Le mouvement maraboutique est très populaire à Azemmour. Du temps des Almoravides et des Almohades. Un homme a marqué cette époque dans la ville d’Azemmour, c’est Moulay Bouchaïb Erredad Essaria. Actuellement, le sanctuaire de Moulay Bouchaïb Erredad reçoit la visite de plusieurs centaines de visiteurs venant de toutes les villes du Royaume et d’autres pays. Il en est de même pour le sanctuaire de Lalla Aïcha El Bahriya qui se trouve près de l’embouchure de l’Oued Oum Rebia.
L’Islam bannit ces genres de croyances
Selon la légende, Lalla Aïcha El Bahriya, dont on connaît peu de choses sur sa vie et sur son itinéraire et qui restent très vagues, était venue de Bagdad jusqu’au Maroc pour connaître le patron d’Azemmour, Moulay Bouchaïb. Arrivée à l’embouchure de l’Oued Oum Rebia, Aïcha se noya dans l’oued Oum Rebia sans jamais connaître le sort de l’être de ses rêves ni découvrir la ville dont les gens l’adoptèrent comme Sainte. De nos jours, Lalla Aïcha El Bahriya est devenue une sainte réputée pour guérir des femmes stériles. Celles-ci se rendent à sa tombe tous les jours et durant toute l’année. Quand la femme stérile arrive, elle se déshabille et se couvre de henné mélangé avec de l’eau de mer. Puis elle se lave, aidée de la moqadma, par l’eau de sept vagues successives. Quand elle termine, elle doit laisser sur place quelques éléments de ses habits et tout ce qu’elle a utilisé pour se laver comme le peigne, etc. Ensuite, vient l’étape où la moqadma lui donne une ceinture verte qu’elle doit constamment porter. Avant de s’en aller, elle laisse des présents à la sainte. Si la femme tombe enceinte, elle revient avec des présents plus importants et rend la ceinture ; dans le cas contraire, elle peut revenir et recommencer l’opération si elle le désire.
Lalla Aïcha El Bahriya est aussi, selon les croyances, la sainte marieuse. Elle appelle donc, selon l’imaginaire populaire, au devoir de la visite, celles et ceux qui ne parviennent pas à se marier, qui ne parviennent pas à s’affranchir du célibat. Lalla Aïcha aurait le don de désenvoûter, de libérer les emmurés de la vie séparée…
Notre société tolère mal la vie des femmes restées longtemps célibataires. L’espoir de la vie en couple les presse constamment, les enchaîne alors aux rituels millénaires : offrir des bougies, faire don d’argent aux gardiens du sanctuaire puis murmurer des vœux près du tombeau de la sainte sacrée, se laver à l’eau purificatrice des environs ou transcrire avec du henné, sur le mur blanc de l’enceinte, son prénom et celui de l’être aimé et espéré. Le destin s’occupera du reste. Il faut croire, abandonner son sort, avoir la foi, aime-t-on répéter ici : sans foi, rien n’est possible. Auprès du sanctuaire se rangent, par dizaines, des voyantes et des fkihs pour offrir leurs services. Des femmes jeunes et âgées les entourent assises dans une grande résignation et soumission. Lalla Aïcha El Bahriya est aussi réputée pour guérir du Tqaf. Mais en réalité, tous ces soi-disant miracles ne sont que des actes ignobles de charlatanisme, d’escroquerie et qui peuvent vous jeter sataniquement dans le gouffre de la non croyance en Dieu le Tout Puissant.
Plus loin, autre lieu, autre saint. Moulay Bouchaïb défie par son Minaret l’ondulation éternelle de l’océan. Des milliers de personnes de toute condition socio-professionnelle y accourent. Des rituels en tout genre s’y pratiquent. Toutefois, le scénario reste le même : l’investigation du mal et le désenvoûtement. Les hommes s’approchent furtivement, une véritable procession de femmes s’accrochent au catafalque. D’autres se bousculent à l’entrée de la « chambre des supplications ». Dans l’imaginaire populaire, Moulay Bouchaïb est un saint dont la baraka est souvent synonyme de fertilité. C’est pourquoi, chez certaines personnes, Moulay Bouchaïb est « Âttaye lâazzara » (donneurs de garçons). Ainsi, selon ces croyances, partir seul et amoureux, c’est l’enfer pour les couples en mal d’enfants, le voyage est fertile. Malheureusement, non loin du sanctuaire de Moulay Bouchaïb Erreddad Assariya, on y pratique toute sorte de débauche loin de tout contrôle répressif et malheureusement au su de tout le monde.
L’imaginaire populaire marocain
La légende des deux amoureux, Moulay Bouchaïb et Lalla Aïcha El Bahriya est un symbole parfait du sacré et du mystique dans l’imaginaire populaire marocain. L’histoire des deux amoureux est celle d’un destin incompris, d’un amour impossible. Ainsi, selon la légende, les larmes qui n’avaient pas réussi à tarir les deux cœurs meurtris avaient réussi à remplir un fleuve, Oum Rebia, le fleuve le plus légendaire du Maroc.
Cependant, il faut signaler que ces deux Saints n’ont jamais prétendu durant leur vie qu’ils guérissent du Tqaf et de la stérilité ou qu’ils “donnent des garçons”. Loin de là, ses deux saints savaient bel et bien que l’Islam bannit ces genres de croyances car leurs pratiquants perdent la foi en Dieu le Tout Puissant. En plus, ceux qui demandent secours aux saints, morts ou vivants, n’ont aucune différence, du point de vue mentalité et quotient mental, des membres des tribus primitives des forêts de l’Afrique Noire. Il est regrettable que ces deux saints soient devenus synonyme de superstition et autres pratiques immorales. Et ce, devant le mutisme absolu et l’indifférence totale des responsables.