De grâce, arrêtez vos processus de démystification !
N’insultez plus l’Histoire de notre Difaâ, ne démystifiez plus son passé ni celui de tous ces Hommes qui avaient combattu dignement et sur tous les fronts pour que le Difaâ tant chère à notre cœur, puisse garder son âme tranquille et ses souvenirs immaculés. Le mot « Difaâ » était très important aux yeux de ses fondateurs et représentait le symbole de l’identité marocaine d’El Jadida.
En laissant le Difaâ patauger dans la boue, c’est tuer une deuxième fois tant de jeunes du quartier «Sfa» et autres que l’administration du protectorat qualifiait de rebelles pour ne pas dire résistants en leur menant la vie dure tout bonnement parce qu’ils essayaient de créer une équipe proprement Marocaine du nom de Difaâ (Un mot à connotation de résistance), dont les jeunes d’autrefois ne s’en cachaient nullement, aidés en cela par quelques Français libéraux. Car le Difaâ a incarné dès le départ un acte de résistance silencieux contre la colonisation française.
Jeter le Difaâ au fond du lac serait un crime de mémoire envers tous ces anciens qui voyaient dans le Football de cette époque une échappatoire vers la liberté et surtout un ingénieux moyen pour la mobilisation et la solidarité des citoyens.
Le Difaâ a été créé par Ssi Lâarbi Bacle, Ssi Mustapha Bencherki et autres pour permettre aux jeunes Jdidis de s’approprier l’outil sportif pour en faire un vecteur de nationalisme et de patriotisme au temps où les colons voulaient l’employer comme outil de domination. Alors de grâce, arrêtez de gérer le Difaâ avec absence d’innovation tout en étant trop directif ; ce qui nuit au passé glorieux de cette école de nationalisme, de patriotisme et de la fierté.
Historique du club DHJ
Pendant la période du protectorat et jusqu’à l’indépendance du Maroc, le sport en général et le football en particulier faisait partie des activités réservées en priorité aux européens essentiellement Français et Espagnols ! Il leur revenait de créer, gérer et diriger les clubs. Les ligues et en général toute association. Néanmoins pour renforcer leurs effectifs, ils étaient obligés de faire appel à quelques « indigènes » dont les qualités et les performances se sont avérées exceptionnelles. À Mazagan, puisque c’était le nom d’El Jadida, le Sporting Club Mazagan (S.C.M), section Football, qui a toujours fait partie de l’élite, avait les caractéristiques suivantes :
-Couleurs : maillot bleu, short blanc, et bas rouge
-Président : Yvars (policier de sinistre mémoire), entraîneur et homme à tout faire
-Stade : le terrain de l’actuel lycée Ibn Khaldoun jusqu’au début des années 50 puis le stade Archambault, l’actuel stade El Abdi
-Effectif : les familles Rizzo, Jacquety, Chatillon fournissaient l’essentiel des joueurs européens. Les Marocains étaient recrutés parmi les pratiquants de la plage : Gharbaoui, Mahjoub (père de Yakdani), Chriqui, Bouâlam, Belhaj, Kadmiri, Berto, Haj Kamel, Nino Levy et plus tard Samame, Si Khlifa, Haj Salah, Zoufri, Lâabdi ….
Les compétitions étaient organisées par la ligue du Maroc qui dépendait directement de la Fédération Française de Football (F.F.F).
Le championnat se jouait en 2 divisions – Honneur et Pré-honneur. Les clubs participaient également à la coupe d’Afrique du Nord.
Vers la fin des années 40, et plus précisément en 1946, une poignée de jeunes marocains Jdidis issus de toutes les classes sociales, d’un niveau intellectuel très appréciable pour l’époque, parfaitement bilingues et dont le patriotisme n’avait d’égal que leur confiance dans l’avenir du pays, ont tenu une réunion au café Rahmani (près de l’actuelle gare routière) pour créer le Difâa et organiser un championnat local ouvert à toutes les équipes de la ville qui pratiquaient alors le Football, les vendredis entre le Casino et l’enceinte du port (plage).
Les équipes organisées par quartiers : Sfa, Derb Ghalef, Kalâa, Somic, Derb El Hajjar, Derb Touil, Sidi Daoui… avaient pour objectif de remporter le championnat local.
Les équipes les plus en vue à cette époque sont le Difâa, le Hassania, le Hilal, le Nejm, le Hayat, le Youssoufia …C’était l’époque où l’on guettait la marée basse pour tracer les terrains afin de jouer pieds nus, un Football très spectaculaire qu’une partie du public suivait à partir du fameux pont du Casino.
Mais, les responsables du Difaâ : Benchaâ, Belârbi, Dahchi, Mustapha Bencherki, impressionnés par l’exemple et les résultats du WAC, seul club à 100 /100 marocain à l’exception d’un certain Gomez, et fort du soutien de la population ont décidé de franchir le Rubicon en entamant les démarches pour engager leur équipe dans le championnat de la ligue du Maroc.
N’ayant pas réussi à trouver une entente avec les responsables du Difaâ, Frédéric Weisgerber, contrôleur civil et chef de circonscription de Mazagan et le policier criminel Fernand Yvars, président du Sporting Club Mazagan (S.C.M), ont décidé de mettre toutes les entraves devant les dirigeants du Difâa. Dans ce contexte, Ssi Mustapha Bencherki a été plusieurs fois convoqué au commissariat de police pour des séances d’interrogatoire musclées.
Lors de son dernier interrogatoire, le policier criminel Fernand Yvars, chef des services de renseignements, lui a tenu ce langage : «Tu dois adhérer à la cause de la première équipe de la ville, le Sporting Club Mazagan. Crois-tu que la ligue du Maroc va accepter le dossier du Difaâ Club Africain ?». Et Ssi Mustapha Bencherki de lui répondre sèchement au sein même du commissariat : «Vous vous trompez, Monsieur Yvars, c’est moi qui ai obligation en premier de militer pour la cause du Difaâ Club Africain en donnant l’exemple de mon attachement à mes collègues… ».
Poursuivant son interrogatoire, il lui pose la question suivante : «Ce n’est pas cette réponse que j’attendais, je te demande si tu acceptes d’être vice- président du Sporting Club Mazagan.». Ssi Mustapha Bencherki répond : «Jamais de la vie ! J’ai le droit de prendre cause pour le Difaâ». A cette réponse, le policier criminel Fernand Yvars, fou de rage, se lève promptement, lui dit : «Je vais passer aux actes les plus terribles ». Ssi Mustapha Bencherki a rétorqué en osant tenir des propos outranciers devant le chef de l’instance policière : «Sachez que vous avez en face de vous un homme qui respecte la loi et non un criminel et que si vous passez aux actes les plus terribles, je vous poursuivrez devant la justice. Votre vie professionnelle dépend de la mienne, à vous de réfléchir !».
Prenant au sérieux les menaces proférées, Frédéric Weisgerber, contrôleur civil et chef de circonscription de Mazagan, qui était à la veille de sa sortie en retraite, le libère illico presto.
À signaler que Ssi Mustapha Bencherki a toujours refusé d’être sous les lumières des projecteurs. Son vœu a été respecté par tous les membres de sa famille jusqu’à l’annonce de sa mort le mardi 18 décembre 2012.
Quant à Ssi Lâarbi Bacle, il a été atrocement torturé. Puis attaché aux pieds et mis à terre, il a été traîné sur une longue distance le long d’une corde par une jeep Land Rover sur un terrain caillouteux près du camp militaire “Requiston», lui causant sur tout le corps des plaies profondes, et ceci afin d’exercer auprès des autres membres du Difaâ un effet dissuasif.
De même, plusieurs membres du Difaâ Club Africain ont subi les plus dures humiliations. Leurs tortionnaires, sans états d’âme, se sont évertués des jours durant à redoubler d’agressivité pour punir tous ceux qui ont osé défier le système imposé et dit non à la répression du policier criminel Fernand Yvars, président du Sporting Club Mazagan et oui pour un Difaâ Club Africain libre et indépendant. Cependant, les responsables du Difaâ, avec courage et force de caractère, ont enduré cette épreuve avant que Frédéric Weisgerber, contrôleur civil et chef de circonscription de Mazagan ne leur donne avec réserve le récépissé de déclaration de l’association du Difaâ Club Africain (D.C.A).
Le club adopta le nom du Difaâ Club Africain (D.C.A), le vert et blanc ont été choisis comme couleur, et des démarches pour l’acquisition d’un terrain d’entraînement étaient très avancées du côté de Sidi moussa. Car la municipalité de l’époque avait réservé le stade Archambault pour la seule équipe du S.C.M. L’effectif était composé de Hansali, Mahjoub, Moulay saïd, Tijani, Boumelha, Benchaâ, Belâzri Omar, Chtaïni, Mehdi, abdallah, Gharbi, abderrahim, ainsi que des jeunes dont un certain Abdelkbir Khatibi avec les Chiadmi, Harkati, Bencherki …
Afin d’empêcher la création de cette association considérée à juste titre comme un symbole de l’émancipation de la jeunesse marocaine et sous la pression des autorités coloniales (Frédéric Weisgerber, contrôleur civil et chef de circonscription de Mazagan et le policier criminel Fernand Yvars, président du Sporting Club Mazagan (S.C.M)) ont incité la ligue du Maroc à poser des conditions inacceptables: Le président doit être Européen- Au moins 6 joueurs doivent être de « souche » européenne- Le changement de la couleur du club- Élimination du mot :club Africain du nom de l’association Difaâ Club Africain (D.C.A).
Devant ces conditions draconiennes, les responsables du Difaâ, parmi les quels Hassan Benchaâ, Belârbi et Mustapha Bencherki étaient très actifs, prirent contact avec la F.F.F, qui après étude du dossier ordonna à la ligue du Maroc d’accepter l’engagement du Difaâ en championnat pré-honneur pour la saison sportive 1953-1954 selon le modus vivendi suivant: – La présidence a été confiée à Monsieur Charles Frappart, un français libéral (comme on les appelait à l’époque : anticolonial) et qui était instituteur à l’école des fils des notables (l’actuel Collège Lalla Meryem).
– Les joueurs pouvaient être à 100/100 marocains- Le vert et blanc a été maintenu comme couleur de l’équipe-Le DCA devenait : le Difaâ Club Athletic au lieu d’Africain.
Ayant donc réussi son examen le Difaâ ou DCA commença la préparation de la saison sportive et plusieurs joueurs du Sporting ont commencé à rallier le Difaâ entre autres le gardien de but Mahjoub et l’avant-centre Chtaïni …Cela ne va pas durer longtemps.
Le 20 Août 1953, la résidence en la personne du Général Guillaume dépose le sultan Mohammed V et le remplace par son cousin Ibn Arafa. Et, comme le sultan Mohammed V est déporté en Corse puis à Madagascar, plus personne ne pensait au football, le seul objectifs des Marocains était : Le retour du Sultan Sidi Mohamed Ben Youssef sur le Trône de ses Glorieux Ancêtres.
Ainsi, le Difaâ s’est mis en « sommeil ». Et, en 1955, les Marocains unanimes ont fêté chacun à sa façon le retour de Sidi Mohamed Ben Youssef …Le Difaâ organisa des journées mémorables au quartier Sfaa chez Driss Âdmoune et au café Rahmani. Le 16/17/18 novembre 1955, à la fin des festivités, au café Rahmani, il a été décidé de réactiver le D.C.A. Parallèlement à ces événements, d’autres Jdidis du Hassania ont récupéré les joueurs du Sporting.
Les dirigeants du Difaâ et du Hassania, qui ont eu toujours des relations très fraternelles, ont décidé de fusionner le Hassania avec le Difaâ pour créer le Difaâ Hassani Athletic Club, et ce en décembre 1955. L’assemblée générale officielle de cette fusion a été tenue le 6 juin 1956. Cette équipe a été engagée dans la ligue libre nouvellement créée et qui s’apprêtait à prendre la place de la ligue du Maroc pour devenir en 1956, après l’indépendance, la Fédération Royale Marocaine de Football (F.R.M.F).
La nouvelle équipe adopta comme première couleur, le vert et blanc couleur du Difaâ, et comme deuxième couleur, le rouge et noir couleur du Hassania.
La présidence du club a été confiée au Feu Monsieur Driss Âdmoune, ex-employé de l’Office Chérifien des Phosphates (OCP), le secrétaire général à Moundib Mohamed, le trésorier était Haj Zaki, les autres membres étaient : Znibi, Dahchi, Tarik Mustapha, Si Rahal.
Le Difaâ Hassani Athletic Club (DHAC) a participé au premier championnat national de la 1ère division après l’Indépendance, et ce après des matchs éliminatoires joués contre l’USM (1er tour : 6-1), le Barid de Casablanca (2ème tour : 1-0), le RCOZ d’Oued Zem (3ème tour : 1-1 ; 1-1 et 3-0) et l’ASDM de Meknès (4ème tour : 2-1).
En 1960, le club quitte l’élite. Il devient, au temps du sadique Oufkir, un club de police sous le nom ASPDH. Mais, grâce aux grands efforts de feu Lyazid Chergui, président charismatique du club, le DHAC retrouve ses racines en 1963 et change de nom pour devenir Difaâ Hassani Jadidi (DHJ) qui retrouve la cour des grands en 1966, au terme d’un match de barrage mémorable disputé au stade Philip de Casablanca face au Youssoufia de Rabat. Et c’est grâce à Ssi Lyazid que le DHJ a connu son âge d’or (1963-1974). Voilà pourquoi feu Ssi Lyazid Chergui est considéré comme le père spirituel du DHJ.
Parmi les personnes qui ont été présidents du Difaâ, nous citons Lâarbi Bacle, Charles Frappart, Driss Âdmoune, Abdellah Znibi, Ahmed Kamel, Taoufik Brahim, Lyazid Chergui, Abderrahmane Benslimane, Driss Chakiri, Bouchaïb Lahlali, Mohammed Alaoui, Mohammed Feggane, Abderrahmane Kamel, Elmostafa Saâdaoui, Noureddine Kaïssoub, Elomstafa Antari, Abdellah Ettoumi, Mustapha Moundib, Saïd Kabil, …
À vrai dire, dévoiler quelques tronçons du parcours de ces vaillants présidents du Difaâ n’est ni plus ni moins qu’une reconnaissance symbolique à ces Grands Hommes qui ont tant donné au Football Jdidi.
D’autre part, ce récit permet donc de mieux cerner ces intrépides hommes qui ont porté le DHJ au cœur au temps de l’oppression coloniale et courageusement lutté et combattu avec tous les hommes de leur génération pour la libération du Maroc du joug colonial.
L’histoire retiendra donc que ces vaillants hommes, à l’image de Ssi Mustapha Bencherki et Ssi Lyazid Chergui, ont tout sacrifié pour le triomphe de la cause Difaâ, profondément convaincus dès la première heure de la justesse de leur combat. Les générations montantes devront s’inspirer de leur bravoure, de la grandeur de leur patriotisme et de leur implication et leur abnégation envers l’équipe du DHJ pour mesurer l’ampleur des sacrifices consentis par leurs aînés.
Alors, de grâce, ne démystifiez ni le passé glorieux du DHJ ni les sacrifices de ses Grands Ténors en collant comme une puce au Difaâ ce qualificatif de « mhaybila ». BASTA !!
La descente aux enfers
Après que le DHJ a remporté pour la première fois de son histoire «Coupe du Trône», saison 2012-2013, en battant en finale le Raja de Casablanca, tenant (0-0 après temps réglementaire et prolongations, 5 à 4 aux tirs au but) à Rabat, les fans du Difaâ ne comptent plus les ascenseurs émotionnels, ils vivent aux rythmes des hauts et des bas de leur club de cœur avec l’impression d’avancer dans le chariot d’une montagne russe pour aboutir à une saison cauchemardesque.
En proie à des difficultés financières récurrentes, ces déboires s’ajoutent à une saison sportive catastrophique 2022-2023, terminée à la dernière place de la Botola Pro 1, avec une relégation inédite. Les fans du DHJ ont été peinés par la relégation du club à l’échelon inférieur. Et un tollé général après la descente aux enfers ! Car il n’y avait que des mauvais choix qui ont été faits. Reste que les problèmes du DHJ ne sont pas seulement sportifs, dans les coulisses les choses ne sont pas plus reluisantes. Ce sont donc tous les échelons d’un club qui semblent vaciller, car le DHJ a fait une saison catastrophique sur tous les plans. Ainsi, le monument DHJ semble pouvoir s’effondrer… durablement.
Le DHJ, qui a toujours été un vivier de footballeurs, mérite mieux. Il est temps de rectifier le tir pour mieux faire. Une descente vers la catégorie des amateurs n’est pas la fin du monde, mais la mauvaise gestion et l’anarchie doivent être bannies pour laisser place à une politique de restructuration du club cher Ssi Mustapha Bencherki et Ssi Lâarbi Bacle.
Le DHJ, qui a été relégué en deuxième division suite à une gestion chaotique et les coups bas orchestrés par une soi-disant grande personnalité, est dans l’obligation de changer de stratégie pour redonner à la région des Doukkala l’équipe digne de l’histoire du DHJ. De grâce, rendez au DHJ son sourire !