L’été se décline timidement mais laissera, à côté des beaux souvenirs, quelques tristes images à saveur amère. Ces images, devenues clichés endémiques, nuisent à la réputation de notre pays qui doit sa fierté, pire encore : une bonne partie de son économie, à son cachet touristique. Il est question d’Insalubrité qui sévit dans presque les quatre coins de nombreuses villes. A ce problème vieux comme le monde s’ajoute les innombrables « innovations » en matière de pollution provoquée. Descente aux enfers d’une ville qui agonise….
Nos villes paient un lourd tribu de l’inconscience collective et en dehors de toute surveillance ou toute intervention effective. Preuve en est qu’El Jadida, ville qui était jadis un havre de paix qui attirait les touristes de haut calibre, se console dans ses vestiges et se noie dans la bourbe crachée de toute part, se contentant d’une clientèle réduite et pas toujours nantie.
En plein centre ville, la plupart des snacks déversent leurs détritus juste devant leurs locaux, de jour comme de nuit, entravant la marche des piétons qui se retrouvent obligés de faire un long détour afin de contourner les restos. Il n’est pas rare de retrouver les mêmes déchets plusieurs jours de suite. Pire est le cas de certains quartiers où des restaurateurs ambulants font frire poissons, saucisses et autres viandes à l’allure suspecte en plein trottoir, incommodant la marche des passagers, embuant l’air ambiant et souillant le sol.
Et la palme d’or de l’insalubrité revient à l’ancienne médina où le grand marché, un monument de la ville, est devenu presque impraticable tellement les restes de chaque journée, que ce soit des légumes, fruits, poissons ou autres, s’entassent et s’ajoutent au lotde la veille. Marcher dessus équivaut à marcher sur un tapis distordu, moite, infect. Cette scène désolante me rappelle un marché d’Algésiras dont le souvenir de la propreté est là pour rester. Le beau spectacle des étalages colorés et alléchants laisse place, en fin de journée, à un spectacle non moins agréable à voir; on a du mal à imaginer que le matin encore il y avait tout un remue-ménage et un commerce tonitruant. En fin de journée, la place est rangée, astiquée, les déchets rangés dans des bacs prévus à cet effet et attendant le passage du service d’hygiène. Tout le monde met la main à la pâte, entre autres les commerçants.
Que font les responsables ?
Auservice d’hygiène de la municipalité de la ville, un employé, lui aussi indigné par le sort de sa ville natale, explique la faille du système ainsi : « En 2009 El Jadida a été selectionner pour faire partie d’un projet pilote comprenant six villes marocaines. Le choix a été porté sur des communes qui semblaient relativement mieux structurées, comme l’existence par exemple d’un vétérinaire, un médecin et d’autres spécialistes au sein de ce service.
Le ministère de l’Intérieur, avait alloué de son côté, un budget conséquent pour la réussite de ce projet. Mais cinq années plus tard, tout laisse croire que l’opération s’est soldée par un échec.
A El Jadida, deux voitures de service ont été achetées à cette occasion, le reste du budget semble avoir été dépensé dans des futilités, sans véritables liens avec notre service d’hygiène.
Pour ce qui est des aliments vendus sur la voie publique et bien que le manque d’hygiène est parfois criard, ce n’est pas à nous d’intervenir. C’est avant tout un cas d’occupation illégale du domaine public et par extension un dépassement de loi, nécessitant plutôt une intervention des autorités de la ville.
En contrôlant ces « commerçants » agissant dans l’illégalité totale et en dehors de tout comportement salubre, ne risque-t-on pas de constituer une reconnaissance explicite ou implicite à ce genre commerce, appelé plutôt à être combattu par tous les moyens et à disparaître ?>>
La salubrité : une priorité nationale
Ironie du sort : la vision 2020 vise à hisser le Maroc au rang d’une destination touristique mondiale parmi les plus prisées. Et tout est mis en œuvre pour faire de la stratégie nationale un créneau porteur qui aidera à promouvoir le secteur touristique et économique du Pays, et ce en redorant l’image des différentes stations balnéaires, en poursuivant l’aménagement et la mise à niveau des stations balnéaires lancées dans le cadre du programme “Azur 2020” ainsi quele processus de régionalisation avancée dans lequel le Maroc s’est engagé. Une politique de grande envergure qui ne connaitra un vrai succès que si la feuille de route comprend unprogrammed’assainissement autant des grandes artères des villes touristiques que des anciens quartiers qui attirent les touristes pour leur emprunte touristique.
Autre facteur déterminant de la réussite du projet : une prise de conscience par le consommateur. Il est vrai que des campagnes de sensibilisation sont organisées à longueur d’année mais le principe gagnera à être plus efficace s’il est introduit dans le système scolaire car un enfant averti en vaut deux…Et éduqué très jeune le citoyen sera plus sensibilisé à son environnement et participera à son entretien et à sa sauvegarde.