La ville d’El Jadida, jadis un havre de paix où il faisait bon vivre, devient une jungle où tout le monde fait ce que bon lui semble. Bien que connue pour être le Deauville Marocain depuis longtemps, El Jadida, qui a explosé du fait d’une démographie galopante, a changé de statut pour voir ses ruelles et venelles transformées en marchés sauvages, voir en zones de non-droit. L’absence des pouvoirs publics, ajoutée à une indifférence outrageante des services de l’ordre, ne concourt pas à l’apaisement. Ses habitants demeurent otage d’une anarchie due au non-respect total de la circulation, de l’urbanisme, de l’environnement, de la propreté, du civisme, du stationnement et autres squats de trottoirs.
Pendant que les élus du Conseil Municipal ainsi que les autres responsables s’entre-déchirent pour leurs intérêts privés respectifs, l’informel, la « siba » et l’anarchie prospèrent à l’ombre.
Par conséquent, certains conducteurs de véhicules, qui se croient être « Âliyates Al Kawm », usent de toutes leurs forces et défient même la police. Cette dernière est devenue indifférente face à l’anarchie. Griller un “feu-rouge” ou un “stop” devant un policier est devenu un fait banal. Face à cette situation, ces policiers préfèrent supplier ces conducteurs au lieu de leur infliger une amende comme se fait ailleurs. Certains d’entre eux osent même insulter les gens lorsque ces derniers tentent de traverser la route sur un passage piéton.
D’autre part, la saleté gagne de plus en plus le centre-ville comme ses quartiers périphériques, à croire que, quelque part, on ne veut pas que les choses s’améliorent pour des raisons inconnues. L’incivisme du citoyen complique encore la tâche. Jeter par exemple les peaux des figues de barbarie sur le trottoir est quelque chose de “normal”. La défaillance ne se limite pas à ce volet, elle s’étend également à l’éclairage public dans les quartiers populaires, l’embellissement de la cité et le bitumage. Là aussi, l’état des lieux est des plus catastrophiques avec de l’obscurité et un patrimoine fortement dégradé par le manque d’entretien.
Au centre-ville, on se croit dans une véritable zone d’activité où l’anarchie règne devant le silence complice des autorités locales et des services de l’ordre. Les becaks à trois roues et les chariots tirés par des ânes ou des mules, sillonnent en toutes impunités et en toutes quiétudes les rues et les grandes artères de la ville au mépris de toutes réglementations et au détriment de la vie des passants. Les ateliers et des usines clandestins de tout genre poussent comme des champignons et dégagent sur les trottoirs leurs produits et déchets toxiques. Après les nuisances sonores et ces déchets, voici que les propriétaires de ces ateliers s’approprient maintenant des espaces, des portions de rues et de trottoirs pour les besoins de stockage de produits et de marchandises. Les logements n’ont pas échappé à cette anarchie urbaine. Beaucoup de locataires et de propriétaires se sont permis de réserver des espaces publics pour eux.
Du côté du centre-ville et des rues avoisinantes, le passage des piétons ou même des voitures est devenu un vrai calvaire, puisque les commerces, les cafés et les kiosques construits anarchiquement, ont non seulement squatté les trottoirs mais aussi les chaussées, dans une impunité absolue et un total mépris de la loi.
Et, devant l’absence de contrôle sérieux et efficace, les constructions anarchiques sur le domaine public se sont multipliées comme des champignons à travers la ville, au grand dam d’une municipalité impuissante ou complice.
Du côté de la corniche et de la plage, la fièvre mercantiliste n’a plus de limites à El Jadida, où même la corniche et la plage sont squattées par une nuée de marchands ambulants informels qui ont littéralement «colonisé» ces espaces.
Le plus grave dans cette affaire c’est que nombreux parmi ces « hors-la-loi » se justifient d’avoir obtenu des autorisations de l’actuel conseil municipal « pour gagner leur pain ». Ce regrettable et triste décor qui indubitablement n’honore en rien ni la province d’El Jadida ni la Wilaya Casa-Settat, est d’autant plus regrettable qu’il se déroule sur une plage censée être l’une des coquettes vitrines de la ville. Une image qui fait mal au cœur de tout Marocain. Car comme le fait remarquer un citoyen: «Admettre et fermer les yeux sur ce triste décor dans la plage, nous donne le droit d’incriminer aussi bien le Conseil Municipal que les autorités provinciales et locales qui ferment l’œil et n’ont pas honte de voir ce spectacle déshonorant sur une si majestueuse plage. Ceci relève de la pure aberration».
D’ailleurs un responsable de la ville ne le cache pas. Selon lui, étant donné que les gens veulent seulement gagner leur pain quotidien, il vaut mieux appliquer la politique « d’âïn mica »! Ainsi donc, la devise pour les responsables de la ville est de régulariser l’anarchie même si cela est contraire aux lois et aux intérêts de la ville.
El Jadida est devenue aussi au fil du temps une ville totalement soumise au joug des gardiens illicites de parkings, en l’absence d’une main de fer de la force publique. Les habitants de la ville sont confrontés malgré eux aux caprices de ces malfrats qui donnent l’allure d’être plutôt affiliés à des bandes maffieuses organisées. Aujourd’hui, c’est incontestablement l’un des grands maux qui rongent la ville puisque ces « foutouas » n’ont d’autre visée que de faire main basse sur les rues et les ruelles, notamment celles du centre-ville et du littoral.
Les élus et les autorités ont favorisé l’anarchie en tolérant ces dépassements et ils assimilent cela à de l’emploi des jeunes… Mais là où le bât blesse, c’est qu’il est pratiquement impossible de stationner, même pour acheter une bouteille d’eau minérale, sans se faire racketter par ces gardiens clandestins, armés de gourdins, dont on dit que la plupart sont des repris de justice. Et attention à qui ose dire non. Généralement tatoués, balafrés et donnant l’allure d’un véritable “concentré de calamités”, les « foutouas » imposent la loi de la jungle au grand jour. À chaque rue, ruelle, boulevard, placette et aux alentours des mosquées et marchés, les propriétaires de véhicules qui osent stationner sont soumis quotidiennement à la dîme, de gré ou de force, à défaut de voir leurs biens saccagés, sans que personne n’intervienne.
Ainsi, tous les coins et recoins se dégradent à vue d’œil, alors qu’ils sont confrontés à des déboires à n’en plus finir. Dans cette grande vadrouille du commerce informel et de la « siba », les habitants dénoncent l’inertie des gérants de la ville qui n’interviennent jamais pour réguler les choses et réglementer les activités. Dès le début du mois de Juillet, les commerçants du centre-ville n’ont pas cessé d’ailleurs de se plaindre de cette situation révoltante, surtout que l’occupation des trottoirs et chaussées est devenue, au fil des années, de plus en plus inquiétante. Et, après 21 heures, le moins que l’on puisse dire, c’est la pagaille du côté du marché Allal El Kasmi et de la place El Hansali où des tonnes de produits principalement alimentaires, qui échappent à tout contrôle sanitaire et surtout une menace réelle pour la santé publique, sont déversées sur la chaussée. Certains endroits sont transformés en dépotoirs et en latrines d’où se dégagent des odeurs pestilentielles. Pour certains commerçants, c’est un désordre qui vient de révéler la passivité flagrante dont a fait preuve les élus et les autorités, du fait de leur absence totale de discernement, de leur laxisme, de leur manque de perspicacité, de leur résignation, leur comportement timoré, pour ne pas avoir adopter les résolutions qui s’imposent à toute société, à savoir disposer d’une stratégie nette et conséquente de prise en charge de l’ensemble de la société. Mais en fait, ya-il vraiment à El Jadida une autorité provinciale et locale et un conseil municipal ? Peut-être sur papier !
Pis encore, il est devenu pratiquement difficile, voire impossible pour une jeune fille ou une femme seule, de vaquer à ses occupations, de se promener ou de flâner dans les rues sans être constamment harcelée par des nuées de jeunes en “embuscades” dans tous les coins de ces rues. Ces femmes subissent toutes sortes d’interpellations, des remarques désobligeantes et même l’agression verbale pour ne pas dire un harcèlement permanent par ces faunes de jeunes désœuvrés. Les rues sont squattées par cette catégorie de jeunes qui s’en prennent à ces passantes pour les interpeller bruyamment, sans ménagement, sans raisons et sans retenues parfois. Ils n’ont de respect pour personne. Gare à celui ou celle qui s’interpose pour faire barrage à leur sales besognes. La gente féminine est ainsi devenue leur objet de prédilection et leur terrain de chasse en s’attaquant à toutes celles qui passent à proximité et même aux couples et aux familles pour exprimer certainement leurs “ardeurs” mal refoulés.
Ainsi, jamais la ville d’El Jadida n’a connu une déchéance aussi épouvantable à fendre le cœur de tous ses enfants, que celle qu’elle est en train de connaître actuellement. En effet, l’anarchie s’y est instaurée dans son expression la plus sauvage et s’y est développée à cause de la passivité ou de l’indifférence des responsables.
Et il suffit dans ce cadre de faire un petit tour du côté des marchés, du centre-ville, de la plage ou même du côté du port pour s’en rendre compte.
Face à l’absence totale de toute forme d’autorité et devant la passivité étonnante et complice des autorités locales censées être le garant de l’ordre, El Jadida s’est transformé en une ville hors-la-loi où chacun fait à sa guise.
Les gens en ont marre et ils le font savoir à travers des messages et des commentaires sur les réseaux sociaux. Il serait donc essentiellement temps que les autorités provinciales de cette belle ville, s’entendent à prendre ce dossier en main et fassent de la ville de Mazagan, l’endroit paradisiaque qu’espèrent les Jdidis et les touristes.
Et, face à la tournure inquiétante des événements et devant la passivité complice et révoltante des autorités provinciales et locales, les Jdidis lancent un cri de cœur demandant à mettre fin à cette « siba » pour sauver ce qui reste de leur ville. Ils appellent, dans ce sens, les autorités et particulièrement le président du gouvernement, le ministre de l’Intérieur et le directeur général de la Direction générale de la Sûreté Nationale à intervenir au plus vite pour mettre un terme aux dépassements avant que la ville El Jadida ne devienne carrément invivable.