Azemmour, par son brassage des populations a engendré une belle tolérance religieuse jusqu’à devenir un centre spirituel majeur. Car il était question d’une vie en société, raffinée dans le temps, promue et vécue par les habitants et transmise aux générations et aux descendances dans un esprit de respect des valeurs de tolérance, de cohabitation et de main tendue à l’autre sans se soucier des différences confessionnelles qui peuvent exister. Cette ville, célèbre pour son «musée à ciel ouvert» qui s’associe à un passé historique millénaire, est une ville des Saints, appelée ainsi en raison de ses plusieurs mosquées, zaouïas et tombeaux. La ville d’Azemmour compte plusieurs mosquées, zaouïas et tombeaux.
Parmi les plus importantes mosquées de la ville, nous citons Jamaa El Kbir, El Kasba, Zitoune, Sidi Khdim, Zaouïa Tijania et Moulay Bouchaïb Erreddad. Le nombre des zaouïas dans la ville d’Azemmour montre l’importance du mouvement religieux dans cette cité historique. La plupart des zaouïas se trouvent dans l’ancienne Médina. La ville compte quatorze zaouïas dont les plus importantes sont la zaouïaTijania, la zaouïa Chadlia, la zaouïa Darkaouia, la Zaouïa Al Rhazia, la Zaouïa El Aissaouia, la Zaouïa Hamdouchia, la zaouïa El Badaouia et la zaouia Al Mokhtaria.
À côté du saint-patron de la ville, Moulay Bouchaïb Erreddad, la ville d’Azemmour renferme un grand nombre de tombeaux de saints parmi eux on note Sidi Abou Nasr, Sidi Yahia, Sidi Mohamed Ben Abdellah, Sidi Ghanem, Sidi Ahmed Jbilou, Sidi Abou-Ali Mansour El Mastassi connu sous le nom Sidi Ali Ben Rhaït, Sidi Ali Ouâlamou, Sidi Ouadoud, Sidi Mokhfi, Sidi Mekki Cherkaoui, Sidi Jillali Meniari et Lalla Aïcha El Bahria. Quant aux juifs Azemmouris, ils avaient eux aussi leurs saints vénérés : Rabbi Abraham Ben Natane et Rabbi Abraham Moul-Niss. Le mausolée de ce dernier est visité annuellement par des milliers de juifs et de musulmans. On avance que ce mausolée n’était qu’une sorte de grotte (une forme de Khaloua) avant le début des années 40.
Ainsi, la ville d’Azemmour, où les communautés juives et musulmanes vivaient en paix et en harmonie, donnait l’exemple en matière de cohabitation, d’entente et de brassage confessionnel (musulman, juif et chrétien). Elle reflète toujours l’esprit d’un Maroc pluriel, multiethnique et tolérant, comme en témoignent ses différentes zaouïas, mosquées, saints musulmans et juifs. De nombreuses familles juives reviennent chaque année à Azemmour pour entreprendre un pèlerinage sentimental dans les dédales de cette ville millénaire, revoir le Mellah et célébrer la hilloula du Tsadik Rabbi Abraham Moul-Niss.
Évidemment, à Azemmour, la liberté de pratiquer d’autres croyances religieuses était une réalité (les chrétiens et les juifs vivaient à Azemmour et une église a même été construite pour permettre aux chrétiens de pratiquer leur culte). Azemmour offrait donc au monde entier l’exemple d’une coexistence harmonieuse entre ses différentes communautés ethniques et confessions religieuses. Azemmour a donc forgé l’image d’un lieu où les cultures, les croyances, les langues et les traditions se sont mélangées librement, sans aucun préjugé ni sentiment de haine.
À signaler que pour l’œil d’un visiteur, le choix architectural d’Azemmour peut paraître traditionnel, mais s’il sait lire entre les lignes de son histoire, il pourra voir son âme. Azemmour a été conçue et construite dans un climat d’excellence et, aujourd’hui encore, bien que mal sauvegardée, elle conserve sa superbe. Ces maisons et ses riads auraient dû constituer le point de départ d’un développement urbanistique magistral dans sa continuité, mais visiblement, les contraintes socio-économiques d’aujourd’hui ont relégué, au second plan, la spécificité architecturale d’Azemmour. Pour sauver l’identité urbaine d’Azemmour, nous devons donc commencer par la comprendre tout en tenant compte de la spécificité de son héritage culturel et spirituel fortement présent. Sauvons dons l’héritage architectural d’Azemmour afin de sauver en même temps son identité de ville de cohabitation, d’entente et de brassage confessionnel.