme de la trentaine, n’a rien d’un malpropre apparemment. Ses mouvements entre la cuisine et le comptoir sont accompagnés du frou-frou de sa tenue qui était d’une propreté impeccable. Cependant, il suffit de jeter un coup d’œil sur les ustensiles de cuisine et les recoins de la gargote pour constater l’insalubrité du petit restaurant. Ainsi, les cafards que nous avons vus ne sont qu’un infime indice de l’impropreté des aliments vendus en ce lieu.

Quant aux gargotes, vendant “lambakhare”, du marché Allal El Kasmi, elles se caractérisent surtout par l’envolée des mouches qui noircissent souvent les tas de viande sur lesquels les clients se ruent, indifférents au ballet des insectes nocifs. Ces marchands de “lambakhare” ne respectent pas, en général, les règles de préparation également pour des raisons mercantiles évidentes. Pis encore, aucun de ces lieux n’est doté d’infrastructures sanitaires.

D’autre part, ce sont les fast-foods, les gargotes et les pizzerias qui seraient pointés du doigt, du moins de ces commerces qui ne respectent pas les règles élémentaires d’hygiène et de salubrité. Les conditions de préparation des mets sont parfois négligées et l’exemple le plus courant est l’utilisation de poissons périmés et de l’huile de table pour plusieurs opérations de friture et ce, au mépris de la santé du client qui consomme des frites, des sardines, des poissons et des omelettes à base d’huile périmée et impropre. En effet, les gérants de ces commerces, avides de gain facile, ne renouvellent pas l’huile lors des fritures et des cuissons, ce qui engendre irrémédiablement des maux d’estomac, des vomissements et des accès de fièvre chez les consommateurs. En plus, bon nombre de gargotes installent leur table, leur bouteille de gaz butane dans les lieux animés, surtout la nuit,  près de l’immeuble Kadiri, place El Hansali, place Allal El Kasmi, avenue Zerktouni , quartier Somic, tout autour de la gare routière, l’emplacement de l’ancienne gare routière, les alentours de la Kissaria Tazi, le marché central européen et autres pour proposer leurs produits: sardine, viande hachée, thon, œufs, oignons, poivre, harissa, saucisson, brochette, ou pomme de terre frite. Ce qui est aberrant et déplorable, c’est l’huile de table versée dans la poêle qui n’est point renouvelée, d’où les risques d’intoxication.

Les normes d’hygiène les plus élémentaires sont bafouées

Les risques d’intoxication alimentaire sont une sévère alerte en direction des responsables locaux qui doivent redoubler de vigilance, et également des citoyens qui sont appelés à veiller à la qualité de préparation des sandwiches, des pizzas, lambakhare, etc., car leur vie peut être mise en danger. De même, la chaîne de froid, les conditions de conservation des produits alimentaires, viandes blanches et rouges, poissons, mayonnaise, lait et dérivés, légumes et fruits doivent impérativement être respectées.

En plus, ce qui menace le plus les citoyens, ce sont les vendeurs ambulants de thon, de sandwichs, de biscuits, etc. Les enfants sont les plus exposés à d’éventuelles maladies. L’interdiction de telles activités est plus que souhaitable, puisque toute la marchandise est exposée au soleil, à la poussière… Pis encore, des vendeuses de pain se sont installées devant la porte d’une pissotière publique au marché Allal El Kasmi et juste à côté d’un dépotoir. Cela représente une véritable menace pour la santé humaine.

C’est vrai que les habitudes alimentaires se sont modifiées et les consommateurs s’orientent en général vers la restauration collective ; changer, c’est bien, mais il faut rester vigilant, car les toxi-infections alimentaires guettent. On comprend aussi le succès de ces gargotes qui représentent pour un grand nombre de personnes qui disposent de ressources limitées, la seule possibilité de manger hors de chez eux. De plus, ce type de vente est source de revenu régulier pour des milliers d’hommes et de femmes. Mais, la principale préoccupation en dehors de la sécurité sanitaire, c’est aussi les problèmes liés à l’assainissement (accumulation de déchets dans les rues et congestion des égouts), aux encombrements de la circulation générée par l’occupation illégale des trottoirs et des chaussées, aux problèmes sociaux (main-d’œuvre enfantine, concurrence déloyale vis-à-vis du commerce officiel, etc.).

C’est insoutenable, en effet, de voir les gargotiers inondant les lieux publics de la ville, surtout à la tombée de la nuit. Prélève-t-on des échantillons pour les remettre au service d’épidémiologie et de la médecine préventive pour analyse ? Vérifie-t-on les ustensiles utilisés par les commerçants ainsi que l’eau potable qu’ils utilisent pour la cuisson des aliments ? Ces propriétaires de gargotes suivent-ils les normes sanitaires ? Pourquoi le service provincial de contrôle et d’approvisionnement en coordination avec les services d’hygiène de la santé et la répression des fraudes n’effectuent pas des descentes permanentes dans ces commerces ? C’est la réputation de la ville qui en pâtit ! 

Dans ce contexte, l’association de défense des droits des consommateurs, qui d’ailleurs n’existent que sur les papiers, est appelée à jouer pleinement son rôle et à apporter son précieux concours aux services compétents chargés de veiller à la santé et au bien-être de la population.

Pour conclure, on peut déplorer l’absence presque totale de l’action du service d’hygiène. Sinon, comment comprendre que les gens soient laissés libres de vendre des produits alimentaires dans les rues sans aucune restriction réglementaire ?

Des mesures s’imposent

Tout commerce dans des gargotes ou sur les voies publiques, qui ne respecte pas les normes sanitaires doit être formellement interdit. En cas d’inobservation des lois et règlements, le gargotier doit être sévèrement puni et sanctionné conformément aux lois en vigueur. C’est pourquoi, les services concernés doivent dans les brefs délais soumettre une proposition de réactualisation des taux des amendes communales au conseil municipal. Toutefois, tant que les responsables n’allouent pas un emplacement bien précis à ces petits marchands de tous genres, ils continueront toujours d’investir les voies et places publiques pour gagner leur vie.