El Jadida a fait plus que décevoir
lors de la saison estivale
Jawhara et Malhouniates ont-il sauvé la face d’El Jadida durant cette haute saison estivale, considérée par nombre d’observateurs comme étant des plus acides et des plus banales, d’autant plus que cette Province du même nom, s’est déclarée ouvertement représenter une destination touristique en puissance et un refuge balnéaire à toute épreuve ?
Maintenant que les dernières valises se sont bouclées et que les girouettes ont changé leur direction au propre comme au figuré, l’interrogation mérite bien qu’on lui accorde un regard reflétant la signification propre à ces étapes phares ainsi qu’une lecture de second degré, bien loin des interférences bouillonnantes et des radioscopies souvent simplistes qui omettent à tord ou à raison de centrer ces deux événements dans une optique plus élargie et dans un cadre global plus approprié.
En tout cas, ce qui est certain et quoi qu’en pensent les uns ou les autres, les seules festivités ayant pu et su comment attiser l’euphorie collective en cette période de détente se sont résumées aux seuls événements précités qui se sont imposés en ilots salvateurs où fleurissent les plaisirs du défoulement et les sensations de la joie de vivre. Tout autour, c’est une ville « bateau ivre » qui a dérivé sous l’impact des courants de l’absurde et des rafales de l’irresponsabilité. Tout autour, c’est une El Jadida, banalisées à l’extrême et surtout ruralisée dans le désordre et la cohue qui a ouvert ses portes aux dizaines de milliers de fidèles qui ne comprendront jamais pourquoi un tel gâchis, ni comment se peut-il que les roses les plus belles tendent soudainement à flétrir et à sentir le fade aux plus beaux moments qui annoncent l’éclosion de leurs bourgeons.
Il est vrai qu’El Jadida n’est pas à sa première déception en pareille période. Non pas qu’elle a perdu son charme naturel ou que les instances centrales et provinciales ne redoublent pas d’efforts et d’initiatives pour en faire un havre de villégiature et du mieux vivre. Seulement, à chaque fois, la machine se grippe quelque part. Cela devient un véritable leitmotiv : les esprit censés crédibiliser toutes ces attentions et partant, les attentes des citoyens, voguent allégrement au delà des vraies arènes du jeu, ne cristallisant leur intelligence, leurs efforts et leurs devoirs de politiques qu’autour d’un égoïsme réducteur et une responsabilité mitigée dont la marge de manœuvre ne dépasse guère l’intérêt individuel et au mieux, celui d’une « confrérie » très restreinte.
Ce qui est vrai aussi, c’est que Jamais saison estivale ne s’est prononcée avec autant d’insolence et de vile esprit d’irresponsabilité de la part des gérants d’El Jadida, cette ville qui hier encore, se proclamait reine de l’Atlantique et havre de douceur pour les touristes étrangers comme pour les vacanciers d’intérieur en quête d’une fugitive évasion où les heures sont très volatiles et ne se comptent qu’en terme d’une journée ou de quelques heures.
Jamais El Jadida ne s’est dénudée avec autant d’indécence en fléchissant les genoux à ras le sol narguant en une sorte de défit muet tous ceux qui ont cru un jour ou croient aujourd’hui encore que cette contrée aux mille et une promesse ne peut en aucune manière sombrer dans les fanges de l’avilissement et du ridicule d’une saison catastrophe rudement ressentie aussi bien par les visiteurs qui ont vidé les lieux en emportant dans leurs carnets de souvenir de beaux points d’interrogation, que par les locaux en rupture d’arguments pour justifier à leurs invités les raisons d’une glissade aussi vertigineuse que douloureuse.
Bien qu’ayant perdu son pavillon bleu en cours de route, et pour cause, la plage d’El Jadida n’a pas manqué de faire entendre son rituel chant de sirène, appâtant ainsi un flux considérable de fidèles habitués et d’imprudents fêtards à la recherche de belles aventures. Fort malheureusement la mélodie de cette saison s’est avérée truffée de fausses notes aussi grosses que grotesques, laissant perplexes tous ceux dont le nom d’El Jadida, plus connue ailleurs sous le nom de Mazagan, représentait la fraîcheur d’une baie qui perce le cœur d’un centre ville, le rire des mouettes qui font la ronde des sentinelles tout autour de l’exceptionnelle cité portugaise sans jamais oublier de piquer une tête dans les eaux huileuses du vieux port de la place. Pour beaucoup, El Jadida représentait aussi des bouquets d’Araucaria et un chapelet d’essences aussi diverses que rarissimes dont les origines défient toute remontée de temps. Mazagan, telle que encore et toujours gravée dans la mémoire collective, incarnait surtout la douceur de vivre, les promenades à poumons ouverts, les veillées dans la joie et la quiétude, la propreté de ses ruelles… autant de vertus qui ne motivent plus les représentants de la collectivité, même au prix du préjudice qu’on inflige aux milliers de visiteurs qui ont jeté leur dévolu sur cette destination supposée (à grands tambours d’ailleurs) renforcer la trame touristique de ce secteur stratégique dans la politique de développement du pays.
A défaut de charmer, El Jadida a fait plus que décevoir cette saison. A défaut de conquérir les cœurs, El Jadida a mortifié ceux de ses ultimes fidèles. A défaut de s’accaparer la une des supports médiatiques les plus sérieux, pour faire étalage des effets les plus attractifs ayant pu meubler sa saison estivale à laquelle on consacrait auparavant les manchettes les plus succulentes, El Jadida a été dans l’obligation de se confiner dans un anonymat déroutant, prenant ses distances des plumes saines pour donner libre cours aux coulées d’une encre qui sent les caniveaux et les relents de la charogne.
Ce serait vraiment une perte sèche en temps et en énergie que de répertorier toutes les absurdités et manquement de devoir sous le poids desquels El Jadida a courbé l’échine sans secours et sans la moindre résistance. Le brouillard est devenu si dense que tous les signaux de détresse se sont abimés sur le mur du silence ou se sont égarés dans les méandres de l’indifférence. Cette saison charnière entre le beau des espérances et le souillon du vécu n’a pas manqué de faire tiquer les composantes du dernier carré des fidèles qui ont prêté serment à cette entité territoriale et dont l’allégeance a tendance à s’effriter à mesure qu’El Jadida s’égare d’année en année vers les abysses de l’inconnu.
Maintenant que les horizons d’été déclinent leurs révérences, que les dernières valises se bouclent avec hâte et que seuls quelques retardataires consomment avec grand dépit les quelques moments de leur repos de guerrier, nous estimons qu’il est du devoir de nous tous d’arrêter les pendules ne serait-ce que le temps d’une réflexion paisible mais responsable pour déterminer les maillons faibles d’une saison pas comme les autres dont le déroulement, selon nombre de témoignages, a été nettement marqué par un laisser aller des plus flagrants, d’où la frustration largement justifiée de tous ceux qui disent sèchement avoir misé sur la mauvaise carte , ou d’une manière plus polie « El Jadida reste une très belle ville certes…mais l’immaturité de ses gestionnaires semble les faire pencher vers d’autres priorités … timing électoral oblige ».
Il est dit quelques part, qu’en matière de politique de proximité, les erreurs les plus anodines sont souvent les plus fatales et risquent indéniablement de couter très cher à tous ceux qui se prélassent à l’ombre des excès de confiance et n’accordent qu’une attention bassement légère à leur environnement immédiat. Et cette « fatalité » qui a pris corps à El Jadida, suite au récent scrutin du 4 Septembre n’est en fait que la résultante d’un cumul de bévues plus ou moins graves et d’un surdimensionnements du sens pouvoir, ayant donné libre cours à un véritable sentiment d’impunité avec tout ce qui s’en suit comme erreurs de parcours. Délibérément ou par inadvertance, El Jadida a résonné au son du vide et du laisser aller flagrant et réducteur, sans prendre en compte ce retour de manivelle qui peut à tout moment bousculer toutes les tables de calculs pour changer la donne au moment où l’on s’y attendait le moins.
Depuis quelques jours à peine, les urnes d’El Jadida ont donné leur verdict. La ville change de pied et les nouveaux locataires de la « Sacro-sainte » commune urbaine sont parait-il d’une autre trempe. Il parait aussi qu’ils ramènent dans leurs bagages une petite brise de crédibilité à même d’insuffler cet air de changement dont d’autres nous ont beaucoup parlé, sans jamais nous donner l’occasion d’en saisir le moindre frémissement.
Et rebelote. La démocratie a distribué ses nouvelles cartes. Des cartes plus ou moins vierges et pas encore marquées par les souillures du jeu. En face c’est tout une ville qui est en spectative en échafaudant déjà mille et une petite attente, mille et un petit espoir pour que sa mise soit cette fois la bonne… et cela rejoint notre souhait, sans pour autant nous libérer de toute vigilance.