Au-delà de sa connotation urbanistique, l’architecture a de tout temps porté en elle les germes de ces grands champs d’expression d’une civilisation, d’une société ou d’un groupement humain. Elle a toujours représenté le reflet d’un état des lieux tout en symbolisant un mode d’organisation économique et social qui fait appel à un certain génie collectif. Essayer de remettre en question ce concept, serait indéniablement faire preuve d’une transgression aux règles déontologiques et partant de tout un art de vivre.
Aujourd’hui, il nous suffit contempler ces massifs de béton qui envahissent nos villes à un rythme on ne peut plus effrayant, de méditer ce paysage urbain contemporain réduit en une accumulation simpliste d’objets standardisés pour comprendre que la leçon n’a pas été bien apprise par nombre d’intervenants dans ce domaine. C’est qu’en fait, la prise de pouvoir par les professionnels s’est focalisée, sans succès d’ailleurs, sur la productivité et les coûts, dans un marché de logements en permanente pénurie et face à une demande incapable d’imposer ses exigences qualitatives. Le sur mesure, le pittoresque, l’expressif se trouvent ainsi disqualifiés explicitement pour laisser libre cours à la froideur et à la neutralité qui se trouvent normées ou, au contraire exaltées comme signes de la modernité.
Il faut dire que dans bon nombre de nos villes, les choses sont arrivées à un stade irréversible. Toutefois, certaines évidences nous amènent à estimer que ce constat ne s’est pas encore généralisé. Il existe encore quelques villes qu’on peut qualifier d’émergentes, où le paysage urbain demeure encore dans un état inachevé ou embryonnaire et à ce niveau, des possibilités de redressement ou de rattrapage sont toujours envisageables.
Cela nous ramène à la ville d’El-Jadida, devenue ces derniers temps, l’exemple de cet espace urbain et architectural qui se voit insidieusement sombrer dans les banalisations, exception faite de certaines tentatives sérieuses et réfléchies.
Pourtant, pas plus loin qu’hier, ses traits se dessinaient de très loin comme une belle partition de musique.
Aujourd’hui, il n’est nullement question d’un sujet d’arrière plan, il s’agit bel et bien d’une question de fond qu’il y a lieu de débattre, car la notion de beauté dans le cadre bâti semble être en voie de disparition.
C’est peut-être parce que ce concept n’est plus appréhendé dans son intégralité, ou pris pour le dernier des soucis aux yeux des gens du milieu.
Pour conclure dans la raison et loin de toute intention réductrice, nous estimons que l’acte architectural qui se ressource de la réflexion et de la noblesse du savoir être, doit renouer avec ses véritables portées et ses profondes significations, afin que chaque intervenant retrouve en lui cet artiste toujours en quête de beauté et de cet esprit créatif, libre et spontané.
Quoi qu’il en soit, le beau n’exclue guère l’utile, au contraire, celui-ci en fait partie intégrante.