Un acte sans précédent que celui effectué par le ministre de la Jeunesse et des Sports Mohammed Ouzzine en intervenant à la Chambre des Conseillers avant-hier mardi, quand il a lancé des accusations incendiaires pour expliquer ce qui s’est produit à la Fédération royale marocaine de football.

Le ministre a affirmé qu’il était prêt à déposer sa démission de ses fonctions s’il venait à être établi que le ministère endosse une quelconque responsabilité dans le rejet par la FIFA des résultats du vote de l’assemblée générale de la FRMF. Puis il s’est attaqué directement à Ali Fassi Fihri, qui reste donc comme chacun sait président de la Fédération. Ouzzine s’est ainsi interrogé sur les raisons qui ont fait que la FRMF n’adresse pas un exemplaire de ses statuts à la FIFA, malgré ses demandes répétées et insistantes.

En revanche, Ouzzine a révélé que ceux qui bénéficient d’un maintien de Fassi Fihri à la tête de la fédération ont inondé la FIFA sous les correspondances dénonçant l’intervention du ministère dans les affaires de la FRMF. Ce sont les mêmes qui, toujours selon Ouzzine, ont manipulé le serveur de la Fédération pour effacer toute trace des courriers de la FIFA, assurant que ces gens-là « ont vu rouge » car ils tiraient profit de la présence d’Ali Fassi Fihri à la présidence. Enfin, le ministre de la Jeunesse et des Sports a promis une enquête sur le sujet pour identifier les responsables de la manipulation du serveur, entre autres choses commises.

Les déclarations d’Ouzzine sont inhabituelles car elles n’émanent pas d’un journaliste, ou d’un supporter ou même d’un simple citoyen écœuré par les déconvenues à répétition du foot national et qui dans un moment de colère  aurait décidé de faire éclater l’abcès

 

Non, c’est le ministre de tutelle, en chair et en os, qui a dit ce qu’il a dit, et c’est pour cela que l’affaire est éminemment sérieuse.

Si les choses en sont arrivées au point de triturer le serveur de la FRMF et d’inciter des entreprises en charge de travaux pour la fédération de ne pas tenir leurs engagements pour le Mondial des clubs, alors cela signifie que nous n’avons plus en face de nous des responsables fédéraux en charge de gérer les affaires du foot national, mais bel et bien une bande criminelle, avec tout ce que cette expression veut dire. Il est donc important qu’une enquête soit ouverte, puis menée à son terme, afin d’identifier les coupables et de prononcer les sanctions adéquates. Ce sont en effet des actes qui relèvent du droit pénal, punis par la loi.

Dans cette affaire, Ouzzine a fait montre d’un courage certain en dévoilant ces faits. Nous formons le vœu pour que ce courage ne s’arrête pas en si bon chemin et qu’il conduise à une enquête sérieuse dont les résultats seraient publiés. Espérons que cela ne s’éteindra pas avec le passage du tsunami appelé FIFA.

Il a toujours été dit et redit que plusieurs personnes profitaient de la Fédération, et à leur tête le président Ali Fassi Fihri, puis un certain nombre de membres fédéraux en plus de fonctionnaires publics. Et la somme de 1,23 milliard de DH dépensée a très certainement suscité les convoitises des uns et des autres, justifiant à leurs yeux leur lutte âpre pour se maintenir en poste.