« En se promenant (se faufilant irait mieux !) dans le centre et les ruelles d ‘El Jadida une immense et incommensurable tristesse m’a envahi jusqu’aux entrailles.
Qu’en est-il resté de la belle cité que j’ai adorée ? Rien, absolument rien ! Tout a été anéanti. Le centre-ville est devenu un véritable souk où marchands ambulants de tous genres jonchent les trottoirs où le piéton n’a plus où circuler, obligé qu’il est, de se partager la chaussée avec les voitures, dans un tintamarre de klaxons et de vociférations.
Devant l’ex-cinéma Dufour, aux alentours du défunt cinéma Métropole (Rif) ; c’est une véritable anarchie où vendeurs de chaussures côtoient ceux des sandwichs ou des figues de barbarie et autres fruits de saison exposés sur des charrettes qui défient toute mesure d’hygiène et de salubrité.
Mon désarroi a atteint son paroxysme lorsque je me suis aventuré dans les ruelles de la médina où détritus et immondices s’amoncellent dans un spectacle de désolation.
Où est passée El Jadida des années 60 ? Elle a tout simplement disparu au grand dam de ceux qui, comme moi, ont connu le cinéma Marhaba,
l’hôtel Marhaba, le café Yacoubi et les succulentes brochettes de Bba Mahmoud, le café Sordo, le cinéma Dufour, le cercle de l ‘Alliance, le café Français, la Marquise et bien d ‘ autres spécificités de ce que fut Mazagan la magnifique !
Même le Difâa a périclité dans ce terrible naufrage .Quant à l’EJUC…».