Clôture en apothéose du festival de la
fauconnerie de Zaouiat Lekouassems
À 50 km d’El Jadida, au douar Smaâla, dans la commune rurale Lekouassems à Ouled Frej, l’ancestrale tribu de Lekouassems continue de faire perdurer un art oublié de tous. Et si l’on parle de la fauconnerie, tout le monde, petits et grands, plébéiens et ou aristocrates, est charmé par cet art royal et sacré. Et si l’origine de la fauconnerie demeure inconnue, on peut néanmoins affirmer qu’elle orientale et qu’étant intrinsèquement liée à la chasse, et par conséquent au désir de se nourrir. Donc, elle doit remonter à la nuit des temps.
La pratique de la fauconnerie a été en vogues durant des siècles dans tous les continents en étant liée aux noblesses orientales et occidentales qui ont su l’entretenir avec beaucoup de faste avant qu’elle ne tombe dans la désuète.
Mais si la chasse au faucon a su réunir autant de fervents admirateurs, c’est parce qu’elle revêt un caractère sacré. D’ailleurs, le terme arabe « sakr », qui signifie faucon, se rapproche du mot « sacré », et le faucon sacré est l’une des espèces les plus prisées pour la volerie au Maroc.
Oui ! Au Maroc, seule l’ancienne tribu Lekouassems (douar Smaâla) cultive cet art chevaleresque de la fauconnerie. D’ailleurs bienveillants, ces fauconniers perpétuent cette tradition de père en fils depuis des siècles, à l’instar de leurs aïeux. C’est pourquoi chaque fois, le grand maitre fauconnier, Mohammed El Ghazouani, président de l’Association des Fauconniers Lekouassems d’Ouled Frej, répète sans cesse avec fierté : « La fauconnerie ne s’offre qu’à ceux qui la mérite et savent l’apprécier. ».
Ce dernier s’est démené avec beaucoup d’abnégation pour que les fauconniers Lekouassems d’Ouled Frej aient leur festival pour honorer en quelque sorte leurs aïeuls qui leur ont légué cet art si noble. Évidemment, son cri du cœur a été entendu.
Ainsi, l’idée d’organiser un Festival de la fauconnerie pour donner une nouvelle dynamique à cette tradition ancestrale a été signée Mouâad El Jamaï, gouverneur de la province d’El Jadida. Saisissant l’importance capitale que revêt ce patrimoine singulier tant pour le développement humain de la zone rurale concernée que pour la promotion touristique de la Région, le gouverneur de la province d’El Jadida n’a pas manqué de s’engager corps et âme pour que ce rendez-vous annuel soit un événement phare qui dynamise cette région rurale d’Ouled Frej. Et ce, en s’impliquant fortement afin de donner corps à cette manifestation exceptionnelle qui est actuellement à sa troisième édition et qui harmonise l’Histoire, le patrimoine, la culture et les traditions.
Et, en veillant à l’organisation de ce troisième Festival de la fauconnerie, les initiateurs de cet événement, notamment le chercheur en patrimoine populaire doukkali, Driss Lamrabet et Mohammed El Ghazouani, le président de l’Association des fauconniers Lekouassems ne se sont pas limité à la production du spectacle. Ils se sont bel et bien impliqués dans la réécriture d’une ancienne et belle histoire. L’histoire d’un patrimoine que les nouvelles générations doivent comprendre et s’enorgueillir. Celle d’un fabuleux épisode de notre civilisation, dont la tribu des Chorfas Lekouassems a su préserver l’essentiel malgré tous les aléas et les risques de l’oubli.
Cet évènement, qui a été présidé par le wali de la région de Doukkala-Abda, gouverneur de la province de Safi, Abdelfattah Bjioui, accompagné de M.M Mouâad El Jamaï, gouverneur de la province d’El Jadida et Mustapha Draiss, gouverneur de la province de Sidi Bennour, a été rehaussé par la présence de M.M Abdellah Alaoui, Directeur du patrimoine culturel marocain et le docteur Adrian Lombard , président l’Association Internationale de la Fauconnerie et la Conservation des Oiseaux de Proie (IAF). Il a aussi connu la participation de passionnés de cet art venus du Golfe arabo-persique dont notamment la grande délégation des Emirats arabes Unis, avec à sa tête M. Abid Al Mazroui une délégation Qatarienne, conduite par M. Ali Bin Khatem Al Mihshadi, président de l’Association Al Gannas Al Gatari.
Ainsi, outres les spectacles de chasse au faucon, rythmés par de la musique traditionnelle marocaine, qui ont été la pièce maitresse de cette manifestation inter-arabe, plusieurs autres activités ont pris place pendant les trois jours, toutes célébrant le faucon. Et ce, en plus d’expositions de fauconnerie, de deux compétitions artistiques de jeunes plasticiens débutants et de plasticiens confirmés autour du thème du faucon, une compétition d’œuvres photographiques autour du même thème, en plus de spectacles de fantasia et d’une course de sloughis. Plusieurs troupes de musique traditionnelle marocaine ont aussi pris part aux festivités, dont Tagada, groupe Zoubayri de l’Aïta Haouzia, Abidate R’ma Siada, Ouled Benagida, groupe d’arts populaires d’Ouled Frej et la troupe Lalla Manana représentant la Hadra soufie de Larache.
Pour sa part, Driss Lamrabet a déclaré que «la fauconnerie constitue une part majeure du patrimoine culturel des Chorfas Lekouassems. Elle est profondément enracinée dans la tribu et transmise de génération en génération. Le troisième Festival de la fauconnerie est une manière d’honorer les valeurs de loyauté, de courage et de persévérance. Il est aussi un évènement capital, pour Lekouassems en particulier et pour le Maroc en général. C’est aussi une grande occasion de mettre en valeur le patrimoine culturel et les arts populaires doukkalis.».
Quant à Mohammed El Ghazouani, président de l’Association des fauconniers Lekouassems, il a souligné que «la fauconnerie dans les Doukkala est le socle d’un patrimoine culturel plus large, qui inclut des costumes traditionnels, une alimentation, des chants, de la musique, de la poésie et des danses. Pour cette édition, un grand nombre de fauconniers venus des Émirats arabes unis, et du Qatar ont participé à cet événement, car nous avons voulu que le festival de cette année soit une occasion de promouvoir le dialogue et d’élaborer une compréhension mutuelle des cultures des fauconniers arabes, grâce à l’amour partagé pour la fauconnerie.».
Notons que M. Abdellah Alaoui, Directeur du patrimoine culturel marocain a annoncé qu’il est prévu la création d’un centre national dans la commune rurale de Zaouiat Lekouassems dédié à la fauconnerie.
Notons à la fin que, malgré quelques imperfections et quelques défaillances dans l’organisation, la programmation et le son à des moments clés des spectacles, les organisateurs ont vu les choses en grand et se sont rattrapés lors de la cérémonie de clôture qui s’est illustrée par un programme riche et varié. À tel point que tout le monde était unanime pour l’évoquer et surtout cet engouement du public qui est venu de tous les coins du Maroc. Donc, c’est une belle réussite pour cette troisième édition et le mérite revient en premier lieu aux organisateurs, dont notamment Driss Lamrabet et Abderrahmane Âriss, à l’Association provinciale des affaires culturelles, à l’Association des fauconniers Lekouassems d’Ouled Frej, aux agents de la Gendarmerie Royale et à la préfecture d’El Jadida qui n’ont pas lésiné sur les moyens.