Suite au feu roulant des critiques qui se sont abattues sur la Protection Civile quant à la manière dont ses éléments ont géré la situation suite à l’effondrement de trois immeubles à Casablanca voici dix jours (23 morts et des dizaines de blessés), le commandement régional de ce corps a organisé hier lundi dans ses locaux une rencontre avec les médias, lors de laquelle plusieurs explications ont été fournies aux journalistes présents.
Les services administratifs de Casablanca étaient représentés en force, wali, gouverneur, maire, députée, autres élus et autres cadres… en plus des officiers de la Protection Civile. La question qui est revenue avec insistance se rapporte à la défunte actrice Amal Maârouf. Plusieurs informations se recoupaient pour affirmer que l’artiste avait passé un appel téléphonique à partir du réduit où elle se trouvait, sous les décombres. Une version virulemment rejetée par le commandant de la Protection civile qui a expliqué qu’un appel avait bien eu lieu, mais venant d’une autre victime qui avait ainsi pu être localisée dans les gravats et sauvée.
Concernant feue Amal Maârouf, le commandant a indiqué que son corps, au moment où il a été retiré des décombres, affichait les signes d’une mort qui remontait à plus de 36 heures, ce qui indique que la mort était survenue au moment même de l’effondrement de l’immeuble où elle se trouvait en compagnie de sa mère.
L’officier a même expliqué que les numéros du téléphone de l’actrice avaient été vérifiés et que son dernier appel avait été passé une heure et demie avec la tragédie. Se sentant accusé, acculé, le chef de la Protection Civile a même suggéré de consulter l’opérateur téléphonique qui pourrait confirmer son propos.
Une autre question concernait la nature et la qualité des secours… Le commandant de la Protection Civile a dévoilé les matériels engagés dans les opérations de sauvetage. Il a même précisé que certains appareils et techniques ont été utilisés avant même qu’ils ne soient introduits en Europe (toujours ce type navrant de comparaisons pour se justifier) et que les opérations à Casablanca ont été conduites selon les critères les plus récents en cours dans le monde, en plus du professionnalisme et de la patience des secouristes. On ne pouvait en attendre moins…
Ainsi, des caméras 3D ont été acheminées sur place, et les pompiers, qui ont travaillé sans relâche durant trois jours, étaient équipés de casques avec caméras et écrans pour écouter d’éventuelles voix venant des décombres, les localiser et retirer les personnes ensevelies. Enfin, une brigade canine spécialisée dans la recherche de survivants a été déployée. Au total, et avec le renfort des unités mobiles de Settat et de Rabat, ce sont 263 sauveteurs qui se trouvaient sur les lieux du drame, dont 9 officiers supérieurs, 26 officiers intermédiaires et 28 médecins spécialisés dans les situations d’urgence et les catastrophes.
En organisant sa conférence de presse, la Protection Civile a tout de même accompli une action salutaire, et quelque peu inhabituelle. En effet, face à la polémique qui commençait à prendre sur la nature, la qualité et la célérité des interventions et opérations, il fallait communiquer. Mais, vu que la communication n’est manifestement pas encore inscrite dans la tradition administrative marocaine, cette conférence de presse s’est tenue dix jours après les événements, laissant la rumeur courir. Un point de presse quotidien, organisé directement sur les lieux du drame, aurait été bien meilleur.
Par ailleurs, des hauts responsables de l’appareil de l’Intérieur auraient pris ombrage de la couverture du drame par les médias, dont certains ont clairement dénoncé la collusion et la complicité de cadres du ministère, et donc leur responsabilité morale dans la tragédie.L’Intérieur aurait même envisagé de poursuivre ces médias en justice mais une personne sage lui a déconseillé cette initiative qui aurait été calamiteuse, la presse faisant son devoir d’épingler les anomalies et dysfonctionnements, et sachant que l’instruction est toujours menée par la justice.