Profil : Ahmed Bouafi, le handballeur volant

Né il y a 71 ans au quartier Bouchrit à El Jadida, Ahmed Bouafi, contrairement à ses amis, a choisi le handball alors qu’à l’époque le football était fort prisé par les gosses de son âge.

« Il faut dire que c’est au collège des cours complémentaires que le virus du handball m’a été transmis. Notre professeur de gym, Laurence de son nom, était un féru de cette discipline et il a constitué une équipe où figuraient les Dahbi, Gonzales et bien d’autres. Nous jouions de nombreuses rencontres contre les équipes de Lycées et nous remportions souvent la victoire », se souvient Bouafi.

Au Lycée mixte d’El Jadida où Bouafi accédera, il poursuivra son ascension avant de s’imposer comme un gardien de grande classe au Mazagan universitaire club (MUC) puis à l’EJUC qui constituera l’une des meilleures équipes du Maroc à l’époque. « Face à des équipes comme le Stade marocain, le CODM, l’OCK, nous sortions des rencontres épiques et la salle des sports d’El Jadida affichait complet tous les dimanches matin ou samedis après-midi. C’était la belle époque du handball jdidi », confie Ahmed Bouafi qui sera vite repéré par les responsables de la sélection nationale lesquels firent appel à lui pour garder les bois de l’équipe du Maroc.

Il portera le maillot national au cours de nombreux matches face notamment à l’Espagne et à la France et prendra part aux Jeux panarabes de Casablanca en 1960.

A l’EJUC, il sera titulaire à part entière de 1956 à 1962.

« De gardien de but, il deviendra ailier droit et sera remarquable par son jeu cassé comme on dit en jargon handballistique », dit de lui son ancien compagnon Dahbi.

Transféré à Rabat, dans le cadre de son travail, Ahmed Bouafi jouera sous les couleurs du Stade marocain de 1962 à 1964 et remportera notamment le championnat du Maroc, avec le club rbati aux côtés de Burloz, Massadier et Fratani, entre autres. Il reviendra ensuite à El Jadida, où il endossera de nouveau le maillot de l’EJUC et ce, de 1964 à 1968.

Par la suite, Ahmed Bouafi ira jouer et entraîner le Wydad de Casablanca durant deux saisons (1968 à 1970) avant de retourner à son équipe de toujours l’EJUC où il terminera sa carrière de joueur.

« De 1970 à 1976, j’ai joué mes six dernières années en tant qu’handballeur et durant la saison 1970-71, on a disputé une finale de Coupe du Trône », se souvent Bouafi.

Par ailleurs, Ahmed Bouafi a embrassé la carrière d’arbitre international et ce, de 1961 à 1984 et, en tant que tel, il dirigera plusieurs rencontres maghrébines où il fut apprécié par son impartialité et sa rigueur. En tant que dirigeant, Bouafi a été vice-président de la Fédération Royale Marocaine de Handball en 1963, président de l’EJUC durant trois saisons, président de la section basket-ball de ce même club durant deux ans et trésorier du Difaâ Hassani d’El Jadida (section football) de 1977 à 1983.

« A l’époque de l’EJUC, c’était l’âge d’or du handball tant national que jdidi et une parfaite symbiose régnait entre les joueurs.

De nos jours, la discipline a régressé car les joueurs techniciens se font rares et les handballeurs de la trempe des Dahbi, Fofana, Hcine ou Aboukinane sont devenus une denrée rare pour ne pas dire inexistante », confie Ahmed Bouafi qui pense que le déclin de cette discipline est due essentiellement au manque d’organisation pyramidale, à la mauvaise gestion des clubs, aux infrastructures déficientes et au mauvais encadrement technique.

Retraité et père de quatre enfants, Ahmed Bouafi s’est retiré de la scène sportive et se consacre exclusivement à sa famille.

« J’ai assez bourlingué dans ma jeunesse et il était temps que je m¹occupe des miens qui ne me voyaient que très rarement alors que j’étais joueur, entraîneur ou dirigeant », conclut Bouafi.