Abattage d’arbres de façon illégale à El Jadida

Il semble que certaines personnes à El Jadida aient du mal à supporter les arbres.

Au XIX et XXème siècle, on plantait à El Jadida des washingtonias, des lauriers-roses, des eucalyptus, des pins, des acacias, des palmiers, des dragonniers, des Araucarias, des lagunarias (l’ibiscus d’Australie)… . Et que plante-t-on au XXIème siècle ? Quelle est la place réservée à l’arbre dans la ville d’El Jadida? Et plus particulièrement aux arbres du centre-ville?

Nos paysages peuvent évoluer très lentement et subir des transformations majeures sans que l’on n’y prenne vraiment garde. C’est le cas du centre-ville d’El Jadida. Un jour on entend parler de dragonniers abattus parce qu’ils ont été saccagés par des jeunes, un autre jour on entend parler de l’abattage de palmiers, un autre jour de grands et vieux lagunarias sont abattus, un autre jour on entend qu’il y a des menaces sur de vieux washingtonias…

Quand on se demande pourquoi, on entend qu’il y a des arbres encombrants ou dérangeants certaines personnes… On entend qu’il est normal d’assainir telle avenue  arborée de la ville et qu’il n’y a pas de soucis à le faire. Hé bien non, ce n’est pas aussi simple, car il y a un grave vice caché : on abat des grands arbres et on ne replantera jamais d’autres!

Ces derniers jours à El Jadida, pour les arbres de l’avenue Mohamed Errafi, c’est le massacre à la tronçonneuse ou à la scie ! On les coupe ou on use d’autres moyens pour les tuer. En effet, certains propriétaires des nouveaux immeubles ne se soucient point de la préservation de l’alignement d’arbres se trouvant en face de leurs constructions. Plusieurs cas d’abattage d’arbres de façon illégale ont été constatés. Le premier mauvais exemple vient, surtout, de l’actuel président du conseil municipal qui a édifié un immeuble dans cette avenue. Quatre palmiers ont été enlevés de l’intérieur de la villa détruite et qui lui donnaient une beauté exquise et 4 arbres du devant l’immeuble ont été coupés sans aucune pudeur. L’acte s’est propagé pour toucher d’autres propriétaires de commerces dont les arbres gênent la devanture ou un accès. Le cas d’un médecin, de trois cafés, d’un magasin,  d’un hôtel, d’un immeuble et d’un snack de cette même avenue qui ont eux aussi eu l’audace de s’être permis de scier des arbres du devant de leurs commerces. Et si on n’use pas d’un camion- nacelle ou d’une scie, on recourt à des moyens astucieux qui passent inaperçus. On tue à petit feu un arbre en déversant des produits toxiques sur ses racines. Ceci sans que les autorités locales et les services concernés ne se donnent la peine de réagir et interpeller « ces assassins ». Et les statistiques risquent de grimper encore. Pis encore, la gangrène s’est propagée dans d’autres coins du centre-ville telle que la place Hansali au vu et au su de tout le monde. « C’est une partie de notre patrimoine que l’on détruit, s’indigne Si Elmostafa. Bientôt, les oiseaux ne vont plus savoir où se poser. Le rêve des gérants de la ville, je le connais : des arbres en plastique, avec des oiseaux en tissu sur les branches et des haut-parleurs qui imitent leurs chants… Que ces ignorants sachent bien que partout où l’arbre a disparu, l’homme a été puni de son imprévoyance.». Quant à Hadj Mohammed, il nous a dit les larmes aux yeux : « Depuis plus de cinquante ans que je fais un tour dans ce coin paisible pour voir des Dragonniers centenaires, je les ai toujours cru plus forts  que tout. Ils ont résisté  aux aléas du temps, mais ils ont succombé à cause d’actes de vandalisme opérés par des jeunes. Pourtant, on ne cesse jamais d’organiser des manifestations pour parler de la charte de l’environnement… ! ».

Quel patrimoine végétal allons-nous donc transmettre à nos enfants à El Jadida de demain ? Le Deauville Marocain ne sera-t-il bientôt plus que minérale ? L’arbre est indispensable en milieu urbain. Symbole de vie et de longévité, il est plébiscité par les citadins.

L’arbre ne peut être considéré comme du mobilier urbain. Il doit être un élément central de tous les projets d’aménagement. Cet ouvrage présente une méthode simple et complète pour la réalisation de plantations en milieu construit.

Les arbres contribuent à l’amélioration de la qualité de l’air et ils embellissent également le milieu de vie. De ce fait, la municipalité et la préfecture se doivent d’assurer la préservation de l’ensemble des arbres se trouvant sur l’ensemble de la ville, et ce, dans l’intérêt de tous les citoyens.

Le gouverneur de la province devra appliquer la loi en matière d’abattage d’arbres en milieu urbain ; notamment le Dahir du 30 juin 1916 qui stipule qu’on ne peut abattre un arbre qu’après une autorisation et qu’on plante à la place d’un arbre abattu 20 autres. Devant ces agissements, que dit la loi ? Selon la législation nationale, l’abattage, le déplacement ou la transplantation d’un arbre nécessite une demande de l’intéressé exposant les motifs de ce déplacement (entrée de maison, de garage, de magasin, etc.). Après cette demande, une commission locale se déplace sur les lieux pour établir un constat et prendre une décision. S’il y a gêne, les services de la ville se chargent de l’abattage, à condition que le concerné veille à compenser l’arbre abattu par l’implantation par 20autres ailleurs, ou du déplacement. Si aucune destruction n’est justifiée par la commission, il est demandé à la personne concernée de s’abstenir de toucher à l’arbre sous peine de poursuites légales. Les palmiers, eux, sont protégés par un Dahir royal.

Les rôles des arbres en ville

L‘arbre en milieu urbain est avant tout source de bien-être physique et de santé mentale des citadins, en contribuant par sa présence à l’amélioration de la qualité de vie. II constitue une forme d’ambiance remarquable et suscite un sentiment d’admiration. Les espaces boisés permettent de maintenir une certaine proportion d’éléments naturels indispensables à l’équilibre psychique des individus. Les arbres et arbustes donnent une dimension humaine à la ville et au paysage urbain. Les plantations de rues créent un espace plus confortable pour les piétons. Les gens sont plus intéressés à circuler à pied, en empruntant des rues agréables. Les arbres servent également à séparer l’espace piétonnier de l’espace routier lorsqu’ils sont plantés en banquette et assurent ainsi un sentiment de sécurité aux piétons.

La végétation, particulièrement les arbres, améliore l’esthétique du paysage urbain en créant un changement de texture, un contraste de couleurs et de formes par rapport aux bâtiments adjacents. L’arbre d’ornement est caractérisé par la beauté de sa floraison spectaculaire, de son feuillage, de sa forme, de sa couleur, de la texture de son écorce et de toutes les autres caractéristiques ornementales.