Très jeune, El Houssine Jdidi a pratiqué la boxe, à Mazagan (El Jadida), dans les halkas qui se situaient dans des places comme celle qui était en face du Mellah. C’est donc par la « Halka » que le jeune mazaganais El Houssine Ben Ali, surnommé Dbayeb, a découvert la boxe. Et comme la boxe moderne a été introduite au Maroc par le protectorat, Casablanca, dans les années 30, émerveillait le jeune boxeur jdidi en quête de célébrité. Et c’est à Mers Sultan qu’il entamait sa carrière de boxeur.
El Houssine Jdidi était très bon sur le plan technique. Sa défensive était vraiment superbe. La vitesse de ses mains et son jeu de pieds ont été ce qu’il y a de plus rapide. Il avait un style différent, bien évidemment, mais ses mains et ses pieds étaient très rapides. Les mouvements de son haut du corps étaient aussi très beaux. Il était vraiment très dur à toucher.
Il cherchait son chemin, attendant quelque chose qu’il sentait arriver, qui lui semblait imminent. C’était le titre de champion d’Afrique du Nord de la boxe professionnelle, poids super- moyens, et mi-lourds (1928-1930).
En 1929, dans la capitale Algérienne, El Houssine, opposé au français, Eugène Criqui, surnommé « Gueule de fer », n’a pas attendu longtemps pour remporter son combat par knockout (KO) grâce au punch de son coup droit. Hué, sifflé et traité de mauviette, El Houssine s’exhiba nu sur le ring. Ce qui lui à causé des problèmes avec les autorités coloniales en Algérie.
El Houssine Jdidi avait sur le cou et le bras droit « un hilal » (croissant), accompagné du mot « Maroc » qu’il s’est fait tatouer à Azemmour. Ce tatouage constitue, pour lui, un instrument de marquage identitaire fonctionnant comme de véritables stigmates dont le choix n’est nullement accidentel. Ainsi, sur le ring, ce marquage identitaire, dans sa volonté, signifiait son ancrage culturel pour marquer sa différence par rapport aux occidentaux. Il était, à ses yeux, un signe culturel plutôt qu’un élément du culte comme le serait la croix tatouée sur le corps de certains boxeurs européens. Car El Houssine ne pouvait rester indifférent à l’occupation française. Il n’acceptait pas les idées des colons.
À partir de 1930, il s’est lié d’amitié avec Marcel Cerdan grâce à son ami Lucien Roupp et devint le premier entraîneur professionnel du bombardier marocain, Marcel Cerdan. En un an, Marcel Cerdan, entraîné par El Houssine, a remporté 46 victoires dans des combats disputés en 10 reprises.
En 1937 et 1938, à Paris, le Team Marocain de Lucien Roupp, composé de Cerdan, El Houssine, Abbad, Belaïd, Belkheïr, Pintard, Buratti, enleva le challenge de la meilleure écurie organisée par le journal “L’auto”.
À noter aussi qu’au café des Sports à Mazagan, El Houssine et Marcel Cerdan retrouvaient leurs amis intimes, auxquels se mêlaient les gens élégants désireux de rencontrer ces deux légendes marocaines.
Après le décès de son ami intime, Marcel Cerdan, El Houssine s’est installé à Tanger où il a formé plusieurs pugilistes marocains.
Après son retour définitif à El Jadida, El Houssine effleurait avec peine ses problèmes personnels, sa déchéance, sa descente aux enfers. El Houssine, était oublié, démuni, se débattant seul contre la maladie.
«Aucune visite, même pas des propos consolants», regrette-t-il les larmes aux yeux nous a déclaré en 1994.
Abandonné à son triste sort, après sa grave maladie, El Houssine, est décédé, à El Jadida, en 1996. Ainsi, le défunt, qui a voué toute sa vie au service de la boxe marocaine, a disparu dans l’anonymat total. El Houssine Dbayeb, grande figure marocaine de la résistance Anticoloniale par le sport, suscite un grand intérêt puisqu’il a été en grande partie ignoré même dans sa ville natale, El Jadida.
Pour l’histoire, ce faiseur de champions se retrouvait sur le ring, d’abord, comme boxeur, à partir de 1924 avec le Racing club du Maroc, puis chez Lucien Roupp, puis derrière les cordes ou aux côtés de champions qu’il a accompagnés, guidés, conseillés.