Capitale marocaine des loisirs artistiques, d’architecture éclectique, et des sports distingués, jusqu’au milieu des années 70, El Jadida a vu s’évanouir en nombre, ses bâtiments aux différents styles architecturaux, ses cinémas de plein centre, et ses activités sportives, qui donnaient à notre cité un charme rare et délicieux.
Le cinéma Marhaba fut le premier sacrifié sur l’autel de ce barbare panthéon. Cet acte inconcevable, reste à ce jour le triste symbole d’une désastreuse entreprise qui continue à œuvrer sans relâche. Ce monument, symbole parmi d’autres de ce que fut la vie culturelle à El Jadida, symbolise par sa disparition ce qu’elle est devenue. Son architecture d’inspiration art-déco, donnait à notre ville, avec d’autres bâtiments du même style, et nos hauts Washingtonias, des airs de South Beach. Il succomba à un guet-apens nocturne, en cette « Annus Horribilis » de 1999, où il fut mis à terre, la veille de son classement, dit-on, pour laisser place à l’usurpateur de verre et d’acier que nous connaissant aujourd’hui. Ce triste événement, donna le coup d’envoi à ce qui deviendra, une médiocrité triomphante et généralisée, qui finira par prendre possession de toute la ville. Image Ô combien parlante, des connivences et du mauvais gout, qui minent depuis, notre cité?
Rien ne sera plus épargné à El Jadida la coquette. Les deux autres cinémas du centre-ville, Paris-Ciné et Rif, connaîtront vite fait la même destinée, et seront remplacés, comme après chaque carnage, par de hauts murs à trous, montés sur Quissaarias ou cafés. Triste remplacement et signe énonciateur d’une effroyable décadence que notre ville et nous-même subissons jusqu’à aujourd’hui. On est alors passé, de la culture de proximité, à l’ignorance étendue.
Nos demeures privées aux belles façades, qui fleurissaient à Derb Ghalef, et entre la Cité Portugaise et le Château Rouge, aux entrées voutées, si typiques, aux proportions agréables avec frises et corniches, et surtout à l’alignement parfait, sans surplomb ni surélévation, ont dû aussi, contraintes, laisser place à des blocus sans âmes ni le moindre effort esthétique. De simple dortoirs en ville, si chers à la commune, et si éloignés de l’esprit d’un Frédéric Bony, d’un Amédée Delaporte d’un Jean-Georges Grel, d’un Michel Ecochard, ou d’un Abdeslem Faraoui.
Nos coquettes villas de plain-pied des avenues Mohammed VI, Nakhil et d’autres, sont impitoyablement chassées par de difformes immeubles aux rez-de-chaussée surélevés, et aux façades surplombées et mal alignées, bafouant toutes les règles de l’esthétisme qui ont commandé à l’architecture depuis la plus haute antiquité, jusqu’à rendre nul, le nombre d’or.
Pour faire des villes gratifiantes pour l’esprit humain, l’approche doit être, esthétique, culturelle, et environnementale, le tout sur fond d’histoire. Lorsque l’approche est uniquement pécuniaire, lorsque le désir d’accumulation de simples billets de banque, l’emporte sur le souci moral qui doit présider à toutes choses, on est indéniablement en déclin civilisationnel.
Alors que le Maroc, pays de la COP 22, cherche à se hisser, par une volonté royale hautement avisée, en tête des pays les plus engagés pour l’environnement, les espaces verts dans notre ville, diminuent de manière inquiétante, et tendent même à disparaitre autour d’elle. La population à El Jadida, ayant décuplé depuis la fin du protectorat, son besoin en végétation devient plus pressant, et même d’utilité publique, en raison des émanations atmosphériques liée au port phosphatier, de Jorf Lasfar, que nous espérons voir soulager par la création d’autres parcs industriels du même genre, dans d’autres régions. D’autant plus que la ceinture verte ordonnée par Feu le Roi Hassan II, lors de l’inauguration dudit port, n’a toujours pas vu le jour.
Nous sommes, bien évidemment très loin, dans notre ville, du ratio de l’OMS, qui recommande 12 m² d’espaces verts de proximités, par habitant. Et se rabaisser moralement, jusqu’à travestir les cimetières en espaces verts, dans un projet de plan d’aménagement, ne change rien à la triste réalité. L’OMS parle bien de proximité, c’est-à-dire de parcs au milieu de la ville, et non d’un projet de je ne sais combien d’hectares, qui servent toujours de décharge à la périphérie, ou s’amoncellent des déchets non-traités, qui ont plus l’air d’un faux alibi, que d’un soudain sursaut de conscience écologique des édiles. Du foncier pouvant être valorisé en parcs au milieu de notre ville, nous en avons encore. Le terrain de l’ancien hôtel Doukkala, celui formant l’ilot entre les lycées Razi et Hansali, l’ancien Camp Kieffer limitrophe de la Province, ou encore ce qui reste de terrains sur la route côtière de Sidi Bouzid, ou encore l’ancien camp Kieffer, limitrophe de la Province, peuvent très bien accueillir des projets de cette importance pour le bien commun. Notre foncier en ces endroits et d’autres, n’est quand même pas plus important que celui des parcs royaux de Londres, ou de Central park sur l’île de Manhattan à New-York, qui font plusieurs centaines d’hectares dans des quartiers parmi les plus chères au monde.
Les extensions de la ville, et les constructions illégales qui l’assiègent, la muent en une ville-dortoir, écrasée sous des suites de barres d’immeubles mal alignés et surélevés, qui nous éloignent, chaque jour, de la douceur de vivre et de l’esthétique architecturale, si attachés jadis au nom d’El Jadida.
Ces extensions, et ces constructions, faites contre la ville, se font aussi au détriment de ses terres arables, et ce, malgré le fait que notre pays soit soumis à un climat semi-aride, et touché par le phénomène de désertification. Ce genre de décisions peut s’avérer néfaste en matière de sécurité alimentaire et hydrique, et engendrer d’importants problèmes sociaux. La disparition du pétrichor qui embaumait jadis toute la ville après chaque pluie, est un signe parmi d’autres, de l’impact négatif de ces phénomènes sur notre l’environnement local.
Nos espaces boisés ne sont pas épargnés non plus. La très belle forêt périurbaine de Haouzia, plantée durant le « protectorat », qui rafraîchit et purifie l’air d’El Jadida qui en a bien besoin, se rétrécit chaque jour sous les coups de « nouveaux projets ». Un est même qualifié d’« Intelligent », heureusement dirait l’autre. Comme si notre pays se trouvait dans les zones au climat océanique et humide d’Europe du Nord, et que son territoire débordait de forêts. « Il faut faire béton sur toute terre », tel est le nauséabond cri de guerre contre notre ville. Nos souvenirs, notre patrimoine, notre qualité de vie sont recelés contre du papier-monnaie. Vil prix et vil commerce.
Ce fléau, des immeubles surélevés et surplombés, qui s’est abattu sur nos premiers pavillons et villas, plein de charmes, sous l’irrecevable prétexte de la rareté du foncier, ou encore d’une plus grande accessibilité aux logements, constitue avec les extensions “sociales” e la ville, les causes principales, de la grande dégradation de notre environnement citadin. Les villas et pavillons sont bien plus utiles, par leurs jardins, à l’écosystème urbain, que des immeubles multipliant la densité de la population et augmentant, par conséquent l’empreinte écologique de la ville. Il existe bien du foncier à distance raisonnable de la ville, qui soit, non-propice à la production agraire, et donc plus apte à accueillir ces formes de logements en copropriété verticale. En respectant bien évidemment et toujours, les règles liées au bien-être des habitants, en termes d’architecture, d’environnement et de culture. Nous gagnerons bien plus à espacer des ilots d’habitations par des zones vertes, qu’a étendre des villes par du béton.
Notre ville, ne cesse de se distinguer tristement, depuis presque trente ans, à tel point qu’un classement au rang de Patrimoine mondial, n’a point suffi à faire barrage aux plaies qui s’abattent sur sa mémoire. Après le gâchage de la vue sur les remparts du Mellah, par plusieurs bâtiments construits sur le port, dont le plus massif est apparu en plusieurs étages, il y a moins d’un an, voilà que notre forteresse bastionnée, fleuron d’architecture militaire, typique des débuts de l’artillerie, et classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 2004, subit à nouveau, le sort qui frappe, sans distinction toute une ville. Des travaux à la pelleteuse ont débuté au mois d’août, sur le quai de l’ancien port portugais. Un vrai « massacre à la pelleteuse », qui consiste à enlever de belles et imposantes pierres de tailles, plusieurs fois centenaires, pour les remplacer par un rideau de béton, foulant aux pieds toutes les règles de précaution, et de préservation liées aux monuments classés, ceux du bon goût, et tout simplement du bon sens. Enième preuve, si l’en est, de la marche effrénée de cette folie ravageuse qui chasse notre mémoire par tout moyen.
Cette chasse à notre mémoire ne connaît pas de répit, et prend diverses formes, de la vénerie sans noblesse, au braconnage nocturne, en passant par les battues de plein jour. Même nos objets commémoratifs disparaissent. L’éffigie de Feu le Roi Mohammed V, qui ornait la stèle toujours visible, au parc homonyme, en souvenir de son aimable visite, a disparu il y a quelques années, sans grand bruit, jusqu’à nos jours. Aussi, la plaque commémorative de sa visite à la mosquée Belhamdounia, s’est évanouie, après des travaux de rénovation pilotée par une association. Il serait bon de rappeler aussi la disparition, à cette même occasion, du fabuleux Cadran solaire qui date de la construction de ladite mosquée, ainsi que d’autres éléments décoratifs d’époque.
La plaque en pierre noire, au fond du même parc, portant la déclaration du premier Résident général de France au Maroc, en 1913, juste un an, après les accords de Fès, de faire de notre ville le « Deauville du Maroc », attend dans l’indifférence la plus totale de subir le même sort, que celle de la “porte des boeufs” dans les remparts du Mellah. Elle est victime au quotidien d’actes de vandalisme, comme la vasque de fontaine, en marbre de Carrare, dans le parc, face à ce qu’est devenue l’ancienne Mosquée Touaza. Seule rescapée des trois premières, et aussi ancienne que le parc. Elle est dans un lamentable état. Face à tout cela, les « responsables » locaux, n’ont pour seule réponse qu’un révoltant et absurde mutisme. Une situation inédite en matière de gestion des villes. On se croirait dans une pièce de Pagnol, mais qui ne fait rire personne.
Ce feu roulant d’agressions contre notre patrimoine, tant culturel, que naturel, atteint la ville sous les yeux de ses anciennes familles, qui font montre d’un incompréhensible silence, d’une humilité qui confine à une mollesse indigne de leurs histoires. Cela à pour conséquence de faire naitre, chez un courant de médiocrité récemment apparu, un sentiment de puissance et d’impunité, de plus en plus décomplexé, jusqu’à emporter dans sa fatale dynamique un pan important de notre mémoire.
Les futures cibles, sont les dernières gardiennes du peu qui reste de notre mémoire commune, mais ne sont pas de moindres importances que les précédentes disparues. L’espoir d’une renaissance n’est donc pas totalement évanoui. Il s’agit entre autres du bâtiment qui abrita la première poste du Maroc, dite « Poste Brudo », connu sous le nom de l’immeuble « Cohen la poste »; de l’ancien hôtel Atlantis récemment classé, à l’imposante et belle façade classique d’inspiration italienne; des anciens bâtiments de l’Auto-hall et du Café Royal aux doux souvenirs; de l’hôtel Marhaba, joyau d’architecture « Streamline Moderne », branche tardive de l’art-déco, qui attend d’être classé, et que feu le Roi Mohammed V appréciait tout particulièrement, comme Samuel Beckett, Aznavour, et bien d’autres célébrités; des cabines de plage qui ont été emmurées, pour des raisons de sécurité dit-on, dans le strict respect de la pratique administrative locale de « la solution par le pire », et qui étaient jusqu’à récemment reliés au « pont » de « l’hôtel paquebot », par le fameux et magnifique escalier-passerelle, qui a fait les frais du « génie » apparemment incompris, d’un haut fonctionnaire, qui s’essaya à sa nouvelle fonction chez nous, en une triste nuit de 2018. On est bien loin d’un Gouverneur Mzyli, ou d’un Pacha Laâlj.
Ces monuments, ou ce qu’il en reste, continuent à témoigner de la grande histoire architecturale de notre ville, et à travers elle de tout un passé. Ils se détériorent jour après jour, dans une rageante et incompréhensible indifférence des édiles. Rappelons-nous, de ceux disparus, il n’y a pas si longtemps, tel que le siège de la première banque d’Etat du Maroc sur la place Hansali, celui de la banque anglaise en face, ou encore du bâtiment qui abrita Forafric, sur le boulevard Mohammed V, dont l’emplacement sert aujourd’hui d’abri aux grands taxis, et faisons-en sorte que cela cesse.
L’Immeuble Cohen sus-indiqué, est un trésor d’architecture. Sa façade néo-classique magnifiquement ciselée, ornementée de superbes arabesques, et mariant bellement le rococo au baroque, est une fidèle représentante de l’éclectisme architectural de la deuxième moitié du 19eme siècle. Ce monument local qui tarde à être classé comme d’autres, a été ceinturé récemment par des tôles qui ne présagent rien de bon, sous prétexte d’un supposé danger pour les passants, alors que le vrai danger est le sort que certains lui réserve, et à travers lui à toute une ville.
Malgré son état d’abandon volontaire, sa façade toute cloquée, tel un cri de secours assourdissant, qu’aucun édile ne veut entendre, il continue d’enchanter le paysage des Jdidis depuis plus d’un siècle. En dénotant majestueusement avec son nouvel et étrange environnement, il défie avec audace la médiocrité actuelle, en témoignant d’un âge d’or, qu’on refuse de voir totalement s’évanouir, et que certains voudraient faire disparaitre à tout prix. Manière s’il en est, de niveler bas les mémoires et avoir raison des meilleures volontés.
Les états d’abandon dans lesquels sont laissés des bâtiments, tels que ceux de l’ancienne mairie au superbe escalier, ceux de l’ancienne direction provinciale de la police, ou ceux des anciens locaux de l’hôpital Mohammed V, ainsi que les menaces de disparition qui planent sur le site du Ribat des Mjahdine, qui résista glorieusement à l’envahisseur portugais, ou la prison de l’Adir ou fut exécutés nos résistants contre la présence française, ne peuvent nous laisser inertes. Il en va de notre honneur à nous Jdidis, fidèles à cette ville et à sa mémoire, que de dire non à tout cela.
Quelle décadence ! On est passé des styles Art-déco et Néo-mauresque, sur lesquels le temps n’a pu avoir d’emprise, aux repoussantes constructions en hauteurs, difformes, sans âme, et inclassables. Des Ministres-maires au service de la ville, aux maires à la morale inversée, au service de tout sauf de l’intérêt général. De la ville de la culture à celle de la médiocrité, de la ville la plus propre du Maroc à ce que nous vivons aujourd’hui. Le mauvais goût règne sans partage, et il suffit d’observer notre ville d’un point haut, pour mesurer l’incompétence et les malversations qui la gangrènent. Elle est devenue la ville des miracles inversés ou toutes les médiocrités sont possibles.
Laisserons-nous faire ? Sommes-nous prêts à laisser ce qui reste de notre mémoire disparaitre? Sommes-nous prêts à supporter une nouvelle fois les ignominies des disparitions nocturnes du cinéma Marhaba, et de l’escalier-passerelle de l’hôtel homonyme? Sommes-nous prêts à voir la laideur devenir la norme officielle, dans notre douce cité ?
Quelles éducations, quelles formations permettent-elles d’autoriser cette inqualifiable construction qui s’adossa, pas plus tard que cet été, contre l’historique et grandiose Palais Andalous, ancienne résidence pachalik et quintessence d’architecture traditionnelle dans notre ville ?
Comment un permis de démolir a pu être accordé contre la maison Rikita à la belle façade italienne, qui a été arrachée à sa terre, avec laquelle elle n’a fait qu’un, durant presque un siècle dans belle harmonie, pour être remplacée par une disgracieuse tentative d’imitation ?
Sur quels critères les hauteurs d’immeubles sont-elles accordées? Pourquoi autorise-t-on des immeubles à des hauteurs, que ni la largeur de leurs façades, ni celle de leurs rues ne permettent? L’ancien tribunal de première instance, aux belles proportions classiques, l’ancien Auto-hall bijoux art-déco, ainsi que le bâtiment abritant la Conservation foncière, sis avenue des FAR, et témoins tous, d’un savoir construire, malheureusement disparu dans notre cité, sont engloutis par ces nouvelles hauteurs, qui cachent notre beau ciel aux féeriques couleurs. La montée dite de “Bouchrit” commence elle aussi à subir cette anarchie architecturale. Trois étages, sont le maximum que permette la configuration de notre ville et préservent sa tranquillité. La référence en est, les deux premiers immeubles construits à El Jadida, avenue Ibn Khaldoun, celui de la Chambre de Commerce au magnifique perron en granite, et l’autre faisant l’angle avec l’avenue Hassan II. Ces hauteurs se retrouvent dans plusieurs endroits du monde ou le pris du mètre carré du foncier est sans commune mesure avec nos prix. Des lieux ou des décideurs qui ont une vision, ,ont fait prévaloir l’esthétisme sur l’appât du gain. Un choix dont le retour sur investissement est bien supérieur sur le moyen comme sur le long terme.
En plus de leurs importances architecturales, nombres de nos bâtiments sont aussi, fort intéressants par leurs dimensions historiques, et les demeures privés ne sont pas en reste. Telles les villas de l’avenue Ibn Khaldoun, les maisons Rifi, Mseffer, Caid Si Boubker, Chraibi, Sdaiki, Guabbas, Sdaiki, Kadiri, Bencherki, Hassar, Gaubbas “Château Rouge”, l’ancien dispensaire Delanoe, et autres, qu’il faut préserver et sauvegarder. Car lorsqu’on ne sait pas faire mieux, il est bien plus sage et salutaire d’apprendre à faire comme les anciens.
Comment les édiles peuvent-ils justifier l’inqualifiable traitement fait à notre front de mer (boulevard Ennasr), dont la vue sur mer a été brisée par un hideux muret, alors que sous d’autres cieux, tous les moyens sont mis en œuvres pour mettre en valeur un tel paysage? Ou encore ces logements “sociaux”, qui ont l’air d’indésirables intrus, qu’ils ont osé faire surgir face à la mer, audit boulevard, sans aucun style ni la moindre touche architecturale balnéaire.
Pourquoi les bâtiments sur les terrains en dénivelés, comme ceux des avenues Hassan II et Rafii ne sont-ils pas réduits à des hauteurs garantissant un « droit de vue » sur l’océan à toutes les constructions de la ville? Pourquoi d’interminables barres d’immeubles ont-elles surgi en contrebas et flanc de la « Colline Ben Driss », qui en plus de gâcher l’entrée de la ville, privent bon nombre de résidents de ce quartier d’une magnifique vue, qui est censée être une valeur ajoutée inestimable, pour leurs biens immobiliers et ceux de la ville en général? Pourquoi cette suite de projecteurs de stades, qui polluent tous les soirs l’obscurité naturelle de notre plage, et pérturbe le cycle de notre faune et flore marine? Pourquoi ces difformes lampadaires à l’insignifiante pointe bleue, à vous faire atterrir un avion en détresse, qui ont pris possession de la ville? Pourquoi les détritus envahissent-elles autant la ville, jusqu’au parc même de la commune, sans que cela ne suscite, le moindre émoi chez les « élus »? Serait-ce dû au fait qu’ils ne sachent pas assez ce qu’est El Jadida? Il est vrai que lorsqu’elle fut gérée par les siens, elle emporta, deux fois, le prix national de propreté.
Pourquoi nos routes se sont-elles transformées en un parcours du combattant nécessitant des engins à chenilles, et non des véhicules à pneumatiques, faisant de notre ville au délicieux passé, la risée de tout un pays? Pourquoi nos routes, nos trottoirs, sont-ils occupés par des ambulants de tout genre, allant des occupants de chaussées de l’avenue Zerktouni (Bouchrit), aux bouilleurs d’escargots de l’îlot séparateur du Musée de la résistance, en passant par les loueurs de voiturettes électriques qui slaloment entre les jambes des badauds? Pourquoi le bel îlot-jardin d’entre le théâtre et le café français, qu’on ne trouve plus que sur d’anciennes cartes postales, a-t-il laissé place à une triste placette, qui n’a fait qu’accentuer les difficultés de circulations, causées par les extensions de la ville? Pourquoi nos lieux symboliques de loisirs et de tourismes, continuent-ils à disparaitre sans raison valable, tel le Camping International qui est en train de subir le même sort que le jadis feutré Café Royal, ou encore l’hôtel Marhaba. Tous menacent d’être remplacés dans la pure tradition administrative et communale, locale, par des résidences verticales sans âmes, ayant pour seul apport, l’augmentation de la densité de la population, sans bien évidemment, que cette nouvelle densité soit accompagnée des aménagements nécessaires.
Pourquoi des enseignes commerciales ont-elles vue sur mer, en lieu et place de ce qui devrait être touristique? Pourquoi nos quartiers touristiques se transforment-ils en zones commerciales, et nos quartiers résidentiels en zones artisanales? Pourquoi le projet d’une ville nouvelle, avec ses quartiers administratifs et résidentiels, s’est-il épouvantablement transformé en une cité-dortoir sans âme? Pourquoi les « responsables » locaux sont-ils incapables de juste faire comme nos ancêtres, qui savaient très bien et depuis des siècles, faire des villes, en consacrant chaque quartier à une destination bien précise? Pourquoi redoutons-nous, le pire, à chaque vue de matériaux de construction, ou d’un panneau portant le numéro d’une autorisation? Pourquoi est-il permis aux échoppes d’encombrer les façades par des enseignes, souvent plus larges que leurs devantures, accentuant encore plus le manque d’ordonnancement de nos rues et avenues? Pourquoi nos rues et avenues sont-elles si souvent mal nommées ? Où est passée la rue de Yougoslavie, nommée en l’honneur de la conférence de Belgrade et le mouvement des non-alignés auquel notre pays appartenais? Comment peut-on attribuer le nom d’un personnage aussi illustre que Sidna Omar Ben Al Khatab à un court passage reliant une rue à un boulevard?
À défaut d’entretien et de sauvegarde de nos monuments, pourquoi la commune n’appose-t-elle pas au-moins, des plaques sur nos lieux de mémoire collectifs, telle la première école « libre » du mouvement national à El Jadida, derrière la Mosquée Belhamdounia, qui fut financé par El Fatmi Chraïbi, le père de notre grand écrivain Driss Chraïbi, antérieure aux écoles Tahdib et Essafa, ou encore la librairie Annajah où se réunissaient clandestinement les membres Jdidis de l’Istiqlal, sous l’égide de Kacem Laraki, après l’exil du Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, et dont le local est réduit aujourd’hui à une échoppe de camelotes asiatiques? Les Jdidis doivent connaitre leur histoire pour qu’ils s’attachent à leur ville.
Pourquoi nos muriers de l’avenue Hasan II, nos bigaradiers de l’Avenue Rafii, nos Lauriers de l’Avenue Nakhil, ont soit disparu, soit laissé place à de mourants palmiers? Qu’est-ce qui peut justifier la fermeture de notre pépinière municipale, alors que nos araucarias, emblèmes de notre ville, meurent sans pouvoir être remplacés? Ces pépinières, qui en plus d’améliorer la biodiversité, font faire de grandes économies à la commune sur les achats des végétaux nécessaires à l’entretien des espaces verts.
Pourquoi notre artisanat local et notre patrimoine immatériel, ne font l’objet d’aucune sauvegarde communale? Où sont passées, nos fameuses couvertures, et nos jellabas coupées et confectionnées à la Quisssaria Tazi, célèbres jadis dans tout le royaume? Pourquoi la technique de pêche des “Bechkira” si spécifique à nôtre ville, a-t-elle disparue? Aussi le corbillard hippomobile à cheval blanc.
Pourquoi le “Mois d’El Jadida”, avec ses concours de châteaux de sable, son gymkhana, sa course de garçons de café, son tour du port à la nage, son rallye d’automobiles, son tournoi d’escrime à la citerne, a-t-il dû laisser place à des kiosques déboités, annonçant par leurs musiques populaires dignes des plus agrestes moussem, l’ouverture de la saison estivale en lieu et place des clairons et tambours de la Clique municipale, elle aussi disparue? Quand est-ce que notre port mis-à-mal tous les jours dont les belles grues ont disparue se libérera-t-il des chalutiers, et des bâtiments qui l’encombrent, pour retrouver sa nature, de port de plaisance et de pêche artisanale?
En somme, pourquoi voit-on des phénomènes dans notre ville qu’on ne voit nulle part ailleurs? Et c’est peu de le dire. Tant qu’on ne cherchera pas à donner de justes réponses à ces questions parmi d’autres, notre ville continuera s’embourber.
C’est un carnage, ce n’est pas de l’urbanisme, c’est une guerre contre la civilisation, à marches forcées, accentuée par un exode rural qui semble ne point vouloir s’arrêter. Il est en grande partie encouragé par des rêves phosphatés, vite déçus, des locations de fortunes, et des logements dits sociaux, qui dépassent largement les besoins autochtones. Ces arrivées massives de gens aux moeurs rudes, sans valeur ajoutée pour la vie de la cité, et qui seraient bien plus utiles à la communauté, aux activités agricoles, ont pour conséquence, l’apparition de zones défavorisées et surpeuplées de détenteurs de droits de vote, facilement manipulables. Il en résulte la mise aux commandes de la ville, d’individus venus souvent de loin, qui ont une disposition quasi-naturelle à servir d’autres intérêts que les siens.
Il faudrait développer la campagne pour préserver la paix sociale. Pour cela, un certain dirigisme économique devrait prévaloir, en obligeant les investisseurs à investir une partie de leurs capitaux dans leurs lieux d’origines, ce qui mènera à une meilleure occupation du territoire et donc à un développement équitable de ses derniers.
Il est temps pour notre élite de reprendre les commandes. Ce ne sont pas de futiles écritures comptables, sur des registres bancaires, qu’on cherche à grossir par tous moyens, qui rendent apte à la gestion d’une ville, bien au contraire, elles sont très souvent, source de conflits d’intérêts et de malversations. La bonne gestion d’une ville, émane avant tout, d’une volonté chevillée au corps de servir l’intérêt général, d’abnégation, et de don de soi. Voilà pourquoi, anciennes familles, par l’histoire, les traditions et le bon goût dont vous êtes les conservateurs, et intellectuels et professionnels libéraux, par vos connaissances, votre savoir-faire et vos devoirs auxquels vous n’avait jamais failli, et tous par votre morale, reprenez votre ville, ne vous laissez pas commander par d’incompétents cupides, qui l’ont mené là où elle est aujourd’hui. Faites-le pour vous-même, vos enfants et tous les jdidis de bonne volonté qui vous soutiendrons. Faites-le surtout pour votre ville et votre pays.
Pourquoi des individus, à la notion d’intérêt général totalement inconnue, récemment arrivés dans notre ville, confondant biens privées et communs, s’acharnent-ils à vouloir se placer à ses commandes, et même à se faire réélire malgré des bilans, des plus calamiteux? Que font-ils au juste à la tête de la commune, alors même qu’ils ont fait atteindre à notre ville un niveau sans précédent de régression? Pourquoi s’entêtent-ils à s’y maintenir? Ces questions deviennent existentielles pour le salut d’El Jadida, auxquelles nous espérons un jour avoir de justes réponses, pour que notre ville ne soit plus jamais prise en otage par ce genres d’individus, qui n’ont aucun scrupule, ni remord à voir son image traîner plus bas que terre. On est aux antipodes d’un Arsalane Aljadidi qui n’avait d’autres intérêts que ceux de sa ville.
En servant la ville avec honneur et dévouement, c’est toute la Patrie que nous servons. Bien au-delà de la démocratie et avant elle, ce sont, la morale et le bon goût qui mènent au progrès. La gestion des villes exige de hautes qualités morales et intellectuelles, et d’infaillibles volontés à servir, aujourd’hui encore plus qu’hier, du fait des changements sociaux et climatiques qui impactent le monde et la planète. La destinée d’une ville ne peut être confiée qu’à des hommes et des femmes, qui ont le souci de leurs noms et de l’histoire, et aucunement à ceux qui s’en moquent, car ceux-là sont ses pires ennemis.
La culture, qui est le moyen le meilleur de faire connaître une ville, de rehausser sa renommée, et dont les retombées, financières et en terme d’image sont inestimables, est totalement absente du programme de la commune, à supposer qu’elle en a un. Même les quelques événements organisés de temps à autre, grâce à des initiatives privées, sont rarement portés à la connaissance des Jdidis, en cause est le déni intellectuel dans lequel se trouve la commune, qui la met à des distances abyssales de penser ne serait-ce qu’à l’utilité d’un panneau d’affichages dédiés à cet effet.
Qu’advient-il de l’humain sans passé, sans beauté, et sans culture ? Je n’ose l’imaginer. Il perd tout repère, et devient à l’image de l’enivrement que les “mercenaires du mortier” daignent lui offrir, toute laideur et toute agressivité. Vivre la déchéance de sa cité, se perdre dans sa propre ville, ne plus reconnaitre ses lieux et ses endroits, est chose effroyable et insupportable pour l’âme humaine.
Il est temps d’agir par tous les moyens légaux, à leurs têtes le vote. La simple critique aux terrasses des cafés réduit la population à un rôle passif auquel les détracteurs de notre ville aspirent la cantonner. Il ne faut pas laisser la périphérie décider pour le centre. C’est aux Jdidis, fiers de leur appartenance, d’extraire leur ville de cette condition qui ne peut être la sienne, et dans laquelle certains veulent la maintenir. Il faut les empêcher à tout prix de s’emparer de la cité.
La gestion de notre ville est devenue un exemple flagrant d’Inaptocratie, un cas d’école susceptible d’être enseigné dans les écoles, d’Administration publique, et les Instituts d’études politiques. Elle montre entre-autres, les limites de la démocratie locale. Ce n’est pas le changement qui est redoutable, mais que ce changement se fasse de manière sauvage, anarchique, et sans règles. Ce qui réellement redoutable, est qu’il nous renvoi incessamment à une nostalgie salutaire. Notre ville a besoin d’un changement qui soit soumis à de justes règles, elles-mêmes soumises à des principes moreaux et des références esthétiques intraitables, qui doivent l’emporter sur tout autres considérations. La chaîne des responsabilités doit-être clairement établie. Rien ne peut justifier la laideur, si ce n’est l’incompétence et la corruption. Elle n’a aucun caractère utile, ses conséquences sont désastreuses. La beauté, elle, n’a pas de prix, elle a une valeur inestimable qui mène, indéniablement, à la paix, la prospérité et le progrès. D’où l’utilité de la préservation du patrimoine au détriment de tout calcul. C’est faire preuve de patriotisme que de sauvegarder la mémoire de sa cité, car le premier acte d’amour pour son pays est l’amour qu’on porte pour sa ville.
Malgré tout cela, nous ne devons point perdre espoir. Notre ville peut encore renaître, redevenir le pôle architectural, culturel, sportif et touristique qu’elle fut. Ce que nous vivons aujourd’hui n’est qu’une exception, une parenthèse, et nullement une fatalité. Nous connaissons notre ville, nous savons ce qu’elle était, et ce qu’elle est toujours. Nous lui devons de relever son étendard, de préserver sa beauté et douceur. Ce sont des obligations qui nous incombent à tous. El Jadida ne redeviendra pas Al Mahdouma tant qu’on est là, et qu’on dit non.
C’est notre honneur à nous jdidis qui connaissons et aimons cette ville de nous dresser face à l’immoralité, la médiocrité et le mauvais gout qui la frappent de tout part. Nous sommes comptable devant l’histoire et les génération à venir de tout ce qui li advient, et lui adviendra. Nous sommes son ultime rempart, sa vielle garde, contre ce vandalisme autorisé. Elle est notre mémoire sans laquelle nous ne pouvons nous ouvrir sur le monde. Elle nous parle comme elle ne parle à personne. Nous goutons à ses histoires et nous nous régalons de son air.
Nous avons le devoir, nous tous, enfants fidèles et reconnaissants, de cette ville, qu’elle a la chance de compter ici et ailleurs, de sauver ce qui reste. Ne soyons pas nous aussi sourds à ses cris. Elle nous a tant donné, tant fait rêver. Il existe bien parmi ceux de ses enfants qui l’ont quitté, il y a bien longtemps, et ceux venus d’ailleurs et qu’elle a adopté, car ils l’aiment déjà fortement, des hommes et des femmes d’honneurs, intraitables, qui feront barrage a ceux qui voudrons, s’enrichir sur le dos de son histoire, et de notre mémoire. Rendons lui sa place naturelle, qu’elle occupait jadis. On lui doit bien cela.
C’est à nous de la faire redevenir, la vitrine qu’elle fut pour un Maroc moderne, par ses multiples cinémas; par son théâtre le deuxième juste après celui de Casablanca, et bien avant Rabat, Marrakech, et Fès, qui porta sur ses planches en stars arabes et internationales, plus que tous les autres théâtres marocains réunis; par son lycée quasi centenaire, un des premiers du Maroc, qui donna à l’état un bon nombre de ses serviteurs; par sa troupe de majorettes, la seule du royaume, que nous vîmes défiler à chaque fête nationale, ouvrant le bal des chars fleuris; par sa salle des sports couverte, la première du royaume, où on s’adonna au tennis sur bois, au Handball, et à l’escrime sous les regards de Carpozen et de Cherkaoui; par son club nautique -celui de Dany « l’imbattable », de Mizhar et d’Addad- au fanion bleu et blanc, qui donna au Maroc ses meilleurs barristes et qui fêtera son centenaire en 2025; par son équipe de waterpolo, la première et la plus belle du Maroc; par son club de tennis qui débuta adosser aux remparts du Mellah et dont on ne pouvait fouler la terre battue qu’en blanc; par son aérodrome inauguré en grande pompe le 18 septembre 1937,par un Rallye aérien réunissant les meilleurs pilotes de l’époque, et qui sera transformé par l’épouvante magie des dérogations en une triste banlieue-dortoir; par ses centenaires hippodrome et haras, qui reçurent des princes. Même Marcel Cerdan « le Bombardier marocain » pour lequel Edith Piaf chanta « l’hymne à l’amour » vint chercher son entraineur chez nous.
Conservons ce qui reste de beau dans notre ville “Joyau de la côte atlantique”, et faisons en sorte qu’elle redevienne encore plus belle que ce qu’elle était. Nous lui devons bien cela. Elle, qui nous gratifie sans faillir de son unique climat et de son ciel aux nuances sans pareilles. Retournons à nos styles Art-déco et néo-mauresque, à nos entrées si typiques, aux frises et corniches. Redonnons à la culture la place qui était la sienne, car c’st par elle qu’elle sera sauvée. Donnons de nouvelles utilités à nos vieux monuments qui se détériorent par négligence, tel l’ancien Auto-hall, témoin oculaire de la destinée du regretté cinéma, et qui ferait, une superbe Médiathèque, et protégeant ceux qui sont toujours affectés telle la grande Poste à la façade meurtrie d’horribles qui ont évincés la belle horloges et dissimulé les beaux arabesques. Augmentons les espaces verts par des plantations de nos arbres emblématiques, et l’ouverture de potagers urbains. Encourageons les énergies propres, et la recherche pour les développer, via notre université. Osons le pari de faire de notre douce cité, une Cité jardin une Ville verte et fleurie.
Traçons des pistes cyclables le long de notre littoral, et même équestre, sommes nous pas dans la capitale du cheval Arabe-barbe? Renouons avec les sports qui faisaient le bon renom de notre ville, et redonnons à nouveau au Maroc ses champions en escrime et sports nautiques. Développons des sports dans lesquels nous pouvons avoir des avantages comparatifs tel le Rugby.
Arrêtons les fléaux des extensions et des constructions verticales qui ont tellement nuis à notre ville, de l’hippodrome au phare Sidi Bouafi, en passant par les anciens hangars de la coopérative agricole, telles sont les limites d’El Jadida, que nous connaissons, viable et agréable. Instaurons des règles drastiques de construction et de préservation du patrimoine, ayant pour principal objet, l’esthétisme général et l’épanouissement social. L’aspect externe des constructions est un bien commun qui ne peut être soumis ni aux caprices, ni à plus forte raison, aux égos des propriétaires.
Les constructions ne sont une finalité urbanistique en soit, mais un moyen de confort physique et intellectuel. S’ils n’obéissent pas à ces deux règles, elles deviennent un problème social aux conséquences néfastes. L’urbanisme est la recherche du bienêtre des citadins, par le respect de règles ésthétiques et morales. La seule approche utilitariste et consumériste ne donne rien de bon. A ce propos ceux qui ont inondé le ville de logements “sociaux” et d’immeubles contrefaits, et qui n’ont pour certains, même pas une résidence dans la ville qu’ils ont épuisé, feraient bien de lui rendre un peu, par des actes de mécénats.
L’El Jadida de la belle époque des Cinémas, du théâtre, des sports, des parcs, des cabines de plage, du mini-golf, et de bien d’autres plaisirs, qui faisaient cette douceur de vivre, qui lui était si particulière, et qui continue de nous faire rêver, peut très bien renaitre par la grâce du Tout Puissant, et la volonté de ses enfants qui refusent le barbare palimpseste. Ce n’est pas une simple nostalgie, c’est une volonté, celle de sentir à nouveau l’Odeur de vanille.
A Elle Jadida, ses enfants manquent. Il est temps de faire vivre un vrais sentiment d’appartenance à cette ville, une identité bien jdidi, qui ferait la fierté de ses enfants, et les ferait s’attacher à elle, aimer ses rues autant que leurs demeures, se soucier de son sort, et ne point l’abandonner. Pour cela constituons nous en clubs et petites associations d’élites, au service du bien commun, si chers à Burke. Ce ne sont pas les moyens qui manquent mais les visions et les ambitions des gens.
Libéré par Mohammed III, reconstruite et renommée par Abderrahmane 1er, l’histoire d’El Jadida n’est pas aussi ancienne ni grande, que celle de Fès ou de Salé, ou Marrakech, mais elle est tellement riche et exceptionnelle, que nous voulons qu’elle continue aussi belle, qu’elle était, et à ceux qui lui font offense, nous disons, que “Par notre morale nous vainquons”.
Me Moulay Ahmed SDAIKI
Président de la Fondation Chouaïb SDAIKI DOUKKALI
El Jadida le 14/10/2022