Dans un contexte global d’anarchie, la ville d’El Jadida, le Deauville Marocain, perd, de plus en plus, le visage traditionnel d’une agglomération à l’urbanisme bien étudié et en parfaite harmonie avec ses spécificités. Et ce grâce au savoir-faire de ses anciens responsables et décideurs.

L’administration de l’époque avait tout fait, avec abnégation et dévouement, pour que Mazagan /El Jadida soit la reine des plages et une ville où il y a un cadre de vie agréable.

Or, depuis quelques temps, l’aspect essentiel de la qualité du bâti a été non seulement négligé par les actuels décideurs, mais aussi encouragé par le laxisme et l’impunité qui continuent de faire des ravages dans le secteur.

Seules quelques constructions administratives et publiques échappent à ce phénomène. Quant aux monuments historiques, les places publiques, les parcs, la plage…, ils sont complètement défigurés par des décisions saugrenues.

Plus grave encore, rien n’a été fait par les responsables et les décideurs de la ville pour freiner, voire stopper, cette frénésie de l’occupation illégale et illicite de l’espace publique aux conséquences néfastes pour le cadre urbanistique et la qualité de vie. De même, l’on continue d’observer, sans broncher, la prolifération de nouvelles formes de « gommage » de la mémoire collective Jdidie.

El Jadida n’est plus que l’ombre d’elle-même. Étonnamment, la politique de la ville semble s’être arrêtée depuis les trois dernières élections municipales. Du coup, les gens sont fatigués, résignés, la vie sociale s’atténue petit à petit.

El Jadida pue parce que personne n’assume sa responsabilité. Les preuves concrètes, on les retrouve à chaque coin de la ville. Dans chaque quartier et chaque ruelle. Même dans les zones chics de la ville.

El Jadida était une ville qui savait parler à tous ceux qui étaient sourds par le poids de la beauté de son paysage naturel et artificiel et en même temps savait écouter tous ceux qui étaient muets, par le poids des mots magiques, c’était son mystère qui se conjuguait à travers trois temps ; le temps de la nature, le temps de l’esprit, et le temps du cœur. Aujourd’hui, Mazagan/El Jadida est répudiée, elle est négligée par ses élites, par ses enfants, par ses notables, elle est délaissée à…

Aujourd’hui Mazagan/El Jadida baigne dans l’indifférence, la négligence, l’ingratitude la plus absolue, la laideur. En plus, des nuisances acoustiques dépriment tout être cherchant détente, calme ou autres situations de bien-être.

La conservation, la protection et la sauvegarde des monuments historiques n’est pas au menu des responsables encore moins des élus. Même les lieux publics indispensables pour tout être humain sont détournés de leurs fonctions principales et en toute impunité. Mazagan/El Jadida ressemble ces derniers temps de plus en plus à une poubelle à ciel ouvert. Comme si on veut insinuer aux habitants de la ville qu’ils sont des citoyens sans éthique et encore moins d’éthique civique. Ainsi, les Jdidis traversent le temps à reculons pour mieux effacer l’ancien décor de l’âge d’or de leur belle ville où les bonnes odeurs de jasmin, des roses et autres fleurs qui embaumaient tout l’espace des quartiers du Deauville Marocain.

Mazagan/El Jadida est composée de segments bien distincts et le plus important, celui qui fait la tonalité de la ville est bien la plage, l’unique bijou restant dans l’écrin de la ville. Cette plage mérite une narration plus raffinée parce que cet endroit est connu par des gens, des personnalités physiques et morales …des quatre coins du pays et même au-delà de nos frontières .Historiquement, ce qui est passé à la plage a fui, et il est inutile de s’étaler sur cela. Ce que nous espérons aujourd’hui est vraiment absent. Mais le présent est à nous, dans son insignifiance, nous le vivons, nous le disons et nous le confessons à qui de droit, pour que la Plage, devenue fragile et putrescible, recommence à vivre la joie, le bonheur et le plaisir au milieu d’un environnement qui chasse la saleté et la violence de l’esprit avant même celui du sol. Ses visiteurs refusent de se recroqueviller dans sa platitude pour dire que la plage existe toujours, mais ne vit pas Messieurs les responsables et décideurs, car vous l’avez défigurée. C’est vrai, on ne peut pas corriger le passé, mais on peut corriger le présent pour vivre mieux le futur.

Mazagan/El Jadida est une ville souillée, saccagée et oubliée. Elle est livrée à son sort. Mais jusqu’à quand ?