Quand la “mafia du sable” écume
la zone littorale des Doukkala
Le pillage de sable dans la province d’El Jadida est un phénomène qui prend des proportions alarmantes. Cet acte illégal et illicite fait l’objet d’un trafic organisé à grande échelle à travers les plages de tous les Doukkala. Les pillards agissent au vu et au su de tout le monde. Pour preuve, la saisie de plus de 19 tonnes de sable entreposés dans un terrain vague à El Jadida.
Mardi 23 Décembre 2014, les autorités ont saisi plus de 19 tonnes de sable entreposés dans un terrain vague à El Jadida appartenant à un élu du conseil municipal d’El Jadida. À cette quantité, s’ajoute deux camions qui ont été utilisés dans le transport de cette matière. Et d’après les premières constations et les premiers aveux des chauffeurs de camions arrêtés, le sable a été extrait la nuit d’un terrain du chantier de construction d’un café à Sidi Bouzid.
La justice, saisie, a ordonné l’ouverture d’une enquête et la mise en fourrière des deux camions. Le soir, deux individus (un entrepreneur et un intermédiaire) ont été arrêtés.
Mais comment les services concernés n’ont pu remarquer l’extraction et le transport de toute cette quantité de sable au moment opportun ?
Certainement, les pillards agissent au vu et au su de tout le monde. Et même si l’activité est interdite à Sidi Bouzid et dans toutes les plages à toute exploitation depuis bien des années par arrêté, les sablières n’ont pourtant jamais connu de répit. Durant la journée, ce sont de simples manœuvres qui essayent de gagner leur vie avec des pelles. Mais le grand massacre, c’est au tombé de la nuit qu’il a lieu. Toute une armada de prédateurs avec les nombreuses pelles mécaniques et autres engins éventrent les plages et autres terrains dans le noir. On peut parler, sans exagération aucune, de “mafia du sable” dans la zone littorale avec la bénédiction de certains corrompus. Car, le dispositif répressif reste timide comparativement à la force de frappe et aux moyens utilisés par les pilleurs nocturnes. Et ce n’est là que la partie visible de l’iceberg ; la majorité écrasante des opérations de pillage sont en fait passées sous silence, continuant ainsi de provoquer des pertes énormes aux communes côtières. Il s’agit donc d’un marché juteux géré par de puissantes personnes locales très organisées. Un marché qui génère des profits immenses. Mais, ce pillage en règle du patrimoine environnemental ne semble pas inquiéter les responsables du secteur et les pouvoirs publics d’une manière générale. Certaines sources affirment que plusieurs entrepreneurs sont impliqués dans le pillage de sable pour approvisionner leurs chantiers à des prix réduits. Elles affirment même qu’il existe aussi des entrepôts illégaux dans lesquels sont stockées des tonnes de sable. Il est donc du devoir des autorités provinciales de faire face à la mafia qui exploite illégalement le sable et mettre fin à véritable grande razzia avant qu’une catastrophe écologique ne soit déclarée et qu’on ne défigure ainsi la nature. Car ces pilleurs/prédateurs de sable menacent vraiment la disparition de la végétation et accélèrent le processus du déséquilibre de la nature.
Le coup de filet effectué par les forces de l’ordre contribuera t-il vraiment à stopper ce phénomène, d’autant plus que les grands pilleurs, qui savent comment échapper des tenailles de la loi, ne sont pas inquiétés ?