Prendre les mêmes et recommencer. Telle semble être la devise de certaines chaînes télévisées qui ont un mal fou à trouver la parade pour une bonne animation télévisée lors du mois sacré et qui se rabattent sur le déjà vu, reprennent les mêmes films, les mêmes sketchs, sitcoms, émissions et se retrouvent zappées au profit d’autres chaînes ou d’autres activités.
Faire la part belle à la production nationale, créneau porteur à l’occasion, 2M l’a compris, quoique longtemps mal géré. Quoi de neuf cette année ? Plein de films, télé feuilletons et sitcoms marocains, mais aussi plein de génériques chantés par des artistes marocains.62% d’audimat, selon MarocMetrie, le centre de Médiamétrie marocain, une fierté pour la deuxième chaîne.
Des figures de la scène artistique marocaine truffent le petit écran tôt dans la journée avec une série de productions qui abordent avec humour les phénomènes sociaux marocains tels que la lutte pour les droits de la femme, notamment avec « Mra ou gadda » (Femme et capable), un sitcom court innovateur qui met en scène un sujet rarement traité et qui bat en brèche le cliché de la femme vulnérable et incapable d’accomplir des tâches réservées à l’homme. Court et efficace, voilà ce dont le téléspectateur pressé a besoin au lieu de s’attarder dans une trame indémêlable et kilométrique.
Autre point fort du sitcom est la chanson qui anime le générique, assurée par le talentueux Hatim Ammor, qui fait les louanges de la femme et courtise ses grands mérites dans des domaines insoupçonnés.
Suit directement après l’émission de gag tenace, pas toujours vue d’un bon œil par les âmes sensibles « Jar ou majrour ». La fameuse caméra cachée démarre du bon pied pour une fois et torture beaucoup moins ses victimes. On mettra du temps à se remettre des péripéties de la même émission diffusée les derniers Ramadans : des animaux dangereux; des énergumènes louches et terrifiants, des prétendues embuscades de truands et j’en passe. Des mises en scène qui doivent laisser encore un goût amer chez les artistes victimes de la caméra cachée, sans parler de la polémique autour de la véracité de ces vidéos accusées, pour de nombreux téléspectateurs, de fausses et préfabriquées.
« Kenza fi douar » (Kenza dans le douar) est le sitcom phare des soirées ramadanesques sur 2M. Avec des acteurs aussi brillants que Mohammed Bestaoui, Dounia Boutazout, Sanae Ezzaim, réunis dans une excellente satire de la ville versus la campagne. La deuxième chaîne « risque » de se racheter auprès de ses téléspectateurs après les nombreux navets dont elle les a gavés de longs Ramadans durant.
Le mini sketch très attendu du duo humoriste de choc : Hassan Elfed et Dounia Boutazout, « L’Couple », reste la cerise sur le « ftour » de Ramadan et nous revient aussi hilarant et révèle encore une fois un talent illimité de deux géants marocains du gag savant et captivant. Quelques ingrédients de la réussite sont là. Le grand bémol reste le manque flagrant du caractère religieux et qui exclut donc une bonne partie de la population jalouse de sa culture et de son culte et assoiffée de s’en imprégner à travers des émissions à caractère mystique, si ce n’est l’émission ramadanesque « mawahib fi tajouid », concours de psalmodie du Saint Coran.
Et c’est sur cet aspect de Ramadan qu’Al Oula table, avec des émissions religieuses telles « Ya Rab », « Nour al Islam », «Al massira al quor’aniya », « Adourouss al hassaniya », entre autres ; elle a trouvé la parade pour contenter de nombreux fervents. Sauf que pour les films et sitcoms, nous retombons sur les incontournables reprises qui nous font redécouvrir les jeunes années de nos artistes ayant accusé de l’âge depuis.
Medi1 TV lui emboîte le pas avec l’émission qui essaie d’allier religion et vie de tous les jours, « Saa kbel lftour » (Une heure avant la rupture du jeûne), des feuilletons historiques et religieux tels que « l’Histoire de l’Islam », « Abou Jaafar Al Mansour», « Femmes au temps de la prophétie » à quelques différences près : un feuilleton franchement antithétique à l’esprit de sainteté de Ramadan, diffusé chaque soir et qui laisse voir des scènes osées telles que des maisons de débauche, un langage érotique explicite, la présence d’homosexuels, de travestis et de filles de joie aux tenues très suggestives. Un comportement qui fait douter des desseins de la chaîne et de sa ligne éditoriale.
Bon départ pour les uns, faux pas pour les autres…Les quelques bonnes émissions gagneront à garder la cadence de la qualité jusqu’ à la fin de du mois sacré.
A bon entendeur bon Ramadan